En Amérique, et un peu partout peut-être, de nos jours, rien n'est plus essentiel, en 2019, que de se demander chaque fois si quelque chose est vraiment vrai.
Est-ce que le compte Twitter avec lequel tu t'obstines est contrôlé par un robot préprogrammé ou par un individu? Est-ce que Youtube encourage vraiment les jeunes à se suicider? Est-ce que le dernier video viral a été trafiqué ou pas? Est-ce que la parole du président des États-Unis a encore une valeur?
Les choses qu'on a toujours prises pour acquis sont maintenant devenues légitimement douteuses.
Cette nouvelle culture populaire rend le "vrai" fragile et impose une certaine tension, là où on devrait penser léger. La technologie y est pour beaucoup. Les informations trompeuses y surfent beaucoup et même les grands médias s'y font piéger. En regardant dans le grand miroir du quotidien et du futur, la promesse d'y voir une certaine réalité devient de plus en plus importante.
En marketing, cette bouette pas toujours nécessaire, mais omniprésente comme la pluie sans ses vertus, on a travaillé depuis toujours l'idée du regard que les Femmes devraient porter sur elles-mêmes. Une pénisplication éternelle.
En 2006, la compagnie Dove lançait une campagne qui faisait fureur et qui parlait de ses "vrais" produits conçus pour les "vraies" Femmes voulant atteindre la "vraie" beauté" dans leurs "vraies" vies. Les marketeurs parlaient alors d'un campagne générant de "vrais" dollars au compteur. Plus tôt, la semaine dernière, La compagnie de vêtements X-large Evans a lancé une campagne afin de trouver des "vraies" aspirantes modèles, des Femmes "vraies", avec leurs "vrais" corps, pour une campagne de publicité encore plus "vraie".
Mais en marketing, telle une phrase issue de la bouche de Donald Trump, le prétendu "vrai" doit toujours être le premier doute.
Et qu'est-ce que le "vrai" en pub et en mode? Quand tu poses, tu feins déjà, non?
Le "vrai" auquel la campagne fait référence est la femme dont on ne voit pas les os au travers du corps. Un peu plus ronde. Pas nécessairement grande et longiligne. Ni de peau blanche. Celle dont on ne pense pas tout de suite "nymphette", "ado" ou "mannequin".
#AeerieREAL |
La compagnie de linge Aerie promettait sensiblement la même chose pour souligner les 5 ans de leur campagne de pub #AerieREAL. Mais la photo lancée reste modeste en ce qui concerne les "vraies" femmes. On soupçonne les 4 premières à partir de la gauche un peu plus rondes, l'une d'elle a même une jambe artificielle afin que tout le monde le note dans son cahier de bonnes intentions (Ça on le ne cache surtout pas), et les 4 autres sont des corps très désirables de jeunes femmes qui feraient toutes craquer l'adolescent comme l'adulte. Parmi elles, une victime d'abus sexuel, important de le mettre aussi au cahier du bien-pensant. L'effort politique y est.
En cette ère de la fraude intellectuelle quotidienne, comment faire confiance aux photos de mode? Avec Photoshop drapé d'une queue de Satan derrière chaque montage photographique. La "vraie" femme reste encore visuellement frauduleuse.
De nos jours, où la ligne des genres devient de plus en plus difficile à tracer, les Femmes sont aussi variées qu'il existe de variétés de couleurs sur terre. Sinon plus. Une femme, pleinement maquillée est toute aussi "vraie" que la sportive (ou pas) qui ne mettra jamais de crayons à yeux. Celles-ci sont-elles rejetées du concept du "vrai"?
Aerie a du s'expliquer quand on a découvert que malgré l'apparence de taille + dans leurs pubs affichées, la compagnie n'en avait pas tellement en stock. Presque pas du tout.
Evans a aussi dû retitrer sa demande de mannequiant en y soustrayant les mots "real". Parce qu'on ne sait plus ce qui est vrai de nos jours.
On a tous vu encore, sur les médias sociaux, et ailleurs, le 8 mars dernier, le jour international des Femmes, l'envie légitime de celles-ci de se faire entendre, mais d'abord et avant tout de se faire respecter.
Il faudra commencer par évincer les mensonges. Ceux qu'on projettent et ceux qu'on se raconte.
Si être une "vraie" Femme est d'abord et avant tout paraître, la construction reste mauvaise.
Paraître se rapproche du faux.
Être est beaucoup plus vrai.
Sans guillemets.
Loin de moi l'envie de pénispliquer quoi que ce soit.
Je n'y pose que mon regard d'Homme.
Personnellement, dans mon regard, les "vraies" Femmes sont partout sauf sur des affiches, à la télé, au théâtre, au ciné et surtout pas dans les magazines.
Certaines femmes de roman sont plus "vraies" qu'elles.
Je n'aime pas le terme "vrai" de toute manièresdevant le mot Femme. Il implique alors de fausses Femmes.
Et tout ça n'est encore que manières.
("Vrai" et ses dérivés sera-t-il toujours entre guillemets bientôt?)
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)