De fin de vie.
J'ai perdu un cousin de 43 ans en janvier. Bêtement. Hémorragie interne prise pour un mal de ventre et mal croisée entre alcool et Naproxen. Il est mort de solitude.
Cette jeune fille de 26 ans, de l'entourage de l'amoureuse, dont le ciel lui est aussi bêtement tombé sur la tête.
Ce cousin, acteur à Broadway, qui a choisi de mettre un terme à ses souffrances, à l'âge de 33 ans.
Entre vendredi dernier et samedi soir, j'ai conduit 14 heures entre Montréal et Kitchener. Pour assister aux derniers hommages en l'honneur de ce cousin. Y rencontrer la famille. Pleurer des grands moments. Ensemble.
La mort, outre les rides intérieures, me fait des choses bizarres. Des choses qui me font questionner la réalité de la vie. Un autre exemple a été la route musicale qui m'a amené à Kitchener. Et la même qui m'a ramené de Kitchener.
Pour y aller, les trois premières chansons de la playlist tirée de mon iphone, je voyageais seul, ont été des morceaux d'INXS, Joy Divison et Tom Waits.
...
Deux groupes dont le chanteur s'est pendu et un morceau qui parle du projet de se pendre.
J'allais pleurer un pendu.
Quel jeu joue tu avec moi là-haut?
Ça m'a effrayé.
Au morceau des Pixies qui ont inspiré le titre de cette chronique, j'ai eu un frisson.
Nos sens sont excessivement aiguisés dans des moments du genre. Peut-être trop. Quand je suis arrivé au Motel minable que j'avais réservé pour une nuit, j'ai pas pu me rendre au salon tout de suite. Les prochaines heures allaient être si lourdes, il fallait s'y préparer mentalement, un petit peu. La mère du défunt, une soeur ainée de mon père, est mère des 9 enfants elle-même. Mes parents, comme j'étais leur premier enfant, en 1972, ne savaient pas trop comment s'y prendre avec le concept du parrain et de la marraine. Ils m'avaient alors choisi deux amis à eux pour qu'ils soient mes parrains et marraines. Mais mes parents ont assez vite cessé de fréquenter ces amis, et j'ai été sans réels parrain/marraine pendant les 12/13 premières années de ma vie. Ça ne m'a jamais vraiment affecté. Sauf à Noël peut-être. Quand mes soeurs reçevaient de jolis cadeaux de leurs parrains/marraines, et que moi je les regardais les déballer. Mais encore, ça ne me faisait rien, vraiment. C'était un concept qui m'échappait à moi aussi.
Puis, vers 12/13 ans, mes parents ont choisi de faire un changement officiel et mon père de nommer une de ses grandes soeurs, et son mari, comme mes nouveaux parrains/marraines.
Mais ça restait encore malhabile*. Cette soeur avait déjà 9 enfants. Et habitait l'Ontario. Non seulement elle en avait déjà plein les bras, mais elle était fameusement loin. Pas que je recherchais à tout pris des cadeaux de leur part, mais de toutes ces années, je n'en aurais eu un seul de leur part, un gilet, remis à mes parents, qui me le donnerait en mai (loin de ma fête: février et loin de Noël), sans la présence du parrain ou de la marraine, qui allaient se séparer quelques années plus tard.
Avec le recul, c'était peut-être même mes parents qui avaient acheté le gilet, prenant pitié de moi n'ayant jamais reçu de cadeaux de parrains/marraines. Ma vision du parrain et de la marraine serait toujours assez abstraite.
C'est à cette marraine, veuve, que j'allais offrir mes sympathies. Une femme qui avait elle-même frôlé la mort l'année dernière lorsque trouvée inconsciente chez elle par une de ses filles. De qui je ne m'étais pas plus approchée depuis. M'étant informé de son états par d'autres. Une femme que je connais si peu.
Et qui enterrait maintenant son bébé. L'inconfort meublait tout l'atmosphère. L'épouvantable chambre à 75$ du Motel n'ajoutait rien au confort. J'ai pris le temps de traverser la rue et de me rendre au Chapter's en face. C'est le genre d'endroit qui me fait du bien assez vite. J'y ai trouvé un livre 10$ moins cher que chez nous. L'ai acheté. Sur fond d'Athéna Gervais que le Québec pleurait, je me suis rendu au salon.
