Manuel Antonio Noriega Moreno est né dans une famille métis, assez pauvre de Panama City. Son "père" est comptable, sa mère, cuisinière et blanchisseuse. Quand maman meurt de la tuberculose, papa rejette "son fils", puisque plus il grandit, plus il ressemble au domestique, un Moreno. Manuel gardera son patronyme car il est probablement son fils à lui. C'est une marraine qui l'élève dans un quartier mal famé.
Mais il ira quand même à l'école militaire où il gradue jusque dans l'armée panaméenne. Parce que la CIA, dès la fin de ses études, dans les années 50, le recrute comme informateur contre l'influence de Cuba. Noriega deviendra grand trafiquant de drogue, ce sur quoi les États-Unis fermeront les yeux (profiteront même) en retour d'infos, de plus en plus sollicitées quand les guérillas d'inspiration marxistes s'activent sur tout le continent.
En 1966 la rencontre déterminante d'Omar Torrijos, dans la garde nationale panaméenne, avec lequel, il fomente un plan pour renverser le gouvernement en place.
En 1968, le gouvernement d'Arnulfo Arias est renversé et Torrijos se déclare nouveau leader du gouvernement. Son ami Manuel sera chef de l'intelligence militaire. Il a été formé par la CIA en contre-espionnage à la base militaire de Fort Gullick, au Panama, et formé aussi sur les guerres psychologiques en Caroline du Nord.
Noriega est facilitateur pour l'Agence Nationale de Sécurité (La NSA d'Edward Snowden). La Panama est considéré comme le pays principal pour Washington afin de surveiller les communications et lutter contre les mouvements d'inspiration communistes d'Amérique Centrale. On lui fait tant confiance que Richard Nixon, en 1971, l'envoie, lui, négocier à Cuba la libération des équipages des États-Unis de deux cargos arraisonnés par la marine cubaine.
Mais son passage à Cuba le transforme en agent double. Il s'associe aux narcotrafiquants pour faire passer de la drogue aux États-Unis. Parmi eux, Pablo Escobar. Entre 1970 et 1987, son nom sort dans 80 affaires différentes de trafic de cocaïne lors d'enquêtes de l'agence fédérale anti drogue des États-Unis. Qui ne savent rien de ses liens avec la CIA.
En 1976, les États-Unis commencent à le trouver fatigant. Mais son directeur, un certain George H.Bush, trouve qu'il rend de très fiers services contre la montée du communisme et apaise les craintes. En 1983, les cubains construisent une piste d'atterrissage sur l'île de la Grenade, les États-Unis envahissent et afin d'éviter un affrontement mortel et sanguinaire, c'est Manuel Noriega qui sera le tampon entre les deux nations.
Torrijos est décédé depuis 1981, en 1983, Noriega se déclare de facto principal dirigeant du Panama. Les États-Unis n'y verra d'abord que des avantages. Mais bien assez vite, on découvre peu à peu qu'il vend des infos à Cuba, et aux pays de l'Est, sur les États-Unis.
De plus, l'ancien vice-ministre de la santé sous Torrijos, le médecin Hugo Spadafora, héros sandiniste, critique la militarisation du pays et expose Noriega comme le baron de la drogue qu'il est. On le fera capturer et il sera décapité. L'enquête sur la mort de Spadafora est tout de suite court circuitée par Noriega.
En 1988, les États-Unis choisissent de s'ouvrir les yeux et l'inculpe pour ce qu'ils savent depuis très longtemps, trafic de cocaïne, corruption et blanchiment d'argent.
La chute de l'Union Soviétique met fin à la Guerre Froide. La CIA ne paiera plus Noriega, devenu infréquentable. En 1989, quand un soldat des États-Unis est assassiné par les militaires panaméens, George H. Bush, maintenant 41ème président des États-Unis, en sait beaucoup sur son ancien employé, il fait envahir le Panama par son pays. Il y a 35 000 Étatsuniens dans le canal et leur sécurité est menacée. Le 20 décembre, le régime de Noriega est éteint. Noriega est capturé le 3 janvier suivant et envoyé en tôle aux États-Unis pour 40 ans. Il en servira 17 pour bon comportement.
Il sera ensuite extradé en France où il est condamné pour 7 ans pour blanchiment d'argent. Mais après un peu moins de deux ans, il est extradé à nouveau au Panama. Là-bas, il est aussitôt traduit en justice pour meurtre.
En mars dernier, on lui diagnostique une tumeur au cerveau, en prison. Il en meurt fin mai dernier. À 83 ans.
L'allié des États-Unis, tout aussi nemesis.
Comme Oussama, Muammar, Augusto.
Faut peu frayer avec les États-Unis.
Encore moins de nos jours.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)