Chaque mois, dans les 10 derniers jours, tout comme je le fais pour le cinéma (dans les 10 premiers) et comme je le fais pour la musique (vers le milieu), je vous parle littérature, trois passions qui sont miennes (comme le charme des Femmes).
Lire c'est un peu beaucoup mon métier (de traducteur) je considère à peine que c'est travailler. Je le fais constamment comme une seconde nature. Lire c'est plonger dans la tête de quelqu'un tout en s'ouvrant les sens.
Lire c'est respirer autrement et respirer, c'est vivre.
NINE STORIES de J.D. SALINGER
J'ai longtemps pensé que J.D. n'avait écrit qu'un livre. L'impact sur ma personne du Catcher in the Rye et la réclusion de l'auteur ont aidé à me faire croire qu'il en avait eu assez de cet immense succès.
C'était en partie vraie. Il visait LE gros livre sur lequel il pourrait vivre une bonne partie de sa vie, et il l'a réussi avec brio.
Deux ans après la publication de The Catcher in The Rye, plusieurs des nouvelles qu'on avait publiées principalement dans le New Yorker ou le Harper's entre 1948 et 1952, sont retravaillées, et sont condensées dans ce recueil en comprenant 9.
La première s'appelait d'abord The Bananafish. Et en janvier 1947, le New Yorker l'avait tant adorée qu'on avait mis Salinger sous contrat. Quand un an plus, tard, la nouvelle est publiée dans le New Yorker, elle s'appelle maintenant A Perfect Day For Bananafish for Fish Soup, après avoir un temps, été appelée A Fine Day for Bananafish. On y introduit le mariage de Seymour Glass et une errance sur une plage de la Floride, où il jase avec une jeune fille, un peu jalouse.
Cette nouvelle à elle seule change le statut littéraire de J.D. dans la communauté littéraire. La justesse du ton des dialogues, la psychologie fragilisée du jeune vétéran de la Guerre, l'inquiétude naturelle de l'épouse parlant avec sa mère au téléphone, en ouverture, la conclusion.
Dans Nine Stories, on ouvre avec cette parfaite nouvelle, et on fait tomber le for Fish Soup dans le titre.
La famille Glass sera des oeuvres futures de l'auteur. Multiples fragments d'un même cerveau fragilisé. (Glass=miroir).
Eloise est mariée à Lew mais amoureuse de Walt Glass, ce dernier, issu de la même famille que Seymour, de la première nouvelle. Uncle Wigglily In Connecticut met en scène exclusivement des Femmes. Eloise vire une brosse avec son amie divorcée, Mary Jane. Elle confesse son malheureux mariage et raconte sa relation passée avec Walt, parti à la guerre. Ramona, la fille d'Eloise, a un ami imaginaire, Jimmy. Ivres, les deux femmes lui disent que son ami Jimmy a été tué, écrasé par un autobus. Ramona se couche dans son lit, laissant encore un espace pour son ami imaginaire. On lui réexplique qu'il n'existe plus. Elle leur dit qu'elle l'a remplacé par un autre: Mickey. Eloise dérape. S'ennuie de celle qu'elle a déjà été.
On a trouvé de la symbolique chrétienne dans la nouvelle suivante: Just Before The War With The Eskimos. Il s'agit d'une nouvelle mettant en scène trois adolescents, deux jeunes filles et un jeune homme. Ginnie et Selena se chicanent sur le fait que Ginnie paie toujours le taxi qui les mène à l'école. Elle exige d'être remboursée. Pendant que Selena va chercher l'argent, elle fait la rencontre de son frère Franklyn. La poète et éditrice du New Yorker, Dorothy Parker avait alors dit de la nouvelle qu'elle avait été écrite avec intelligence, qu'elle était urbaine et absolument bien écrite. Que la nouvelle confondait celui/celle qui la lisait, tout en le/la séduisant.
Dans The Laughing Man est une histoire dans une histoire inspirée de L'Homme Qui Rit de Victor Hugo. Un narrateur non nommé raconte l'histoire du "chef" du club des Comanches dans lequel il été membre quand il avait 9 ans. Le Chef racontait l'histoire de l'homme qui riait, qui dressait de nombreux parallèles avec la vie du Chef. Il était enlaidi lui aussi, mais fort athlétique et racontait merveilleusement.
La relation du Chef avec une jeune fille Mary, s'introduit dans l'histoire qu'il raconte aux enfants de 9 ans. Avec une conclusion encore surprenante.
Down at the Dinghy fait fi de la classique misanthropie de JD, et l'explique peut-être un peu alors qu'il témoigne de son passage à la Seconde Grande Guerre et du traumatisme horrible de l'expérience, mais surtout de l'interdépendance entre frères, dont Boo Boo Glass Tanenbaum, un des membres clés de la famille Glass, et des références à Seymour et à un autre frère Webb "Buddy" Glass. Cette nouvelle contient beaucoup d'autobiographie. Bouleversant.
For Esmé-With Love & Squalor sera l'autre nouvelle pour laquelle il sera largement applaudi. La nouvelle raconte l'après-guerre d'un Sergeant X lui ressemblant beaucoup et de la possible guérison des stress post-traumatiques, des effondrements mentaux des moments peu glorieux de la guerre et de ses combats, toujours sales, de la fatigue morale qui accompagne le soldat revenu de l'enfer et de ce que les soldats endurent. Tout ça présenté sous forme de lettres à sa fiancée. Cette courte nouvelle sera considérée comme un mini chef d'oeuvre sur les effets de la guerre. Avec les dessins qu'on a fait de la nouvelle, et la description qu'on fait d'Esmé, on peut soupçonner la jeune Oona O'Neill, qui bouleversa tant JD, derrière le personnage.