C'était extrêmement lourd. 33 ans, c'est trop jeune. Mon cousin y était méconnaissable avec une barbe nettement fournie, que je ne lui avais jamais vu porter. La fragilité était intense. Les larmes omniprésentes. Même le curé sur place a échappé quelques larmes. Des comédiens et artisans de la scène de New York sur place étaient inconsolables. Nous étions nombreux. La famille était fort touchée de nos présences québécoises. On ne se voit franchement pas souvent depuis les années 80. Ça donnait des conversations gauches. Des absences de conversations surtout. Des balbutiements. Des débuts de conversations sans suite. On était tous égarés dans cette brume terrible. L'ex-femme du disparu, si frêle, paraissait encore plus minuscule.
La soeur chez qui le drame s'est produit m'a un peu réconcilié avec la décision de mon cousin de quitter cette planète. Mais elle vit avec un poids extraordinaire. Ses trois enfants et son ancien mari, qui ont découvert le corps et l'on trainé ailleurs vivent avec des images affreuses aussi. Ma tante/marraine était extrêmement heureuse de me savoir sur place. Encore plus de savoir que mes deux soeurs partiraient dans la nuit suivante pour assister à la messe du lendemain.
Une table rendant hommage au talent public de mon cousin, des photos avec Obama, Katy Perry, Taylor Swift, de lui sur scène dans Jersey Boys, American Idiot, Beautiful, et plus encore étaient tous sur une belle table. On a ri, on a pleuré, on a fait tous les temps.
À la messe du lendemain, un Jersey Boy est venu chanter l'Agnus Dei et on s'est tous effondré. Il était lui-même bouleversé par le moment après son tour de chant.
Beautés et horreurs étaient main dans la main.
On a tous tenter de digérer de l'indigeste traumatisme collectivement.
Sur le chemin du retour, en jouant ma playlist Lemonade, titrée d'un mot que j'aimais bien dans un morceau de cette playlist que j'aime encore plus, les deux premiers morceaux qui ont joué m'ont presque fait arrêter sur la route. Leurs titres...
Puis, j'ai échappé un sacre questionnant absolument le temps. À l'exact moment où les premières gouttes de pluie tombaient sur mon pare-brise commençait sur ma playlist ceci... J'ai même cru que les premiers sons étaient ceux du ciel.
Je ne pleurais pas, ayant assez donné auparavant, mais je ne comprenais soudainement plus ce ciel.
Ta porte est trop ouverte, ciel.
Ferme.
Close.
Schliessen.
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Mon père a maintenant un** nouveau joueur dans son équipe.
*Je ne leur en tiens absolument aucune rigueur
**Deux, avec le cousin du côté de ma mère
La mort, outre les rides intérieures, me fait des choses bizarres. Des choses qui me font questionner la réalité de la vie. Un autre exemple a été la route musicale qui m'a amené à Kitchener. Et la même qui m'a ramené de Kitchener.
Pour y aller, les trois premières chansons de la playlist tirée de mon iphone, je voyageais seul, ont été des morceaux d'INXS, Joy Divison et Tom Waits.
...
Deux groupes dont le chanteur s'est pendu et un morceau qui parle du projet de se pendre.
J'allais pleurer un pendu.
Quel jeu joue tu avec moi là-haut?
Ça m'a effrayé.
Au morceau des Pixies qui ont inspiré le titre de cette chronique, j'ai eu un frisson.
Nos sens sont excessivement aiguisés dans des moments du genre. Peut-être trop. Quand je suis arrivé au Motel minable que j'avais réservé pour une nuit, j'ai pas pu me rendre au salon tout de suite. Les prochaines heures allaient être si lourdes, il fallait s'y préparer mentalement, un petit peu. La mère du défunt, une soeur ainée de mon père, est mère des 9 enfants elle-même. Mes parents, comme j'étais leur premier enfant, en 1972, ne savaient pas trop comment s'y prendre avec le concept du parrain et de la marraine. Ils m'avaient alors choisi deux amis à eux pour qu'ils soient mes parrains et marraines. Mais mes parents ont assez vite cessé de fréquenter ces amis, et j'ai été sans réels parrain/marraine pendant les 12/13 premières années de ma vie. Ça ne m'a jamais vraiment affecté. Sauf à Noël peut-être. Quand mes soeurs reçevaient de jolis cadeaux de leurs parrains/marraines, et que moi je les regardais les déballer. Mais encore, ça ne me faisait rien, vraiment. C'était un concept qui m'échappait à moi aussi.
