Chaque mois, vers le milieu, comme je le fais pour le cinéma (dans les 10 premiers jours) et pour la littérature (dans les 10 derniers) , je vous entretiens d'un disque tiré de ma collection.
De mon coeur.
Le titre de ma chronique est inspiré de 4 albums qui font parti de mon ADN tellement je les connais, notes par notes.
Par ordre de création:
Blonde on Blonde de Bob Dylan
The Idiot d'Iggy Pop
Low de David Bowie
The Unforgettable Fire de U2
B.I.B.I c'est aussi moi. Ainsi que le terminaison du terme habibi qui veut dire en dialecte irakien, Je t'aime.
Musique, je t'aime.
Entre juillet et décembre 1967.
Jimi Hendrix est un perfectionniste. Ça tombe sur les nerfs du producteur du disque qu'il enregistre avec Noel Redding et Mitch Mitchell. Il finira par en être l'unique producteur, car le producteur lâche l'équipe. C'est qu'Hendrix, en plus d'exiger des dizaines et des dizaines de reprises, invite des dizaines et des dizaines d'amis pour évaluer ce qu'il fait. C'est un party sans arrêt.
Noel Redding en a tellement assez des sessions qui s'étirent qu'il forme son propre band, Fat Mattress, et ce sera Hendrix qui fera plusieurs session de base à sa place.
Hendrix avait si peu confiance en sa propre voix qu'il chantait souvent caché derrière des draps.
L'album sera double. Ce sera le troisième et le dernier album studio du grand guitariste gaucher.
Il ne sera terminé qu'en août 1968.
Jimi voulait une pochette qu'il avait imaginé très précise dans sa tête. Il voulait une photo du band, assis avec des enfants, au pied d'une sculpture d'Alice au pays des merveilles dans Central Park. Il voulait cette photo prise par l'excellente Linda Esatman, qui épouserait Paul McCartney l'année suivante. Il avait même dessiné la pochette pour bien décrire ce qu'il voulait. Mais ses demandes furent ignorées. La compagnie préféra utiliser une photo, éclairée de rouge et de jaune, de la tête de Jimi en spectacle au Saville Theater. À l'intérieur, une photo de 19 femmes (le ladyland) nues faisait extrêmement honte à Hendrix. Il trouvait ça vulgaire et non respectueux. Il n'aimait pas non plus la pochette principale du disque. En raison de la nudité, jugée pornographique, on bannit l'album chez plusieurs disquaires.
L'album sera lancé en novembre. Et considéré, encore de nos jours, comme l'un des plus marquants de l'histoire de la musique contemporaine. Du rock, assurément. Je seconde.
ELECTRIC LADYLAND de JIMI HENDRIX EXPERIENCE
L'album double s'ouvre sur une série de sons, plus qu'une musique. Lorsqu'écouté à l'envers, on peut entendre Jimi prétendre faire l'amour et l'entendre aussi clairement dire "fuck me one more time". Ça ne dure qu'une minute 51 secondes, mais dès le départ vous pourriez être débarqué de l'envie d'écouter la suite. Ça s'appelle ...And the God's Made Love. Comme les Dieux n'existent pas, ce morceau peut aussi ne pas exister.
(je ne pourrai vous mettre beaucoup de liens car les gens qui gèrent sa musique la protège durement. Il n'y aura presqu'uniquement que des "réinterprétations")
Le morceau qui suit est un premier vrai morceau musical. Introuvable sur le net, il offre la voix soul de Jimi Hendrix, et un doigté de guitare assez mélodique. Plus ballade que rock'n roll coup de poing.
Le troisième morceau est l'un de mes préférés. Coup de poing cette fois. Le trio complet de Jimi Hendrix Experience (JH, Noel Redding et Mitch Mitchell) s'y trouve. JH y joue de la guitare avec un peigne et un papier mouchoir à certains moments. La chanson fait référence au constant trafic à Manhattan entre le East side et le West side. Blues et acid rock.