Pretty Mouth & Green My Eyes est l'une de mes préférées car la nouvelle se moque de la réalité. On y trouve des aspects inexpliqués, absurdes, inexplicables, intéressants. De l'ordre de "Le dernier homme sur terre était dans la cuisine quand on cogna à la porte". Un homme reçoit l'appel d'un ami, troublé par la disparition de sa femme, et par la cause (il est avocat) qu'il vient de perdre. La suite est aussi surprenante qu'absurde. Déstablisant. J'aime beaucoup.
JD a travaillé De Daumier-Smith's Blue Period pendant plus de 5 mois. C'est l'Angleterre qui la publiera car jugée trop courte pour le complexe concept spirituel qu'il tente de souligner. John Smith revisite sa famille et son passé à la mort de sa mère. Smith devient un fraudeur identitaire se faisant passer pour un héritier de la famille d'Honoré Daumier et un confident de Picasso. L'action se déroule ironiquement, en partie à Verdun, arrondissement de Montréal. Où De Daumier-Smith est responsable des correspondances, croisant narcissisme, égoïsme, spiritualité et religion dans la creux mystique américain. Salinger se questionne sur la vie. Et son sens. Il aura deux épiphanies. On peut croire que JD plongeait davantage dans la mysanthropie à ce moment(1952).
Teddy est une série de vignettes inspirée de l'évangile du Sri Ramakrishna. Teddy est un enfant attachant qui nous introduit sur les concepts de base du zen, de ses bienfaits, et du vendata, une philosophie indienne astika.
10 ans plus tard, dans Raise the Roof Beam High, Carpenters and Seymour: An Introduction, une méditation "écrite" par le personnage (fictif) de Buddy Glass, sur son propre frère Seymour, Buddy clame être l'auteur de la nouvelle Teddy.
Schizophrénant.
Mais très pénétrante écriture.
Axée sur un rythme de dialogue suivant le flux de pensées et la spontanéité des discours, secouant régulièrement les conventions faciles.
Je serai à jamais un fan de Salinger.
Qui me fait nager dans toutes les eaux.
Je ne pouvais pas vous parler de The Catcher in the Rye pour la millième fois...
lundi 30 septembre 2019
dimanche 29 septembre 2019
Destitutions Pésidentielles Aux États-Unis
"I'll make you faceless"
-L.P.
La Chambre des États-Unis a destitué 62 fois des officiels politiques depuis 1789.
15 étaient des juges fédéraux, 13 des juges de district, un était juge d'appel, un travaillait comme assistant à la cour suprême, un était secrétaire de cabinet, un était sénateur.
Trois étaient présidents avant DJT, 2 ont été acquittés, l'autre à quitter avant la déconfiture, dans la honte nationale.
Revisitons.
Andrew Johnson, Février 1868.
Johnson n'était pas supposé être président. Il l'a été parce qu'il était vice-président. Il était celui d'Abraham Lincoln. Quand Lincoln est assassiné, il devient automatiquement président. Mais contrairement à Good Ol' Abe, Johnson est extrêmement ségrégationiste. Constamment, il implantera des lois restreignant les droits humains des gens à la peau noire. Johnson sera largement et consensuellement toujours considéré comme le pire des présidents des États-Unis.
Son secrétaire de guerre Edwin Stanton était un homme travaillant, mais difficile pour lui. Stanton freinait parfois ses impulsions racistes envers le Sud. Très publiquement, les deux ne s'entendaient pas facilement.
Johnson insistait pour diriger le mouvement de ses troupes dans le Sud.
Quand le sénat vote un acte de reconstruction privant le président de contrôle sur les troupes sudistes, Johnson limoge alors Stanton et un de ses commandants de district. Le général de l'armée Grant tente vainement de l'en dissuader. Quand le président Johnson donne à son secrétaire la lettre de renvoi à faire parvenir à Stanton, il refuse de la lui porter. Johnson le suspend, Grant le remplace temporairement tout en dirigeant l'armée. Stanton refuse de quitter son poste. On pense à destituer Johnson, ce qu'on avait déjà penser faire bien avant. Mais les Démocrates, en faveur du droit de vote pour les afro-américains, ont entretemps pris du gallon et ont distrait de l'idée de destitution.
On entame le processus de destitution le 5 mars 1868. Ça durera trois mois.
On accuse Johnson , en virant Stanton, de violer la Tenure of Act Law, devant protéger les employés de l'État dans le premier mois d'une nouvelle présidence.
Mais voilà, il ne s'agit pas du premier mois de la présidence d'Andrew Johnson. Mais il avait été nommé, et non élu. et la tenure of act protégeait les gens en place lorsqu'élu. Johnson avait le droit de ne pas s'en tenir à cette loi.
Néanmoins, il magouille et fait des promesses à certains sénateurs afin de ne pas être destitué. Il est si détesté, même par sa garde rapprochée, qu'il gagne sa cause par une seule voix.
Honni de tous quand même, il quittera son poste en mai.
Richard Nixon, juillet 1974.