Puis, vers 12/13 ans, mes parents ont choisi de faire un changement officiel et mon père de nommer une de ses grandes soeurs, et son mari, comme mes nouveaux parrains/marraines.
Mais ça restait encore malhabile*. Cette soeur avait déjà 9 enfants. Et habitait l'Ontario. Non seulement elle en avait déjà plein les bras, mais elle était fameusement loin. Pas que je recherchais à tout pris des cadeaux de leur part, mais de toutes ces années, je n'en aurais eu un seul de leur part, un gilet, remis à mes parents, qui me le donnerait en mai (loin de ma fête: février et loin de Noël), sans la présence du parrain ou de la marraine, qui allaient se séparer quelques années plus tard.
Avec le recul, c'était peut-être même mes parents qui avaient acheté le gilet, prenant pitié de moi n'ayant jamais reçu de cadeaux de parrains/marraines. Ma vision du parrain et de la marraine serait toujours assez abstraite.
C'est à cette marraine, veuve, que j'allais offrir mes sympathies. Une femme qui avait elle-même frôlé la mort l'année dernière lorsque trouvée inconsciente chez elle par une de ses filles. De qui je ne m'étais pas plus approchée depuis. M'étant informé de son états par d'autres. Une femme que je connais si peu.
Et qui enterrait maintenant son bébé. L'inconfort meublait tout l'atmosphère. L'épouvantable chambre à 75$ du Motel n'ajoutait rien au confort. J'ai pris le temps de traverser la rue et de me rendre au Chapter's en face. C'est le genre d'endroit qui me fait du bien assez vite. J'y ai trouvé un livre 10$ moins cher que chez nous. L'ai acheté. Sur fond d'Athéna Gervais que le Québec pleurait, je me suis rendu au salon.
C'était extrêmement lourd. 33 ans, c'est trop jeune. Mon cousin y était méconnaissable avec une barbe nettement fournie, que je ne lui avais jamais vu porter. La fragilité était intense. Les larmes omniprésentes. Même le curé sur place a échappé quelques larmes. Des comédiens et artisans de la scène de New York sur place étaient inconsolables. Nous étions nombreux. La famille était fort touchée de nos présences québécoises. On ne se voit franchement pas souvent depuis les années 80. Ça donnait des conversations gauches. Des absences de conversations surtout. Des balbutiements. Des débuts de conversations sans suite. On était tous égarés dans cette brume terrible. L'ex-femme du disparu, si frêle, paraissait encore plus minuscule.
La soeur chez qui le drame s'est produit m'a un peu réconcilié avec la décision de mon cousin de quitter cette planète. Mais elle vit avec un poids extraordinaire. Ses trois enfants et son ancien mari, qui ont découvert le corps et l'on trainé ailleurs vivent avec des images affreuses aussi. Ma tante/marraine était extrêmement heureuse de me savoir sur place. Encore plus de savoir que mes deux soeurs partiraient dans la nuit suivante pour assister à la messe du lendemain.
Une table rendant hommage au talent public de mon cousin, des photos avec Obama, Katy Perry, Taylor Swift, de lui sur scène dans Jersey Boys, American Idiot, Beautiful, et plus encore étaient tous sur une belle table. On a ri, on a pleuré, on a fait tous les temps.
À la messe du lendemain, un Jersey Boy est venu chanter l'Agnus Dei et on s'est tous effondré. Il était lui-même bouleversé par le moment après son tour de chant.
Beautés et horreurs étaient main dans la main.
On a tous tenter de digérer de l'indigeste traumatisme collectivement.
Sur le chemin du retour, en jouant ma playlist Lemonade, titrée d'un mot que j'aimais bien dans un morceau de cette playlist que j'aime encore plus, les deux premiers morceaux qui ont joué m'ont presque fait arrêter sur la route. Leurs titres...
Puis, j'ai échappé un sacre questionnant absolument le temps. À l'exact moment où les premières gouttes de pluie tombaient sur mon pare-brise commençait sur ma playlist ceci... J'ai même cru que les premiers sons étaient ceux du ciel.
Je ne pleurais pas, ayant assez donné auparavant, mais je ne comprenais soudainement plus ce ciel.
Ta porte est trop ouverte, ciel.
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Mon père a maintenant un** nouveau joueur dans son équipe.
*Je ne leur en tiens absolument aucune rigueur
**Deux, avec le cousin du côté de ma mère
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)