Contrairement à ce que l'on croit, le Festival de Cannes n'en est pas complètement un.
Festival.
C'est plutôt un club pour initiés.
C'est une fête, diffusant plusieurs films pour parents et amis de la planète cinéma mondiale. Les gens normaux. Comme vous et moi, n'assistent pas aux représentations, à moins de grande supercherie ou d'exceptions fameuses. Même que de plus en plus, on arrive pas à parler autant des films que des mondanités qui traînent autour.
C'est même davantage un marché qu'un concours. On exhibe donc beaucoup. Sur écran et ailleurs. Harvey Weinstein a exhibé son pénis et on l'a décrié. Il ne sera plus bienvenu nulle part dans l'univers cinémonde.
Et le Festival de Cannes, c'est un festival de films de partout dans le monde.
Le festival existe davantage sur photos, sur tapis rouge, dans les banquets de promo, les soirées de cocktails, sur la croisette avec la Méditérannée en arrière plan que sur grand écran. On a entendu des rapports de journalistes à la radio étourdis par ce qui se passait autour des films et pas assez pour les films eux-mêmes. C'est du panache parfois inopiné, avec comme prétexte, le cinéma mondial.
Les propositions et moments absurdes sont donc inévitables.
Ainsi, on a tenté de bannir les espadrilles et le soulier plat. Raté. On s'est fait un plaisir d'en porter même si on en aurait pas eu l'idée avant, ou de simplement enlever ses talons sur le tapis.
On a aussi tenté, cette année, de bannir les autoportraits. On s'est fait un plaisir de violer cette règle dès le premier jour.
On ne dompte pas les félins du cirque du cinéma.
Un mythe veut que sans un passage à ce festival, votre film perd presque toute ses chances d'être distribué ailleurs. C'est même plutôt maintenant l'inverse. Si vous voulez vous assurer que votre film soit vu dans le monde, vous êtes mieux de le présenter ailleurs. Mais ça parait encore bien de l'avoir d'abord présenté à Cannes. Si tel est le cas, on se penchera sur les critiques. Et si les voix ne font pas grands bruits. Vos chances seront effectivement étouffées.
C'est une valeur de prestige que de voir son film passer par Cannes, mais ce n'est pas gage de succès.
Netflix, bouffe encore tout ce marché.
L'important problème qui s'est aussi profilé avec Cannes c'est qu'un cercle d'amis s'y est créé. Peu importe la qualité des films des frères Taviani ou Coen, de Nikita Mikhalkov, de Xavier Dolan, de Lars Von Trier, ont les prendra sur le seul fait qu'ils ont déjà offert très apprécié des festivaliers, par le passé. C'est un peu un club fermé. Il existe une subtile et non formulée "admission assurée" pour certains élus. Il y a quelques fois des expulsés temporaires, comme Von Trier, qui avait formulé qu'il comprenait très bien ce qui avait motivé Hitler en 2011. Mais on l'a réaccepté cette année. Après 7 ans de réflexions. Emir Kusturica est encore rejeté pour son support public envers Vlaidmir Poutine.
Cette année, on a ouvert légèrement plus les portes. Beaucoup de nouveaux noms. Mais aussi Spike Lee, Jean-Luc Godard et Lea Seydoux. Les deux premiers pour leurs films. La dernière pour sa beauté. Cannes et le cinéma, c'est encore très artificiel. Et pas super égal avec les Femmes.
Le Festival de Cannes est une marque de commerce importante en France autant que Chanel #5, une référence aussi grande que la Tour Eiffel ou le Musée du Louvres, avec presqu'autant de touristes.
J'y ai foulé l'endroit en avril 1995. Le Festival ne faisait pas encore rage au moment où j'y suis passé mais tout était en place ou en voie de l'être. On s'y préparait. C'était mémorable pour le grand amateur de films que je suis. Je n'aurais pas voulu voir le superficiel du Festival en pleine action.
Les gagnants de cette année:
La Palme d'Or: Shoplifters de Hirokazu Kore-Eda
Le Grand Prix: BlaKkKlansman de Spike Lee
Le Prix du Jury: Capharnaum de Nadine Labaki
Un Prix Spécial pour l'ami JLG: Le Livre d'Images.
Le prix de la meilleur actrice à Samal Yeslyamova pour Akya.
Le prix du meilleur acteur à Marcello Fonte pour Dogman
Le prix du meilleur réalisateur à Pawel Pawlikoswki pour Guerre Froide
Le prix (ex-aequo) du meilleur scénario à Alice Rohrwacher pour Heureux Comme Lazare et Nader Saeivar pour Three Faces.
Deux palmes "queer" ont aussi été données, pour se donner bonne conscience, ce que je trouve aussi ridicule que si on avait remis un prix féministe ou un prix "mettant les noirs en valeur".
J'espère ces prix momentanés.
Enfin, Cannes est d'une autre planète, de toute manière.
Vous ne trouverez jamais ces films longtemps en salle.
If ever, ici.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)