Un domaine dans lequel j'ai étudié, oeuvré et qui me passionne toujours.
Je vous parle d'un film qui m'a séduit par sa facture visuelle, narrative, inventive. Par ses choix. Par ce qu'il évoque, véhicule ou transporte. Par ce qu'il ose avancer. Par ses interprètes, sa réalisation, sa cinématographie, souvent par tout ça.
Plongée chez le fascinant Nicolas Roeg.
THE MAN WHO FELL TO EARTH de NICOLAS ROEG
Nicolas Roeg a été un cinéaste qui m'a toujours impressionné. Fameux "late bloomer" dans la réalisation, il a été directeur photo de la deuxième unité pour David Lean, avec lequel il était très difficile de s'entendre, sur 2 de ses plus fameux films. Il a aussi été directeur photo pour Roger Corman, François Truffaut, John Schlesinger et Richard Lester. C'est après avoir bossé 23 ans dans l'industrie du cinéma qu'il tourne son tout premier film en tant que réalisateur. Un film culte mettant en vedette Mick Jagger. Il tournera 14 films entre 1968 et 2006. Trois segments de courts métrage, tournera 5 fois pour la télé et sera directeur photo sur 16 films des autres, et ses 2 premiers.
J'ai découvert Roeg par Bowie. Dont j'aimais tellement l'oeuvre que je découvrais que ça ma mené au cinquième film de Nicolas Roeg, The Man Who Fell To Earth.
1976, Bowie la vit dans le désordre absolu. Il est lourdement cocaïné, maigre comme un clou car il se nourrit aussi principalement de poivrons, il délire de manière paranoïaque sur la sorcellerie, Jimmy Page de Led Zeppelin le torture à ce sujet, il se relocalise à Berlin, y tricote 3 albums et demi, deux pour lui, un pour Iggy Pop, un autre est lancé le 23 janvier de cette intense année. Il ne
Le film précédent ayant beaucoup marché, Paramount Pictures achète les droits de la nouvelle de 1963 de Walter Tevis dans le but que Roeg en tourne un film.
Le tournage a été relativement difficile. Bowie a dû quitter le tournage quelques semaines car il avait bu du mauvais lait. Il ne savait pas du tout ce qu'il tournait et a avoué s'être surtout joué lui-même. Les caméras ont bloqué dans les scènes du désert. Désert qui était aussi composé d'un sale groupe de Hell's Angels qui campait tout près. Et qui n'avait rien à cirer de leurs tournage. Voulant la sainte paix.
Dans le secteur de New Mexico, un extra terrestre arrive sur terre dans le but inavoué aux terriens de ramener de l'eau pour son peuple, sur sa planète où il y a femme et enfants. Par une certaine paresse narrative, et très rapidement, une femme (Candy Clark) entre dans la vie de l'extra-terrestre. La relation restera étrange puisqu'il lui dit rapidement qu'il est marié, mais pas qu'il est un extra-terrestre. Elle le découvrira au lit un soir, terrifiée, quand il prend son apparence d'extra-terrestre. L'extra-terrestre (Bowie, bien sur) utilise les hautes technologies avancée de sa planète mourante pour se faire valoir auprès d'un enseignant collégial, légèrement délinquant (Rip Torn), et un riche homme d'affaires (Buck Henry). L'extra-terrestre devient accro au monde de la télévision, télévisions qu'il collectionne et visionne toutes en même temps, et glisse facilement dans l'alcool, le sexe et les excès toxiques.
Quand il est devenu public que cet homme est un extra-terrestre, le gouvernement s'empare de lui et le séquestre dans un hôtel de luxe pour mieux l'étudier. Il s'en échappe, mais n'arrive pas à refaire sa route vers sa planète.
Démuni, il enregistre un message sur disque qu'il compte faire diffuser pour ses amis extra-terrestres. Il sera prisonnier sur terre, pour toujours.
Le choix de Bowie est délicieux. Ni homme, ni femme, mais others, il était parfait, ne serais-ce que physiquement pour jouer un être d'ailleurs. Candy Clark, son rôle, est plutôt désespéré. Ce qui est fabuleux du film, et me séduit chaque fois, ce sont ses imperfections, Bowie et 1976.
L'esthétique de 1976, dont je n'ai pas la prétention de me rappeler si facilement puisque je n'y avais que 4 ans, mais les images, les voitures de 1976, les costumes, les scènes extra-terrestres si étranges, c'était une esthétique qui a suivi toutes les années 70, que j'ai tout de même connues pendant 8 ans.
Roeg tourne de manière imparfaite. Il aime les seins dénudés de toute évidence. Pour un directeur photo, plusieurs des ses plans sont relativement simples. Son montage est souvent féérique, Avec des zooms innattendus, inexpliqués, des gros plans inquiétant, des silences troublants, Il glisse très souvent, dans sa filmographie, des scènes "pensées" c'est-à-dire des images en superposition laissant croire à quelque chose de hanté. Il y a beaucoup d'ailleurs "D'ailleurs" dans ses films.
Son cinéma est hanté. C'est ce qui m'impressionne de ses films. Ça et les imperfections d'éclairage. Ce qui est toujours surprenant pour un directeur photo. Puis arrive quelques perles, comme Bowie sur la plage ou Bowie vers le début (photo plus haut sur la gauche) quittant l'hôtel en fin de film. Ces images nous restent en tête pour toujours. C'est l'effet qu'on veut d'un film en général. Qu'on s'en rappelle. Qu'il vive en nous. Longtemps.
Culte sont ces moments où on assassine un personnage et il est extrêmement évident qu'il s'agit d'un mannequin, on en tue un autre en tirant ses haltères par la fenêtre, mais celles-ci ricochent, comme le feutre le ferait, sur les parois du building d'en face. Curieux d'avoir exploité gratuitement la nudité d'un personnage noir et de sa ravissante conjointe autour d'une piscine, pour à peu près rien. Drôle de voir aussi le maquillage du vieillissement de Rip Torn très réussi et celui de Candy Clark dur à souffrir pour l'oeil.
Culte.
Un film qui comprend et explore enfin ma réalité d'extra terrestre.
Et qui finit sur du jazz.
Famous.
Nicolas Roeg est décédé à l'âge de 90 ans, le 23 novembre dernier.
Notre avantage, extra-terrestres, c'est qu'on est impérissable.
Bowie le savait.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)