La Face A se clôturait avec ce que certains ont appelé un interstellaire hootchie kootchie mélangeant le blues de Chicago et la science-fiction. À 15 minutes, c'est de loin la plus longue chanson de Jimi Hendrix. Ça emprunte aussi au jazz , avec des solos de batterie et de base. Le morceau a été inspiré par un jam avec Steve Winwood à l'orgue et Jack Casady à la base.
La Face B s'ouvre sur un délicieux morceau écrit et chanté par Noel Redding. Très sixties. Guitare douce et fort rythmée. La rumeur veut que Redding l'ait enregistrée chantée par lui parce que Jimi ne s'était pas présenté au studio cette journée là.
On enchaîne avec un joli morceau plus électrique que le lien ici présent. On y sent la chaleur du motown. Et de l'été. Al Kooper y joue du piano.
La pièce suivante est une reprise d'une chanson de Earl King, un artiste de Rythm 'n Blues de la Nouvelle-Orléans. Il s'agit d'une des premières chansons que JH jouait à l'école secondaire, au Spanish Music Club au sud de Seattle. C'est le tout dernier morceau enregistré par le trio, enregistré en une seule prise, afin de compléter l'album double. J'adore le rythme.
La chanson suivante a exigé plus de 50 réenregistrement de la part de Mitch Mitchell car le perfectionnismes d'Hendrix n'était jamais assouvi. On l'a lancé en single avec Crosstown Trafic.
La Face B se fermait sur un morceau ouvert par une partition de claviers. Il met en vedette le groupe de rhytm'n blue Sweet Inspirations dans les voix. Introspectif et mélancolique, ce sera le 4ème et dernier single.
La Face C s'ouvre sur un morceau qui offre du joli saxophone. Le morceau est un parfait jam fusionnel entre son claviériste Mike Finnigan et son batteur Buddy Miles. Freddie Smith est au sax. Un autre de mes morceaux préférés.
On enchaine ensuite avec une pièce de plus de 13 minutes. À la flûte, on y trouve Chris Wood du band de Steve Winwood, Traffic. On y entend de la guitare jouée par Jimi...à l'envers. Il y joue toutes les guitares, la base et certaines percussions. Noel Redding y est absent. JH produit des sons de goélands en manipulant le retour de son du micro et le flexatone afin faire croire à un son de cloche. Imaginatif.
On ferme la Face C avec une autre série de sons extraterrestres. Lorsque ralenti autour de 0.25 (dans les paramètres du video) on y entend beaucoup plus de variations. Et la minute et demie est plus longue.
On ouvre la dernière Face avec un morceau plus funk (introuvable) qui semble donner suite à Rainy Day, Dream Away. Jimi s'y agite les doigts sur sa guitare comme un Dieu. Bluesy autant que rock. Un peu motown aussi. Fameux jam.
Suit un morceau au commentaire social important sur le mouvement des droits civiques naissant en Amérique et ailleurs en 1967. Il y parle de violence, autour des noirs, violence jamais ralentie depuis.
All Along the Watchtower est une reprise d'un titre de Bob Dylan, sera le premier single tiré de l'album et un de ses succès les plus importants. JH a utilisé une pédale spéciale pour enregistrer son solo. Brian Jones, des Rolling Stones, est passé en studio pour participer au morceau, mais était si saoûl qu'il s'est évanoui au sol et n'a rien fait. Hendrix était un grand fan de Dylan. Dylan, pour sa part, était inspiré par l'inventivité de Jimi. Dylan a toujours dit par la suite que chaque fois qu'il l'a rechantée, il pensait rendre hommage à JH d'une certaine manière. Dave Mason y joue de la guitare 12 cordes.
L'album se clôt sur un de ses meilleurs morceaux. Le grunge avant l'heure.
Pour amateur de blues, de guitares, de créativité sonore, de motown, de soul, de 60's, de brit pop, de rock, de grunge, d'acid rock , de rythm'n blues, de hard rock et de psychédélisme.
L'album a 50 ans.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)