vendredi 13 juillet 2018

Nippy

Je n'ai jamais été un fan de Whitney Houston.

Je lui reconnaissais un talent certain pour la voix, mais ce n'est pas un type de voix qui me touchait vraiment. Je ne suis pas touché par le gospel ou le soul comme je le suis par le jazz ou le blues. Celine Dion/Whitney Houston: mêmes inflexions remarquables, mais qui ne m'ont jamais vraiment rejointes.

Toutefois, post-mortem, on apprend toute sortes de choses sur Whitney. Des choses qui soudainement me la font voir sous un autre jour. Des choses qui me touchent. Whitney avait une voix en or. Sa famille l'a vite compris. On l'a envoyée dans les églises et très vite, elle était soliste pour les chorales. Le talent était indéniable. Papa et maman étaient fiers. Le premier voulait gérer sa carrière, la seconde chantait elle-même déjà, dont quelques fois, pour Elvis. Elle serait dure avec sa fille. Elle savait de quel bois il fallait se chauffer pour percer.

Mais pour percer, qu'est-ce qu'elle a percé! Dès ses 22 ans, elle est au sommet des palmarès, elle intéresse tout le monde, les fait danser, les fait taper des mains, on la trouve belle, tout le monde veut de Whitney.

Sa famille plus que quiconque. Papa veut la gérer, sa très très bonne amie, assistante, Robyn, aussi. On en apprend maintenant tout plein sur Robyn. Styliste, amie et très probablement amante aussi. Ce que Bobby Brown n'a jamais digéré. Déjà qu'il négociait mal avec sa propre carrière, dans l'ombre de la gracieuse Whitney. Robyn Crawford était la zone de confort de Houston. Avec elle, elle se sentait en équilibre et rassurée. Quand, en 1999, les disputes entre Crawford et Brown ne cessaient plus, Robyn a choisi de lever les voiles.

La dérape mentale de W.H. a alors pris de l'élan. Dans une seule direction: le fond.

Whitney Houston n'était pas homosexuelle selon plusieurs, mais plutôt bisexuelle. Et Robyn était alors sa partenaire de confort intime.

On a aussi appris que la cousine de Whitney, Dee Dee Warwick, soeur de Dionne, aurait largement abusé sexuellement et de Whitney et de son frère. Ce dernier est celui qui a entraîné sa soeur dans la dépendance à la drogue et non Bobby Brown comme la tendance populaire l'a souvent suggéré. Houston aurait été abusée de l'âge de 7 à 9 ans, donc très jeune. Ce que la famille confirme (en revanche ils sont trop catholico-prudes pour vouloir croire qu'elle pouvait être bisexuelle).

Où on l'apprend? Dans le documentaire de Kevin MacDonald, un écossais qui a réalisé un documentaire sur l'artiste, sa gloire et sa triste fin. On dit beaucoup beaucoup de bien de ce film. Sa famille (à Whitney) aussi. Tous les gens pertinents dans sa vie y ont mis du leur. C'est présumément très touchant. Et cruel. On y découvre une famille omnivore qui l'a relativement canibalisée. Un Bobby Brown étouffant. Une vie de star vite devenue un étranglement continu.

Parenthèse sur Kevin MacDonald. C'est aussi lui qui a réalisé le film The Last King of Scotland, film qui a mérité à Forrest Whitaker l'Oscar du meilleur acteur. Oui, le personnage principal est noir. C'était le personnage d'Idi Amin Dada.

Idi Amin Dada, Whitney Houston...Kevin MacDonald est donc noir, non?
Et bien non. C'est un blanc écossais.
Que dirais les plaintifs de SLAV là dessus?

Just sayin'

Revenons à Whitney.

La cruauté qui est née autour d'elle avait pour source les 170 millions de dollars qu'elle générait de par son talent et sa voix. Personne ne voulait intervenir dans sa vie, même si elle plantait vers le bas, car elle faisait vivre des tas de gens. Ce qui l'a tuée, c'est aussi l'argent. L'argent qu'elle faisait pousser dans les poches de son entourage. Ça aide à fermer les yeux.

Enfant, et probablement avant ses 7 ans, on appelait amoureusement, dans son entourage, Whitney Houston "Nippy".

Dans le documentaire, il y a cette scène, vers la fin de sa vie, où elle se regarde dans le miroir et se demande tout bas: "Where are you Nippy? Where are you?". Ses yeux se remplissent d'eau, mais elle refoule avec son désarmant sourire, un killer smile au regard luisant, "It doesn't matter 'cause Whitney is here now" conclut-elle.

Cette scène reflète la vie entière de cette enfant violée par ses proches. Violée de bien des manières car on y apprend aussi que son père pigeait beaucoup dans la caisse de sa fille.

Et le destin de la fille de Whitney (et de Bobby)...quand l'abîme enracine l'abîme.

Voilà un documentaire que j'ai hâte de voir en entier.

Ne serais-ce que pour voir comment l'Homme peut être un loup pour l'Homme.

Je n'ai plus le même regard tout simple sur Whitney Houston.

J'y vois maintenant quelqu'un d'autre. Une proie.

Une riche victime, lourdement exploitée.

Jusqu'à plus soif.

I have nothing chantait-elle.
Elle en savait plus que nous là-dessus.

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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)