On avait tout pour le destituer. Il était le pire des crooks. Jusqu'à Donald Trump.
Pompé d'orgueil, il a choisi de démissionner avant le déshonneur.
Déshonneur absolu qui le suivra jusqu'à la fin de ses jours de toute manière.
Bill Clinton, Décembre 1998.
4 ans avant, Paula Jones, le poursuit pour agressions sexuelles. Bill réussit à ralentir les accusations. Linda Tripp, 3 ans plus tard, commence à enregistrer les conversations qu'elle a avec Monica Lewinsky, ancienne stagiaire de la Maison-Blanche. Ça aidera Paula à bâtir sa cause, montrant un pattern d'agresseur. Clinton panique et demande à Monica de se débarrasser des cadeaux qu'il lui a donné, lui conseille de mentir et de ne pas oublier qu'il l'a aidé à trouver des emplois à son goût, après quelques séances à genoux.
En janvier 1998, il jure dans un dépôt légal "ne pas avoir eu de relations sexuelles"avec cette femme. Une fellation est-elle une relation sexuelle? Il nie aussi avoir été seul dans une pièce avec elle. Il ment. Elle lui a fait des fellations à maintes reprises. Il admettra tout par la suite. La cause de Miss Jones s'effondre quand elle ne peut pas prouver les dommages causés. Elle va en appel et Bill fait taire tout ça en la payant 850 000$.
En revisitant l'enquête, on accuse Clinton de parjure, d'obstruction de la justice, dans la cadre des enquêtes sur les errances de son appareil sexuel. Suivant ce nuage moral Démocrate, le Républicain Newt Gingrich promet des gains d'au moins 30 nouveaux sièges en chambre, mais en Novembre, les Républicains n'en gagnent que 5. Gingrich démissionne. On continue toutefois les procédures de destitution, distraites par des bombardements en Irak. En décembre, il est formellement en mode de défense de destitution pleinement enregistrée.
On lui demandera si il s'agit d'un risque pour la population de le garder au pouvoir. Même si la réponse est "oui" pour toutes les Femmes, on jugera que non.
On conclu que mentir sous serment, bien que désagréable et à éviter, n'est pas si sérieux. Si vous êtes président, ça passera.
Il fallait les 2/3 des votes pour le destituer. Il en aurait fallu 67 en faveur. On a en obtenu 45 pour la parjure, et de 50 pour et 50 contre, dans l'accusation d'obstruction de la justice.
Bill ne sera pas destitué. Hillary est tout de même humiliée.
Sentiment qu'elle apprendra à revivre à maintes occasions.
Elle reste avec lui, pouvoir en main. Mais ils feront chambre à part par la suite.
Donald J. Trump n'a pas ce qu'il faut pour comprendre ce qu'il a fait auprès de l'Ukraine.
Mais il devrait s'en tirer, le Sénat étant majoritairement Républicains.
À moins que certains Républicains souhaitent aussi sa chute...
Pour le moment, ça en prendrait 9.
-L.P.
La Chambre des États-Unis a destitué 62 fois des officiels politiques depuis 1789.
15 étaient des juges fédéraux, 13 des juges de district, un était juge d'appel, un travaillait comme assistant à la cour suprême, un était secrétaire de cabinet, un était sénateur.
Trois étaient présidents avant DJT, 2 ont été acquittés, l'autre à quitter avant la déconfiture, dans la honte nationale.
Revisitons.
Andrew Johnson, Février 1868.
You gotta leave, Stanton |
Johnson n'était pas supposé être président. Il l'a été parce qu'il était vice-président. Il était celui d'Abraham Lincoln. Quand Lincoln est assassiné, il devient automatiquement président. Mais contrairement à Good Ol' Abe, Johnson est extrêmement ségrégationiste. Constamment, il implantera des lois restreignant les droits humains des gens à la peau noire. Johnson sera largement et consensuellement toujours considéré comme le pire des présidents des États-Unis.
Son secrétaire de guerre Edwin Stanton était un homme travaillant, mais difficile pour lui. Stanton freinait parfois ses impulsions racistes envers le Sud. Très publiquement, les deux ne s'entendaient pas facilement.
Johnson insistait pour diriger le mouvement de ses troupes dans le Sud.
Quand le sénat vote un acte de reconstruction privant le président de contrôle sur les troupes sudistes, Johnson limoge alors Stanton et un de ses commandants de district. Le général de l'armée Grant tente vainement de l'en dissuader. Quand le président Johnson donne à son secrétaire la lettre de renvoi à faire parvenir à Stanton, il refuse de la lui porter. Johnson le suspend, Grant le remplace temporairement tout en dirigeant l'armée. Stanton refuse de quitter son poste. On pense à destituer Johnson, ce qu'on avait déjà penser faire bien avant. Mais les Démocrates, en faveur du droit de vote pour les afro-américains, ont entretemps pris du gallon et ont distrait de l'idée de destitution.
Not leaving, bigot |
On entame le processus de destitution le 5 mars 1868. Ça durera trois mois.
On accuse Johnson , en virant Stanton, de violer la Tenure of Act Law, devant protéger les employés de l'État dans le premier mois d'une nouvelle présidence.
Mais voilà, il ne s'agit pas du premier mois de la présidence d'Andrew Johnson. Mais il avait été nommé, et non élu. et la tenure of act protégeait les gens en place lorsqu'élu. Johnson avait le droit de ne pas s'en tenir à cette loi.
