Chaque mois, vers le début, je vous parle d'un film, tout comme je vous parle de musique (vers le milieu) et comme je vous parle de littérature (vers la fin) honorant du même coup trois passions qui m'habitent du cheveux à l'orteil.
Je vous parle d'un film qui m'a plu par sa facture visuelle, sonore, narrative, esthétique, par ses intervenants, son impact sur ma personne, tout ça en même temps, bien souvent.
Un film qui m'a ouvert les sens.
Voici un de mes plus grands.
Warren Beatty me fascine. Jeune ado, un peu comme les membres de Duran Duran, je voulais sa vingtaine. Mais bon...quand même...j'ai maturé.
Reste que le choix de ses films me plaisaient aussi. Le premier que je verrais mettant en vedette Warren serait Bonnie & Clyde et le film m'avait beaucoup impressionné, ado. J'avais aussi vu par la suite Heaven Can Wait et Shampoo, toujours ado, mais n'avait pas du tout été impressionné des résultats. Ce que je retenais toutefois était que Beatty était maître de ses choix. Il co-réalisait, co-scénarisait, jouait et produisait le premier film et faisait la même chose pour le second. Ça, j'aimais beaucoup. Maître de sa destinée. Ishtar était précédé d'un tel vent de catastrophe qu'on a jamais (mes amis et moi) osé mettre les yeux là-dessus. Mais le film de 1982, je l'ai vu tout seul. Dans mon sous-sol de Sillery. Et j'ai été flabbergasté. Je devais encore être ado, mais plus près de la vingtaine. Alors que les perspectives se modifiaient grandement.
John Reed était un journaliste intense. Natif des États-Unis, militant communiste, il a été couvrir la révolution Bolchévique en étant lui-même partout dans les tranchées, le temps de la révolution d'octobre. Du journalisme gonzo avant l'heure. Il en fera un livre extrêmement important, Ten Days That Shook The World, socialement, journalistiquement et sera la mari de l'écrivain féministe Louise Bryant. Il reste le seul Américain, à ce jour, enterré sur la Place Rouge du Kremlin.
Warren Beatty était très intrigué par le projet Comrade dès 1966. Un premier script était prêt dès 1969. En 1976, Beatty s'adjoint les service du scénariste Trevor Griffiths Pour faire avancer le projet mais la femme de celui-ci perd la vie dans un accident d'avion et tout ça est repoussé presque 2 ans. Elaine May, amie de Beatty, collabore aux multiples réécritures. Beatty ne voulait pas jouer dans le film, ni même le diriger à l'origine. Mais dès 1971, il filme des témoins et des gens ayant connu Reed pour des fins de recherches sur le personnage qu'il veut faire jouer par John Lithgow. Il finira par intégrer des morceaux d'entrevues, comme espace de transition, dans le film. Beatty pense aussi à Sam Shepard ou James Taylor dans la peau de Eugene O'Neill. Mais Beatty jouera finalement Reed et Jack Nicholson, O'Neill.
Les témoins offriront une perspectives réelles (et nouvelle) sur la fiction tournée et jouée par Beatty, Keaton, Stapleton et O'Neill. En effet, Diane Keaton et Maureen Stapleton sont des femmes importantes de la distribution qui comprend aussi au final Paul Sorvino, M.Emmett Walsh, Edward Hermann & Jerzy Kosinski. L'aspect documentaire de la fiction inspirée de faits réels, ajoute une transition extrêmement humaine de la présentation du sujet.
Warren & Diane étaient un couple pendant le tournage et leur liaison s'est confondue avec celle des personnages, survivant tout juste à peine les plateaux. La pochette reste l'une des plus belles, trouve le romantique en moi.
Maureen Stapleton gagnera l'Oscar de le meilleure actrice pour un rôle de soutien, Vittorio Stotaro l'Oscar de le meilleure cinématographie et Beatty, celle de la meilleure réalisation. le film aura 9 autres nominations dont celle du meilleur film. Le film, à saveur politique (jamais un gros vendeur) et à distribution restreinte (justement parce que dur à vendre (à 195 minutes en plus!), sera le 13ème film faisant les meilleures recettes de 1981 en Amérique.
Helsinki est devenue l'enneigée Union Soviétique, Paul Sorvino aurait subi 70 reprises d'une même scène et Maureen Stapleton 80. Diane Keaton est époustoufflante dans la peau de Louise Bryant, rôle extrêmement exigeant et Jack Nicholson est formidable de retenue dans la peau d'un Eugene O'Neill tempéré et brutalement mâle dans les années 20.
Le film reste un de mes films préférés de tous les temps et de simplement jeter un regard sur sa pochette, peut faire ma journée.
À découvrir si vous avez 195 minutes devant vous.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)