Chaque mois, dans les 10 premiers jours, tout comme je le fais pour la littérature (dans les 10 derniers) et comme je la fais pour la musique (vers le milieu) je puise dans ma collection de films et vous parle Cinéma.
Pour vous en donner le goût.
Je vous parle d'un film que j'ai aimé pour sa réalisation, son sujet, ses interprètes, son audace, sa musique, son impact sur ma personne, ses choix. Pour l'ensemble de ses choix.
Un film est in véritable voyage, à peu de frais.
UP IN THE AIR de JASON REITMAN
L'essayiste, critique littéraire et romancier Walter Kim avant déjà écrit Thumbsucker*, en 1999, adapté en film en 2005. Quand il écrit son roman suivant, Up In the Air, en 2001, il s'inspire des gens qu'il côtoie dans les aéroports et dans les avions et des conversations qu'il entend autour de lui. Il partage son temps entre le Montana et Los Angeles avec son amoureuse. Et c'est pris dans une tempête de neige au Montana qu'il prend le temps d'écrire le personnage de Ryan Bingham, George Clooney dans Up in The Air.
Je l'ai souvent dit, j'aime à peu près tous les choix de George Clooney (et ceux de Brad Pitt), je les trouve à la fois intelligents, réfléchis, drôles, et très souvent pertinents avec leur époque. Ce film, d'abord un livre, dont les droits d'adaptation cinématographiques sont vite achetés par Sheldon Turner qui en fera une adaptation scénaristique achetée par Ivan Reitman, père du réalisateur Canado-Étatsunien Jason Reitman, sera, selon moi 100% son époque.
2009.
Une année horrrrrrrrrrrrrrrible pour moi. Je quittais un emploi, broyé par une intensité malsaine, et sous la pression d'une compagnie internationale qui coupait 3 personnes de notre département, qui en comptait 8, et exigeait de 5 autres de faire les travail des 3 limogés. Puis qui en sacrifiait deux autres, nous laissant 3 pour faire le travail de 8, donc autour de 60 heures de travail par semaine, mais toujours payé 37h et demi. Quand 2 d'entre nous (dont moi) avons demandé d'être au moins payé le temps supplémentaire ou qu'on nous l'offre en congé et que ce fût refusé, on a choisi tous les deux de quitter. Le dernier resté a finalement quitté lui aussi, un mois et demi plus tard.
J'étais alors sans réel emploi une bonne partie de l'année. Par choix toutefois. Et payé, jusqu'en janvier. Mais en décembre, on me fauchait mon père de cette terre sans préavis, à 62 ans,les patins dans les pieds. Ça fera 10 ans cette année.
Mais bien que j'avais quitté par moi-même, j'avais aussi été témoin des renvois successifs d'un paquet de gens. Et de tout le désarroi qui venait avec. Relisez-moi en 2009, je dois beaucoup vous en parler. On doit sentir la chute.
J'ai donc été témoin de l'univers de Up In The Air avant de voir le film. J'ai travaillé avec Ryan Bingham, dont la famille est son travail. Qui ne vit que dans les avions. Qui n'existe que pour faire avancer la grande roue des affaires. Parce que faire face à l'ennui le terrifie. L'amour encore plus.
Le film et le livre raconte l'histoire de Bingham, un homme engagé par des compagnies, et sa jeune stagiaire, effectuant son travail d'annonceur de mauvaises nouvelles. Il est celui qu'on engage afin d'annoncer que vous êtes limogés. Je n'ai pas fait face à ces gens mais je les ai vus au travail, longer les corridors comme des guépards et mutiler mentalement chaque personne qui entrait dans le bureau qui leur servait d'abattoir moral.
Le sujet semble lourd, et l'est en partie quand on réalise que 22 des intervenants qui parlent de l'impact de leur perte d'emploi, vus dans le film, ont pour vrai perdu leurs emplois, et ne sont pas des acteurs. Ils ouvrent leurs plaies pour vrai. Difficile de faire plus authentique. Le sujet semble lourd comme je dis, mais c'est plutôt assez drôle. Une scène sur la quai entre Bingham et sa stagiaire, jouée par une parfaite Anna Kendrick (ça devait être Ellen Page qui venait de jouer sous la direction de Reitman avec brio dans Juno) m'a fait exploser de rire.
J'ai aussi tout de suite reconnu un collègue dans le personnage de J.K.Simmons et un autre dans le personnage de Zach Galifianakis. Up in the Air, à la fois drôle et tragique, était 100% 2009. J'ai pris aussi l'avion avec cette espèce les 4 ans précédents.
Je l'avais vécu. Et maintenant, je le voyais sur grand écran.
Et c'est aussi là que mon père s'était envoyé en fin d'année.
2008 nous plongeait dans une crise économique sévère et le film l'attrapait au vol. Dans les airs.
Selon moi, ce film reflète exactement l'époque qu'elle montre à l'écran.
Une époque d'abandons involontaires, blessants, bouleversants, et les coeurs de pierre qui ne font que leur travail.
Mais ont aussi bien des choses dans leur sac à dos.
Drôle et bouleversant.
*Ironiquement j'ai aussi ce film parmi mes films et découvre que Walter Kim en était aussi la source. Walter me rejoint donc aux bons endroits.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)