Néanmoins, il magouille et fait des promesses à certains sénateurs afin de ne pas être destitué. Il est si détesté, même par sa garde rapprochée, qu'il gagne sa cause par une seule voix.
Honni de tous quand même, il quittera son poste en mai.
Richard Nixon, juillet 1974.
On avait tout pour le destituer. Il était le pire des crooks. Jusqu'à Donald Trump.
Pompé d'orgueil, il a choisi de démissionner avant le déshonneur.
Déshonneur absolu qui le suivra jusqu'à la fin de ses jours de toute manière.
Bill Clinton, Décembre 1998.
4 ans avant, Paula Jones, le poursuit pour agressions sexuelles. Bill réussit à ralentir les accusations. Linda Tripp, 3 ans plus tard, commence à enregistrer les conversations qu'elle a avec Monica Lewinsky, ancienne stagiaire de la Maison-Blanche. Ça aidera Paula à bâtir sa cause, montrant un pattern d'agresseur. Clinton panique et demande à Monica de se débarrasser des cadeaux qu'il lui a donné, lui conseille de mentir et de ne pas oublier qu'il l'a aidé à trouver des emplois à son goût, après quelques séances à genoux.
En janvier 1998, il jure dans un dépôt légal "ne pas avoir eu de relations sexuelles"avec cette femme. Une fellation est-elle une relation sexuelle? Il nie aussi avoir été seul dans une pièce avec elle. Il ment. Elle lui a fait des fellations à maintes reprises. Il admettra tout par la suite. La cause de Miss Jones s'effondre quand elle ne peut pas prouver les dommages causés. Elle va en appel et Bill fait taire tout ça en la payant 850 000$.
En revisitant l'enquête, on accuse Clinton de parjure, d'obstruction de la justice, dans la cadre des enquêtes sur les errances de son appareil sexuel. Suivant ce nuage moral Démocrate, le Républicain Newt Gingrich promet des gains d'au moins 30 nouveaux sièges en chambre, mais en Novembre, les Républicains n'en gagnent que 5. Gingrich démissionne. On continue toutefois les procédures de destitution, distraites par des bombardements en Irak. En décembre, il est formellement en mode de défense de destitution pleinement enregistrée.
On lui demandera si il s'agit d'un risque pour la population de le garder au pouvoir. Même si la réponse est "oui" pour toutes les Femmes, on jugera que non.
On conclu que mentir sous serment, bien que désagréable et à éviter, n'est pas si sérieux. Si vous êtes président, ça passera.
Il fallait les 2/3 des votes pour le destituer. Il en aurait fallu 67 en faveur. On a en obtenu 45 pour la parjure, et de 50 pour et 50 contre, dans l'accusation d'obstruction de la justice.
Bill ne sera pas destitué. Hillary est tout de même humiliée.
Sentiment qu'elle apprendra à revivre à maintes occasions.
Elle reste avec lui, pouvoir en main. Mais ils feront chambre à part par la suite.
Donald J. Trump n'a pas ce qu'il faut pour comprendre ce qu'il a fait auprès de l'Ukraine.
Mais il devrait s'en tirer, le Sénat étant majoritairement Républicains.
À moins que certains Républicains souhaitent aussi sa chute...
Pour le moment, ça en prendrait 9.
samedi 28 septembre 2019
La Ligne d'Aide Greta Thunberg
"Bonjour, je suis un homme d'âge mur avec un problème un peu gênant. Je deviens en colère de manière irrationnelle face à une adolescente suédoise voulant sauver la planète.
Mais HEUREUSEMENT, il y a maintenant de l'aide pour des gens comme moi!"
Si vous être un adulte d'âge mur qui ressentez le besoin de crier, d'insulter ou d'intimider une enfant de 16 ans qui vous est inconnue, quelque soit la raison, la Ligne d'Aide Greta Thunberg est là pour vous tolérer quelques instants.
"Bonjour, vous avez appelé la Ligne d'Aide Greta Thunberg!"
"Elle ne fait que ressentir de la très forte anxiété. Elle nous fait ressentir la fin du monde, comme si c'était...la fin du monde!"
"Bonjour, vous avez appelé la Ligne d'Aide Greta Thunberg!"
"Cette charade est allée trop loin. On la voit maintenant parler à un podium devant un faux parquet de l'ONU!"
"Monsieur, il s'agissait véritablement de l'Organisation des Nations Unies."
"OH! et vous allez maintenant me dire que la terre est ronde!"
Avant de fixer vos lettres majuscules sur votre clavier et vous diriger vers une section de commentaires, laissez nous vous guider vers nos experts conseillers, capables de gérer la situation.
"Bonjour, vous avez appelé la Ligne d'Aide Greta Thunberg! je n'ai besoin que de vous poser quelques petites questions avant de commencer: Est-ce que votre photo de profil Twitter est un oeuf?"
"Oui, mais je n'ai pas de bonnes photos de ma face!"
Nous écouterons, même si le ridicule de vos propos nous épuisera peu à peu. Mais quel travail n'épuise pas un peu? Nous sommes des professionnels.
"Si elle est si soucieuse de l'énergie renouvelable, pourquoi ne porte-elle pas ces casquettes avec une palette à l'énergie solaire?"
"Bonjour, vous avez appelé la Ligne d'Aide Greta Thunberg!"
