J'adore la folie douce d'Eugene. Voici en 10 pièces (+1) l'artiste tel que je l'aime.
Ionesco ne parlera jamais d'absurde autant que de "grossir les ficelles de l'illusion théâtrale". La pièce, aux phrases qui n'ont souvent rien à voir avec la phrase précédente (comme dans les apprentissages des méthodes Assimil) fait scandale et les gens chahutent devant le manque de cohérence. Elle connait donc beaucoup de succès puisqu'on s'y rend pour aller se défouler. Et bien rigoler, car tout ça reste très drôle. Le titre original était L'Anglais Sans Peine. Mais on trouve que ça se rapproche trop de L'Anglais Tel qu'on Le Parle, un vaudeville de Tristant Bernard de 1899. En répétant, le comédien jouant le pompier, qui devait parler d'une institutrice blonde, a un trou de mémoire et parle plutôt d'une cantatrice chauve. Ionesco a trouvé son titre. le collège de pataphysique s'intéresse beaucoup à la pièce, Ionesco est lancé. Nous sommes en 1950.
La Leçon
Une leçon privée entre un vieil enseignant et son élève, voit la leçon augmenter en difficultés et se termine très mal, l'enseignant faisant de son élève, sa 40ème victime de la journée quand l'élève ne comprendra plus le maître et qu'un fossé de connaissance les séparera à jamais. Souiller l'innocence à défaut de la préserver. Ionesco place un texte burlesque sur un jeu dramatique et vice-versa. Il fait dire aux mots (encore) des choses qu'ils n'ont jamais voulu dire. Encore très drôle. Nous sommes en 1951.
Les Chaises
Le théâtre de Ionesco est comme du théâtre de rêve. Son théâtre étouffe les conventions. Ionesco adore les mouvements répétés. Dans Victime du Devoir son personnage surpeuplera la pièce de tasses de café. Dans Amédée ou Comment S'en Débarrasser, le mort grandit dans la démesure. Dans Jeux de Massacre, on se tue sans arrêt par peur de contamination. Dans les Chaises, on ne cesse d'amener des chaises, afin de contenir les possibles nombreux invités. Le néant est le sujet de la pièce. L'irrationnel s'y glisse plus solidement encore. On frôle le fantastique et le dystopique. Nous sommes en 1952.
Victime du Devoir
La pièce retrace l'itinéraire loufoque et symbolique, drôle et tragique de Choubert, homme doux et timide, de son mariage à sa mort cruelle, en passant par une descente aux enfers et des moments d'illuminations magiques. Ionesco se livre personnellement. Il nous parle de sa relation avec son père, de son enfance solitaire, de la désunion d'avec lui et de la lourdeur et des illuminations qui étaient siennes vers 1927-1928. Il veut nous parler de la fin de la pesanteur et du retour à la lumière. Nous sommes en 1953.
Amédée ou Comment s'en Débarrasser
Un couple vit depuis 15 ans dans l'obsession du secret que renferme la chambre d'à côté. On y découvre les jambes d'un cadavre. Jambes qui deviendront exponentielles. Réflexions sur le remords. Le personnage principal est d'abord abattu et résigné, puis décide de prendre ses responsabilités. Sa femme, au contraire, le pousse à faire quelque chose en attaquant une prétendue lâcheté, mais à la fin, elle fait tout pour le contenir. La pièce aurait été écrite vers 1939, quand Ionesco est entré en contact avec des soldats des États-Unis (nom impliqués encore dans le conflit de la Seconde Grande Guerre), ce qui explique leur présence dans la pièce. Une comédie naïve qui relève autant de la psychologie que de la morale. Nous sommes en 1954.
Jacques ou la Soumission
D'abord drame familial, ou une parodie de drame familial. C'est aussi un cri de révolte. Jacques est un jeune homme qui ne supporte pas le compromis qu'imposent à tout individu la famille et la société. Il sera aux prises avec ses parents et ses beaux-parents qui, ligués contre lui, veulent le forcer à rentrer dans le rang. Il refusera drastiquement les pommes au lard, ce qui trahit un fossé entre les générations. Il refuse ensuite la fiancé qu'on lui propose, puis, refuse la fiancée de remplacement, en tout point identique, sinon qu'elle a 3 nez. Chaque fois, il finit par se soumettre. Nous sommes en 1955.
Scène à Quatre
Dupond et Durant se chicanent sur un sujet qui restera inconnu. Ils s'accusent mutuellement et nient tout autant. Martin arrive mais rien n'y fait, l'abstrait conflit persiste. Une jolie dame arrive et les 3 clament qu'elle est leur fiancée. Ils en viennent tous aux coups. Pièce extrêmement légère qui laisse le spectateur tenter de trouver pourquoi ces guignols se disputent, et ce, jusqu'à la fin. Qui est une bagarre générale. Nous sommes en 1959.
Rhinocéros
La pièce dépeint une épidémie imaginaire de "Rhinocérite", maladie qui transforme les gens en rhinocéros et qui effraie tous les habitants d'une ville. Métaphore de la montée des totalitarismes à l'aube de la Seconde Guerre Mondiale. Pièce clairement politique de Ionesco. Humaniste aussi. Elle aborde les thèmes du conformisme et de la résistance au pouvoir politique. Affront des comportements grégaires de la foule qui suit les mouvements sans se questionner. Le personnage le plus humain sera le seul à ne pas devenir rhinocéros. Nous sommes toujours en 1959.
L'Avenir est dans les Oeufs
Écrite en 1951, il s'agit d'une suite à Jacques ou La Soumission (qui elle avait été écrite aussi avant). Courte pièce, souvent présentée à même la même copie papier que sa première partie. "Vous réfléchissez? moi aussi. Mais dans un miroir" et "La vérité n'a que 2 faces, mais son 3ème côté vaut mieux!" sont 2 des perles de ses pièces. Nous sommes en 1962.
Le Roi se Meurt
On annonce la fin du règne du roi. Celui-ci refuse d'admettre la réalité. Il contestera tout ce que le médecin lui dira sur sa santé. Il essaiera de se lever toute la pièce, sans succès. La décor disparaît peu à peu, invitant la mort à prendre toute la place. Ionesco, 53 ans, parle de la mort et de nos comportements face à celle-ci. Réflexion sur l'écoulement du temps et la décrépitude, ainsi que sur la perception du réel. Nous sommes encore en 1962.
Macbett
1972. Si il y a différence d'orthographe d'avec le Macbeth de Shakespeare, Ionesco s'amuse toutefois à en reprendre plusieurs aspects de la narration et de l'appliquer à la guerre que se livreront les comtes de Glamiss et de Candor avec le souverain Duncan. Lady Duncan courtisera Macbett et lui donnera le royaume. Lady Duncan se retournera contre Duncan le souverain, en complicité avec Macbett. Le fils adoptif de Duncan s'en mêlera aussi. La pièce se termine sur promesse de tyrannie et d'hostilité.
Comme les États-Unis depuis hier.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire
Certaines Conditions S'Appliquent:
Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)