samedi 3 décembre 2016

Hommes De Main Chez Bob Marley

"The thing about a thug is he can only think small"

Bombocloth.

La Jamaïque est malheureusement un pays plutôt corrompu. Mené par une vingtaine de familles de puissants qui se partagent les régions depuis 1962. L'indice de corruption varie d'années en années mais entre 1966 et 1991, les influences et ingérences politiques ainsi que les gangs dans le trafic de produits illicites faisaient bon ménage.

Dans les années 70, il manquait d'à peu près tout. Pâte à dents, confitures, papiers de toilettes, produits essentiels. Les tablettes étaient vides. Dix ans après l'indépendance Jamaicaine, en 1972, le pays était dans la dèche.

Le Parti National du Peuple (PNP) de Micheal Manley prend le pouvoir, remplaçant le Jamaica Labour Party (JLP) qui sévit depuis une génération et qui a même construit son propre quartier d'alliés: Tavares Garden. Un autre quartier, pauvre et peuplé de Rastafaris, avait aussi été géré par le ministère du logement du JLP afin de devenir Tivoli Garden sous l'idée: un logement = un vote. L'intimidation et le crime faisant aussi parti des stratégies électorales.

La plupart des Rastafaris ont été évincés de Tivoli Garden, prêtant alors aussitôt allégeance au PNP de Micheal Manley.

Une fois le PNP au pouvoir en 1972, celui-ci construit sa réplique de Tivoli Gardens: Amett Gardens. Ce faisant, le PNP commettait la même erreur d'évincer des locaux qui se retournaient automatiquement contre eux.

Les deux "jardins" étaient plutôt des "jungles concrètes". Avec ses lois improvisées à même la rue.
Manley, un socialiste, inquiétait les États-Unis de Kissinger Nixon qui y voyait un potenteil futur Cuba. Ils avaient donc infiltré des membres de la CIA au sein du JLP afin de leur faire gagner leurs prochaines élections prévues en 1976.

Winston Blake dit "Burry Boy" et son homme de main, George "Feathermop" Spence étaient tous deux les leaders des gangs pro-Manley, pro-PNP. Ils circulaient principalement en scooter et n'hésitaient pas à faire régner la terreur là où on était pas clairement PNP.
Soutenu politiquement par Manley, les deux criminels ont pu opérer leur business de drogue et de prostitution sans jamais être inquiétés puisqu'ils assuraient la sécurité de la Présidence. Ils s'en tiraient avec des histoires de meurtres sans soucis.

Corruption à l'état brut.

Dès 1974, Burry Boy & Feathermop règnent en rois et maître dans leur empire. Ils assassinent des partisans du JLP, attaquent des gens en train de veiller un mort (un autre activiste du JLP) et harcèlent violemment les loyalistes du JLP lors de rassemblements.

Ceux-ci leurs rendront la pareil par la suite.

Ils étaient ce que l'on appelaient des "political mobsters".

Claude Massop (et avant lui Lester Lloyd Coke), un criminel alors dans la vingtaine, est le leader de l'équivalent de la bande à Burry Boy et Feathermop: la Shower Posse Gang à Tivoli Garden, tous partisans de l'autre clan, celui du JLP.

Des carnages politiques, ethniques, personnels, d'affaire ont lieu entre les deux clans toutes les années 70.

Burry Boy & Feathermop sont si importants pour Manley qu'ils seront du voyage de celui-ci à Cuba, voyage qui soulève des questions et attirera l'attention des États-Unis.

En 1976, Bob Marley est la superstar internationale que l'on connait aujourd'hui. Il est en revanche, vivant. Il est Jamaïcain d'origine et reste très conscient des problèmes dans les rues de son pays d'origine. Il y comptent encore beaucoup d'amis. Mais quand on est une star, un demi-Dieu comme lui à ce moment charnière de l'histoire, un paquet "d'amis improvisés" se greffent à vous.  On veut que les gens associent le succès qu'est Marley à soi-même.
Parmi ces "nouveaux amis" Micheal Manley, qui, lorsque Bob Marley annonce qu'il fera un concert pour la paix dans les rues en Jamaïque, choisit de devancer les dates des élections et de les rapprocher davantage à la date de son concert. En putain professionnelle. Bien que Marley soit obligé de piquer quelques colères afin d'expliquer aux membres des deux partis qu'il ne représentera ni l'un, ni l'autre sinon la paix, le plan de Micheal Manley fonctionne à merveille.  On l'associe à Bob Marley et il est en bonne avance sur son rival du JLP.

Ça ne passe pas bien pour la bande à Claude Massop.

7 d'entre eux, dans deux voitures différentes, choisissent d'entrer sur le site où logent Marley, ses amis, sa famille et son gérant. À l'entrée, supposément gardée mais dont les deux gardiens ont été soudoyés, une première voiture croise celle de la femme de Marley. On tire sur celle-ci, l'effleurant à la calotte crânienne. On entre dans la maison où Marley et son band sont en pause entre deux morceaux qu'ils pratiquaient pour le spectacle deux jours plus tard. On trouve Marley dans la cuisine avec son gérant. On lui tire dessus. Don Taylor, son gérant, réussit à pousser Marley au sol et malgré 56 balles tirées, une seule se loge dans le bras de Marley et 4 dans le corps de Taylor. Tout le monde survivra.

Sauf probablement les 7 (minables) tireurs.

L'affaire fait la une des journaux dès le lendemain matin, mais on étouffera tout ça bien assez vite. l'affaire est trop près des leaders politiques. Marley refuse qu'on lui retire la balle du bras car il y aurait risque de problèmes à la main qui l'empêcherait de jouer de la guitare à nouveau. Il donne son concert deux jours plus tard sans y faire allusion. Il connait certains tireurs. Massop entre autre qui est celui qui lui a tiré dessus. Marley revient même 2 ans plus tard avec un titre plus clair pour son concert encore: le One Love Peace Concert. Quand Marley décède du cancer 5 ans plus tard, il a encore la balle dans le bras.

Massop est assassiné tué par la police le jour de mes 7 ans.

Dans la campagne électorale de 1980 seulement, on parlera de 800 morts, répartis entre les deux clans.

Marlon James raconte une "fiction" autour l'agression contre Marley, des gens qui composaient la jungle concrète de l'époque et surtout fait une plongée dans la Jamaïque entre 1966 et 1991 dans un roman de 686 pages, à saveur de Godfather,

Roman epic dont HBO a acheté les droits d'adaptation pour la télé.

J'ai lu.
Dans un été que je me suis peuplé de musiques de Sean Paul.
Ça m'a beaucoup plu
Écrivant devant des exploits d'Usian Bolt.

On tirait sur Bob Marley et son entourage aujourd'hui, il y a 40 ans.

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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)