"Ils disaient sur Rotten Tomatoes que ce film était une comédie!, Ladybird! je n'ai pas ri une maudite fois!"
"Monsieur...je crois que vous vouliez appelez la Ligne d'Aide Greta Gerwig"
"99% sur Rotten Tomatoes, 99%!"
"Les gens se trompent parfois, je vous transfère..."
Nous comprenons que des enfants se comportant en adultes peut parfois faire en sorte que des adultes se comportent en enfant. Les États-Unis ont ce type de président.
"Bonjour, vous avez appelé la Ligne d'Aide Greta Thunberg!"
"Je crois que si je suis vraiment honnête, je ne suis que jalouse qu'elle ait des croisières gratuites jusqu'en Amérique du Nord!"
"Laissez moi vous corriger, si vous me le permettez, ce n'est jamais une croisière, mais un voilier privé qui nous l'amène. Elle le conduisait parfois elle-même"
"Bonjour, vous avez appelé la Ligne d'Aide Greta Thunberg!"
"Pourquoi a-t-elle le droit de faire un fist bump à Barack Obama, tandis que moi, je n'ai jamais réussi à l'approcher!"
"Avez vous considéré partir votre propre cause significative globalement?"
"C'est tellement plus simple de chier sur la tête des autres, pourquoi m'astreindre à ça?"
"Bonjour, vous avez appelé la Ligne d'Aide Greta Thunberg!"
"On ne devrait pas écouter une enfant, on devrait écouter un expert"
"Maxime, tu ne les écoutes pas les experts, et Greta ne nous dit pas quoi faire, elle n'a que 16 ans. Elle nous dirige vers les experts. Et nous demande de nous informer, elle place le sujet au sommet des priorités"
"Bonjour, vous avez appelé la Ligne d'Aide Greta Thunberg!"
"Si elle est vraiment une gentille petite suédoise, pourquoi ne viendrait-elle pas m'aider à monter mon kit IKEA? Ou encore garder mes enfants pendant que je vais voir mon film de super héros!"
"Que font les super héros, déjà...?"
"Ils...ils sauvent la planète..."
"Greta essaie, elle aussi. Elle nous fait essayer aussi"
La Ligne d'Aide Greta Thunberg, utile parce que lorsqu'il est question de changements climatiques, c'est vraiment elle le problème.
On était près de 500 000 au Centre-Ville de Montréal, hier.
Dont Greta, entourée de gens des premières nations .
Greta dans toute sa splendeur.
Et la putain Justin. Le même qui nous as forcé à tous devenir propriétaires contre notre gré d'un pipeline.
Peu importe votre position sur le sujet.
Un cri ne pourra jamais être muet qu'en peinture, en photo ou à l'écrit.
vendredi 27 septembre 2019
Jacques René Chirac (1932-2019)
Il a été le premier maire de Paris élu par le peuple en plus d'un siècle. Auparavant, le poste de Maire était choisi par la présidence du moment.
Il a d'ailleurs régné comme maire, de manière présidentielle. En petit roi. Ce qui tracerait aussi le chemin jusqu'à sa présidence qui durera 12 ans (puisque le règne de 7 ans, sera réduit à 5, par lui-même).
Il a marqué la France de la meilleure des manière, mais des pires aussi.
On l'aimait quand il était près des gens, animé par le monde agricole, flattant les animaux, près de sa population.
On l'a moins aimé avec des accents racistes, divisant "le travailleur français" de celui "qui fait du bruit et qui répand des odeurs".
Il a fait plus de 40 ans de politique française. Un pays qu'il n'a pas que dirigé, mais qu'il a adoré. Et qui ne se gênait jamais pour le dire. Plantant des inflexions vocales appuyées sur ses "vive la république, vive la France". Il offrait un certain côté "cool" que ses prédécesseurs ne pouvaient accoter.
Il n'a jamais été plus brave que lorsqu'il a tenu tête aux États-Unis et à l'Angleterre de Tony Blair, qui eux, partaient en guerre, comme deux poules sans têtes. Il avait envoyé De Villepin dire aux États-Unis que ce serait non. Que cette guerre dépassait la raison. Qu'elle serait catastrophique dans tout ce qu'elle ferait naître de mal ailleurs.
Et il avait tellement raison.
Il adorait le sport. Le regarder. Le Sumo, passion qu'il gardait secrète, mais qui lui plaisait grandement. Il faisait rire en sports. Ne connaissant pas les noms des joueurs, mais étant si volontaire à les crier. Ou encore demandant à la super vedette de handball, Jackson Richardson "do you speak french?" alors que celui-ci était originaire de l'Île de la Réunion. Embrassant Barthez sur la boule.
On l'a découvert fourbe. En fin de vie, on le trouvait coupable de tricheries. Créateurs de faux emplois, fournisseurs d'appartements à faible prix pour les proches et amis. Tricheur. Il sera aussi le premier maire condamné criminellement. Même si une certaine pudeur n'osera jamais appliquer la peine.
Il a eu la classe de reconnaître le tort de la France dans son traitement des Juifs pendant la Seconde Grande Guerre. A reconnu la responsabilité fatale d'une certaine France.
Il était le dernier des Gaulistes, et l'a modernisé au sein des ses troupes. Non pas sans créer quelques schismes. Les Français le sentaient près d'eux. Même si il détournait des fonds dans sa tour d'ivoire. Il aurait pour défense le mou "Mais tout le monde le fait depuis tout le temps".
