Les 4 mots du titre de la chronique sont tirés de 4 albums dont je connais le contenu par coeur et dont chaque note et chaque mot fait parti de mon ADN.
Par ordre de création:
Blonde on Blonde de Bob Dylan
The Idiot d'Iggy Pop
Low de David Bowie
The Unforgettable Fire de U2
B.I.B.I. c'est moi. C'est aussi la terminaison du mot habibi qui veut dire "je t'aime" en dialecte irakien.
La musique est une maîtresse que j'aime.
2007.
Elizabeth ("Lizzie") Grant se prépare à enregistrer un premier disque. Elle se choisit comme pseudonyme Lana Del Ray. Mais de nombreux désaccords avec l'équipe travaillant autour d'elle font en sorte que tout est annulé, (bien qu'enregistré), et on rachète son contrat pour ne plus faire affaire avec elle. Lizzie a tout de la fille facile, mais ne l'est pas.
En 2011, elle reprend du service et change son nom pour Lana Del REy. Elle reprend les droits de ses morceaux, les retravaille avec Patrick Berger (Robyn), Jeff Bhasker (Kanye West, Jay-Z, Drake, Alicia Keys), Chris Braide (Natalie Bassingwaithe), Emile Haynie (Kanye West), Justin Parker (Sia), Rick Nowels (Celine Dion), Robopop (Gym Class Heroes, Maroon 5) et Al Shux (Jay Z. Alicia Keys).
Tous ses producteurs, tous ses artistes qu'ils ont produit, auraient dû me tenir très loin de Lana. Pourtant sa chanson Video Games vient me chercher. Et je ne suis aucunement gamer...
La dégaine lente et légèrement désoeuvrée, le clip formidable. Alors que l'album coûte moins de 10$ je me risque et achète l'album de la brune blondie. J'y trouve la blonde/brune des films de David Lynch. J'y trouve aussi la superficialité générationnelle. J'y trouve mon époque en Amérique. Un passée d'adolescent aussi.
Un décadence qui est parfois encore la mienne. J'achèterai aussi son second album. Parce que j'adore Marc Ribot (qui le produit) et parce que le premier extrait tiré de l'album me jette au sol. Lana Del Rey est une dealeuse de drogue. Ensorcelante. West Coast reste une des chansons (dans mon téléphone, playlist: Fun) qui me bouleverse encore le plus. Ne serais-ce que dans sa construction.
2011
BORN TO DIE de Lana Del Rey
La chanson titre ouvre l'album. Gangsta Nancy Sinatra, Lana nous offre une ballade presque cabaret, sombre, noire. Sa voix est plus souvent qu'autrement très basse. Elle soutient que lorsqu'elle chantait plus haut, personne ne la prenait au sérieux. La chanson est un hommage aux amours vraies et au gens qui vivent à fond dans la folie. Ça me gagne.
La seconde chanson est ma préférée de Del Rey. Freak show de dépendance inappropriée, la chanson passe par plusieurs niveaux de chants, ce qui me plait toujours quand c'est bien fait. On croirait même qu'une autre chanteuse s'y glisse. Elle marmonne comme une cheerleader désabusée certains passages, cite Nabokov en ouverture de Lolita, (titre qui reviendra), et utilise le cloud rap avec la voix de Hypeman en arrière plan. J'y vois un film dans ce 5 minutes. C'est dire comment il m'inspire.
La chanson suivante emprunte un titre à mon artiste favori. C'est comme du ZZ Top en trip hop avec des twangs de surf guitar. C'était prévu comme un deuxième side de promo demo, mais ça pogne autant que Video Games, alors on a lancé le morceau tout seul aussi.
Ode à l'idée d'être ignorée et de la douleur sulfureuse et de s'accrocher à l'illusion du bonheur, Video Games offre une fatalité qui nous laisse croire que Lana se sourira jamais. J'aime les filles qui sourient peu. Leur sourire est toujours plus beau lorsqu'on réussi à les faire craquer,
Pour la chanson suivante, Lana se la chante dans son téléphone en marchant quand l'air lui naît en tête. C'est un Rhythm & n Blues mid-tempo dont le placotage murmuré offre à la fois une sensualité étrange, et à la fois l'impression que nous écoutons l'album d'une noyée. Del Rey se déclare elle-même, monstrueuse, phénoménale, capricieuse (freak).
Mise en scène dans un autre clip fabuleux, cette fois Lana est la brune des films de Lynch. Comme plusieurs de ses chansons, elle utilise une technique de rap croisée avec un beat hip hop, techno appuyée de lourde basse. Rien qui ne devrait me plaire, Et pourtant...
Le paradis noir semble être le seule que connaît Lara. Mélodrame gothique, on entend un ange déchu chanter sa déchéance.
Radio fait chanter Lana le mot Fucking avec une grâce rare. Et assure la chanson de ne jamais y passer (à la radio des États-Unis).
Carmen est une autre chanson parmi mes préférées de Lana Del Rey. Pour elle, c'est toutefois une cicatrice puisqu'elle y parle d'une manière hantée d'une femme travaillant les rues en y vendant son corps. Elle ne veut pas élaborer davantage sur la chose, mais elle prétend que cette chanson la fait souffrir, ce qui laisse croire que la Carmen de son titre est une Lana déguisée.
La chanson suivante offre le fantasme naïf de la recherche du confort multimilionnaire. Sa voix est une fumée sexuelle pleine d'âme, parfois morte ou hantée, nous gardant sur la pointe des pieds entre le couloir du désir et celui de la mort.
Il était inévitable que l'été ne pouvait qu'être triste pour cette gosse de riche. La chanson a été le 4ème single de l'album et a gagné une seconde vie quand un DJ français l'a largement remixée.
La chanson suivante documente la typiquement moderne fascination des adolescentes convaincues, à 16 ans, d'être devenues adultes. La chanson est chantée de la perspective d'une jeune fille de 16 ans. Chanson auto destructrice et on nage dans le superficiel profond avec ce morceau là. (Et l'erroné. les filles, même de 16 ans, ne sont pas toutes comme ça)
L'album aurait dû se terminer là, mais on offre trois bonus tracks. La première des trois "bonus", est une chanson qui me plait peu, entre autre parce qu'elle est très peu féministe. Elle n'est rien sans lui, troquerait sa fortune pour du linge, des voitures, elle laisserait tomber tous ses rêves pour lui...une laisse et du manger mou avec ça? On y fait aussi référence au Lolita de Nabokov.
Le morceau suivant est directement issu de la bouche de Lolita. J'ai de la difficulté avec la romance autour du personnage. C'était un personnage de 12 ans! Not my world.
Le dernier morceau évoque un morceau de Chicago de 1982. Le meilleur des trois bonus en ce qui me concerne. Aurait dû se trouver sur l'album.
Pour amateurs de musique trip hop, pop, rap aérien, d'intimité sombre, de musique aux parfums sexuels, de timbre féminin bas pouvant glisser dans le très haut. de décadence de jeune adulte, de sordide, d'arrangement somptueux sur ton funéraire, d'étés mélancoliques, d'échos intérressants, enfin pour amateur de textures baroques.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)