Don DeLillo est né dans le Bronx en 1936. Issu d'une famille italo-étatsunienne, ils sont 11 sous le même toit et on y mélange anglais et italien en tout temps.
Il se développe un goût de la lecture dans la vingtaine, quand il obtient un travail de surveillant de stationnement. Ce qu'il fait mal, puisqu'il lit. Mais il découvre Faulkner, Joyce, Flannery O'Connor et Hemingway. Il est aussi largement inspiré par le jazz de Coleman, Mingus, Coltrane ou Davis et le cinéma de Godard, Kubrick, Antonioni, Truffaut, Altman, Coppola ou Scorcese. Une fois sorti de l'université, gradué en communications et en arts, il travaille en publicité pour Sears Roebuck. Quand il commence à devenir bon, on pense à le promouvoir. Dépourvu de réelles ambitions, il préfère quitter. L'idée de travailler davantage ne lui plait pas. Sa première nouvelle est publiée en 1960, dans le magazine Epoch, de l'Université Cornell.
Il prend 4 longues années à écrire son premier roman, qu'il s'étonne de voir publier. Americana raconte gauchement l'histoire d'un directeur de programmation télé devenu réalisateur de films d'avant-garde. L'accueil sera modeste en 1971. DeLillo n'aime pas trop son propre livre où il ne s'est aperçu qu'à la moitié de la rédaction qu'il était probablement un écrivain. Le livre est suivi l'année suivante par End Zone, une comédie noire mêlant football collégial et guerre nucléaire. Un an plus loin, il lance Great Jones Street, une satire sur le rock'n roll que DeLillo, avec le temps, aurait souhaité plus drôle.
En 1975, Don épouse Barbara Bennett, ancienne banquière devenue designer paysager.
En 1976, DeLillo lance son livre le plus étoffé avec Ratner's Star, récit construit autour du Alice in Wonderland de Lewis Carroll et de Alice Through the Looking Glass du même homme. Le livre est favorablement comparé à du Thomas Pynchon et raconte l'histoire d'un génie en maths de 14 ans, dans une histoire picaresque, qui joint un consortium international de scientifiques tentant de décoder un message extra-terrestre. Ce sera le roman favori de DeLillo de toute son oeuvre. Et le plus difficile à écrire. Ceci expliquant probablement cela.
Il fait suivre par deux nouvelles beaucoup plus courtes, Players en 1977, qui raconte un jeune couple de yuppie dont le mari commence à frayer avec une cellule terroriste; puis par Running Dog, en 1978, un thriller narrant les aventures de gens, recherchant frénétiquement un morceau de film, montrant Hitler dans des prouesses sexuelles. Il gagne en 1978 une bourse Guggenheim qui l'envoie au Moyen-Orient et en Grèce, où il pondra ses 2 prochains romans: Amazons, une horreur racontant la fictive vie de la première femme jouant dans la Ligue Nationale de Hockey et The Names, un complexe thriller mettant en lumière les découverte d'un analyste de risque et des assassins moyen-orientaux.
DeLillo ne réalise pas encore complètement qu'il pourrait être défini par son oeuvre. C'est trois ans plus tard, en 1985, qu'il le comprend. White Noise, chronique nucléo dévastatrice à saveur toxique de la banlieue, le place comme un écrivain important, suscitant l'admiration des David Foster Wallace, Martin Amis, Jonathan Lethem, Jonathan Franzen, Dave Eggers, Zadie Smith et Richard Powers. DeLillo se mérite le National Book Award for Fiction pour ce livre qui sera le premier que je découvrirai.
En 1988, il écrit Libra, une fiction sur la vie présumée de Lee Harvey Oswald et par défaut sur l'assassinat de JFK. Ses suppositions ne feront pas l'unanimité. Inspiré par la fatwa imposée contre l'auteur Salman Rushdie, et par l'intrusion de la presse dans la vie privée de J.D. Salinger, DeLillo lance Mao II, une critique du terrorisme et des médias. Thomas Pynchon et John Banville saluent publiquement ce livre. Son livre sera finaliste pour le Pen/Faulkner Award et un prix Pultizer.
DeLillo prendra plusieurs années avant de réécrire en forme de roman. Il publie deux courtes nouvelles, et lance en 1997, un chef d'oeuvre: Underworld. Une brique de 800 pages située dans le contexte de la guerre froide. DeLillo restera toujours étonné que l'on s'intéresse à ce livre "trop long et avec plus de 100 personnages, pourquoi ça intéresserait tant de gens?" . C'est le second DeLillo que je découvre quand un ami me le lègue en cadeau. Bien que souvent bien accueilli, l'oeuvre de DeLillo ne sera jamais aussi bonne par la suite.
Redécouvrant la beauté de courts romans de Camus, Handke et Frisch il lance le court The Body Artist, assez mal accueilli. Deux ans plus tard, en 2003, Cosmopolis est encore plus mal reçu puisqu'on attendait de lui une injuste réflexion post-septembre-2001, Cronenberg en fera quand même un film noir en 2012.
DeLillo commet l'irréparable et s'ajuste aux attentes du public en publiant Falling Man en 2007, sur les attaques du 11 septembre 2001. Raté. En 2009, il publie Midnight in Dostoevsky, une courte nouvelle dans le New Yorker. En 2007, il avait aussi publié Still Life sous le même format. Nouvelle qui annonçait Falling Man.
Le quinzième roman de DeLillo sera Point Omega, une archi courte nouvelle (117 pages), inutilement compliquée, structurée en haïku et philosophico-guimauve.
L'an dernier, il publie son dernier roman, Zero K, l'histoire d'un milliardaire, tentant de devenir immortel, lorsqu'insipiré par la maladie terminale de sa femme, tel que narrée par le fils de ceux-ci. DeLillo tentant de faire du DeLillo.
En 1979, 1986, 1999, 2006 et 2007, DeLillo écrit pour le théâtre et est joué. Des adaptations pour Libra et Mao II ont aussi été écrites mais jamais montées. Son théâtre croise Beckett et Pinter dans le style, ce qu'il ne trouve pas, lui-même.
J'ai mis Libra et Mao II sur ma liste de suggestions cadeaux pour Noël 2017.
Don DeLillo aura demain 81 ans.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)