Il était l'ami du Québec. Recevant René Lévesque et son entourage, au grand dam du Canada de Trudeau d'alors, en 1976, quand le PQ prenait le pouvoir avec éclat. Il sera bon pour tous les gouvernements du Québec. Il charmait absolument tout le monde. Journalistes comme convives.
Chirac passe à la mémoire collective non pas pour son bilan, mais parce qu'il était une bête politique, ayant tenu presque tous les rôles, de maire à ministre à président. Il sera le premier premier ministre qui inventera la co-habitation. Plus à gauche que son président Mittérand, il sera forcé à une grande diplomatie. Et à du charme encore et toujours, pour que mieux passent les idées.
Il a rejoué cette dynamique à l'inverse, lui président, Lionel Jospin, Premier Ministre, par la suite.
Il a forcé la souplesse en gestion de la politique française.
Sa présidence aura été marquante, pour les bonnes ou les mauvaises raisons.
Hier, tout le monde mentionnait son nom.
On le fera encore pour longtemps.
Maintenant qu'il a changé de planète, à 86 ans.
"Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs" avait-il habilement phrasé en parlant des changements climatiques.
Jamais autant qu'aujourd'hui n'aura-t-il été aussi pertinent.
Il a d'ailleurs régné comme maire, de manière présidentielle. En petit roi. Ce qui tracerait aussi le chemin jusqu'à sa présidence qui durera 12 ans (puisque le règne de 7 ans, sera réduit à 5, par lui-même).
Il a marqué la France de la meilleure des manière, mais des pires aussi.
On l'aimait quand il était près des gens, animé par le monde agricole, flattant les animaux, près de sa population.
On l'a moins aimé avec des accents racistes, divisant "le travailleur français" de celui "qui fait du bruit et qui répand des odeurs".
Il a fait plus de 40 ans de politique française. Un pays qu'il n'a pas que dirigé, mais qu'il a adoré. Et qui ne se gênait jamais pour le dire. Plantant des inflexions vocales appuyées sur ses "vive la république, vive la France". Il offrait un certain côté "cool" que ses prédécesseurs ne pouvaient accoter.
Il n'a jamais été plus brave que lorsqu'il a tenu tête aux États-Unis et à l'Angleterre de Tony Blair, qui eux, partaient en guerre, comme deux poules sans têtes. Il avait envoyé De Villepin dire aux États-Unis que ce serait non. Que cette guerre dépassait la raison. Qu'elle serait catastrophique dans tout ce qu'elle ferait naître de mal ailleurs.
Et il avait tellement raison.
Il adorait le sport. Le regarder. Le Sumo, passion qu'il gardait secrète, mais qui lui plaisait grandement. Il faisait rire en sports. Ne connaissant pas les noms des joueurs, mais étant si volontaire à les crier. Ou encore demandant à la super vedette de handball, Jackson Richardson "do you speak french?" alors que celui-ci était originaire de l'Île de la Réunion. Embrassant Barthez sur la boule.
On l'a découvert fourbe. En fin de vie, on le trouvait coupable de tricheries. Créateurs de faux emplois, fournisseurs d'appartements à faible prix pour les proches et amis. Tricheur. Il sera aussi le premier maire condamné criminellement. Même si une certaine pudeur n'osera jamais appliquer la peine.
Il a eu la classe de reconnaître le tort de la France dans son traitement des Juifs pendant la Seconde Grande Guerre. A reconnu la responsabilité fatale d'une certaine France.
Il était le dernier des Gaulistes, et l'a modernisé au sein des ses troupes. Non pas sans créer quelques schismes. Les Français le sentaient près d'eux. Même si il détournait des fonds dans sa tour d'ivoire. Il aurait pour défense le mou "Mais tout le monde le fait depuis tout le temps".
Il était l'ami du Québec. Recevant René Lévesque et son entourage, au grand dam du Canada de Trudeau d'alors, en 1976, quand le PQ prenait le pouvoir avec éclat. Il sera bon pour tous les gouvernements du Québec. Il charmait absolument tout le monde. Journalistes comme convives.
Chirac passe à la mémoire collective non pas pour son bilan, mais parce qu'il était une bête politique, ayant tenu presque tous les rôles, de maire à ministre à président. Il sera le premier premier ministre qui inventera la co-habitation. Plus à gauche que son président Mittérand, il sera forcé à une grande diplomatie. Et à du charme encore et toujours, pour que mieux passent les idées.
Il a rejoué cette dynamique à l'inverse, lui président, Lionel Jospin, Premier Ministre, par la suite.
Il a forcé la souplesse en gestion de la politique française.
Sa présidence aura été marquante, pour les bonnes ou les mauvaises raisons.
Hier, tout le monde mentionnait son nom.
On le fera encore pour longtemps.
Maintenant qu'il a changé de planète, à 86 ans.
"Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs" avait-il habilement phrasé en parlant des changements climatiques.
Jamais autant qu'aujourd'hui n'aura-t-il été aussi pertinent.
jeudi 26 septembre 2019
Pierre Falardeau
Né en 1946, il grandit à Châteauguay. Il est né d'un père employé de mercerie avant de devenir directeur de caisse populaire. Bien que diplômée pour être enseignante, maman sera d'abord employée d'Imperial Tobacco, avant d'enseigner pour la première fois, à 45 ans.
C'est au collège qu'il se lie d'amitié, pour la vie, avec Julien Poulin.
Ado, il découvre un livre sur les Patriotes. Il y découvre des mots nouveaux, il y découvre sa propre histoire, il explore les écrits de De Lormier, il est captivé pour toujours.
C'est en 1962, quand il a 16 ans, que son père le mène à une assemblée publique en pleine campagne électorale de Jean Lesage. Il apprendra de son père que plus l'enjeu est grand, plus c'est difficile. Et plus c'est excitant. Il devient aussitôt membre du RIN de Pierre Bourgault, Guy Pouliot, André D'Allemagne et Marcel Chaput.
Sa passion pour un projet indépendantiste sera ferme et permanent. Et de toutes ses oeuvres.
Il entreprend des études en anthropologie à l'Université de Montréal. La crise d'Octobre, alors qu'il est toujours étudiant, le marque profondément. Il reste sans voix face à la nouvelle de la mort de Pierre Laporte, mais militera devant la prison de Parthenais afin de faire libérer les 500 innocents qui s'y trouvent.
Réalisant que les images lui servent mieux que ce qu'il tente de traduire en mots, il filmera son projet de maîtrise. Son premier court-métrage est sur la lutte mais garde une teinte politique.
Avec son ami Poulin, il tourne plusieurs courts-métrages, aussi drôles que politiques . Poétique aussi. Il nous raconte toujours nous, fièrement. Il choisira toute sa vie de rester un enfant. Un enfant en colère. Mais ludique aussi.
Toujours avec Poulin, il tourne une caricature de la petite bourgoeisie canadienne-française-fédéraliste, avec trois courts métrages réalisés entre 1981 et 1985. Le collage des ces trois courts-métrages fera un moyen métrage qui passera au folklore Québécois.
En 1985, découragé de voir ses projets refusés par Téléfilm Canada, il réussit, avec l'aide de sa compagne, à faire accepter un projet de documentaire pour l'ONF sur le prestigieux Beaver Club. Habilement, il réussit à se glisser dans les festivités des 200 ans du Beaver Club, célébrés à l'Hôtel Reine Élizabeth, où Gérard D.Landry, et de nombreux bourgeois et pseudos-aristocrates sont dMune obscénité navrante. Il colle aux images un texte inspiré du Prince de Machiavel, et fait des parallèles avec la défaite des Plaines d'Abraham et la domination physique, économique et psychologique des anglais chez nous. C'est un 15 minutes de pur chef d'oeuvre. Qui ne sortira que 8 ans pus tard.
En 1988, il concocte avec l'ancien Felquiste de la cellule qui avait assassinée Pierre Laporte, Françis Simard, le film Le Party, adapté par Falardeau des écrits de Simard sur ce qu'il sait de la prison. Le film est formidable et nous fait tous découvrir Richard Desjardins.
Avec sa compagne, il tourne un documentaire pour l'ONF sur l'univers du boxeur Gaetan Hart.
En 1994, il créé la controverse au Canada en tournant la crise d'Octobre, du point de vue des 4 Félquistes qui ont tué Laporte. Parmi eux, Françis Simard, qui collabore encore au script tiré de son livre Pour en Finir Avec les Felquistes. Le film est formidable d'humanité. Dans l'horreur inhumaine.
La grotesque dérape de 1970 fait du bruit.
Falardeau écrit des essais et des lettres ouvertes ici et là, qu'il réunit dans son livre La Liberté n'est Pas une Marque de Yogourt. Le Québec perd son référendum de 1995 par une fesse. Falardeau en sera outré.
À partir de maintenant, il ne se gênera plus pour faire du bruit. Il commence par travailler sur le projet d'une adaptation de ce livre sur les Patriotes qui l'avait tant marqué plus jeune, sur le Chevalier De Lorimier. Mais le Canada, et bientôt même le Québec, trouvent que ça fera trop de vagues si ce projet est mis entre ses mains, et refusent de le financer.
Son franc-parler offusque autant qu'il séduit. Il dira "salut pourriture" à Claude Ryan, le jour de sa mort et "que c'était une bonne chose de faite". Ce qui reste d'un goût douteux, Mais considère l'idée d'acheter une banderole derrière un avion, qui passerait au dessus de la procession funèbre de Pierre Elliot Trudeau, avec les mots "Mange de la Marde", ce qui aurait été adéquat (c'était les mêmes mots que P.E.T avaient lancés aux grévistes de la poste).
Pour financer son projet patriote, il tourne trois projets autour d'Elvis Gratton. Qui rapporteront beaucoup.
Il réussira à tourner le dernier 24 heures de deux patriotes condamnés à la suite des rebellions de 1837 et 1838. Deux patriotes dont De Lorimier. Le film est à nouveau formidable.
Il revient à Elvis et vend les droits d'adaptation télé pour financer son prochain projet, Le Jardinier des Molson. Projet qui ne sera jamais complété. Sinon en BD pour adultes.
Pierre, mêlant souvent joual, réflexion intellectuelle et vulgarité, s'éteint à seulement 62 ans du cancer.
Hier, il y a 10 ans, déjà.
Je vous en parlais il y a 10 ans, je vous en parle encore un peu.
Il nous manque dans ce pays parfois décolorisé.
Comme dira Julien Poulin le jour de son enterrement:
"Le Québec résonne de ton silence"
C'est au collège qu'il se lie d'amitié, pour la vie, avec Julien Poulin.
Ado, il découvre un livre sur les Patriotes. Il y découvre des mots nouveaux, il y découvre sa propre histoire, il explore les écrits de De Lormier, il est captivé pour toujours.
C'est en 1962, quand il a 16 ans, que son père le mène à une assemblée publique en pleine campagne électorale de Jean Lesage. Il apprendra de son père que plus l'enjeu est grand, plus c'est difficile. Et plus c'est excitant. Il devient aussitôt membre du RIN de Pierre Bourgault, Guy Pouliot, André D'Allemagne et Marcel Chaput.
Sa passion pour un projet indépendantiste sera ferme et permanent. Et de toutes ses oeuvres.
Il entreprend des études en anthropologie à l'Université de Montréal. La crise d'Octobre, alors qu'il est toujours étudiant, le marque profondément. Il reste sans voix face à la nouvelle de la mort de Pierre Laporte, mais militera devant la prison de Parthenais afin de faire libérer les 500 innocents qui s'y trouvent.
Réalisant que les images lui servent mieux que ce qu'il tente de traduire en mots, il filmera son projet de maîtrise. Son premier court-métrage est sur la lutte mais garde une teinte politique.
Avec son ami Poulin, il tourne plusieurs courts-métrages, aussi drôles que politiques . Poétique aussi. Il nous raconte toujours nous, fièrement. Il choisira toute sa vie de rester un enfant. Un enfant en colère. Mais ludique aussi.
Toujours avec Poulin, il tourne une caricature de la petite bourgoeisie canadienne-française-fédéraliste, avec trois courts métrages réalisés entre 1981 et 1985. Le collage des ces trois courts-métrages fera un moyen métrage qui passera au folklore Québécois.
En 1985, découragé de voir ses projets refusés par Téléfilm Canada, il réussit, avec l'aide de sa compagne, à faire accepter un projet de documentaire pour l'ONF sur le prestigieux Beaver Club. Habilement, il réussit à se glisser dans les festivités des 200 ans du Beaver Club, célébrés à l'Hôtel Reine Élizabeth, où Gérard D.Landry, et de nombreux bourgeois et pseudos-aristocrates sont dMune obscénité navrante. Il colle aux images un texte inspiré du Prince de Machiavel, et fait des parallèles avec la défaite des Plaines d'Abraham et la domination physique, économique et psychologique des anglais chez nous. C'est un 15 minutes de pur chef d'oeuvre. Qui ne sortira que 8 ans pus tard.
En 1988, il concocte avec l'ancien Felquiste de la cellule qui avait assassinée Pierre Laporte, Françis Simard, le film Le Party, adapté par Falardeau des écrits de Simard sur ce qu'il sait de la prison. Le film est formidable et nous fait tous découvrir Richard Desjardins.
Avec sa compagne, il tourne un documentaire pour l'ONF sur l'univers du boxeur Gaetan Hart.
En 1994, il créé la controverse au Canada en tournant la crise d'Octobre, du point de vue des 4 Félquistes qui ont tué Laporte. Parmi eux, Françis Simard, qui collabore encore au script tiré de son livre Pour en Finir Avec les Felquistes. Le film est formidable d'humanité. Dans l'horreur inhumaine.
La grotesque dérape de 1970 fait du bruit.
Falardeau écrit des essais et des lettres ouvertes ici et là, qu'il réunit dans son livre La Liberté n'est Pas une Marque de Yogourt. Le Québec perd son référendum de 1995 par une fesse. Falardeau en sera outré.
À partir de maintenant, il ne se gênera plus pour faire du bruit. Il commence par travailler sur le projet d'une adaptation de ce livre sur les Patriotes qui l'avait tant marqué plus jeune, sur le Chevalier De Lorimier. Mais le Canada, et bientôt même le Québec, trouvent que ça fera trop de vagues si ce projet est mis entre ses mains, et refusent de le financer.
Son franc-parler offusque autant qu'il séduit. Il dira "salut pourriture" à Claude Ryan, le jour de sa mort et "que c'était une bonne chose de faite". Ce qui reste d'un goût douteux, Mais considère l'idée d'acheter une banderole derrière un avion, qui passerait au dessus de la procession funèbre de Pierre Elliot Trudeau, avec les mots "Mange de la Marde", ce qui aurait été adéquat (c'était les mêmes mots que P.E.T avaient lancés aux grévistes de la poste).
Pour financer son projet patriote, il tourne trois projets autour d'Elvis Gratton. Qui rapporteront beaucoup.
Il réussira à tourner le dernier 24 heures de deux patriotes condamnés à la suite des rebellions de 1837 et 1838. Deux patriotes dont De Lorimier. Le film est à nouveau formidable.
Il revient à Elvis et vend les droits d'adaptation télé pour financer son prochain projet, Le Jardinier des Molson. Projet qui ne sera jamais complété. Sinon en BD pour adultes.
Pierre, mêlant souvent joual, réflexion intellectuelle et vulgarité, s'éteint à seulement 62 ans du cancer.
Hier, il y a 10 ans, déjà.
Je vous en parlais il y a 10 ans, je vous en parle encore un peu.
Il nous manque dans ce pays parfois décolorisé.
Comme dira Julien Poulin le jour de son enterrement:
"Le Québec résonne de ton silence"