"Pourquoi ai-je dis ça?"
Je savais que je rêvais. Avec mon horaire chargé de nuit et de jour, je dors à toute sorte d'heures incongrues. Je dors moins que je ne tombe. Assommé de sommeil. Réflexe inné, je saisis un livre et en lis quelques pages. Puis, je glisse sur le divan. Je suis soudainement étendu. Puis je retrouve mon livre sur mon ventre, quelques temps plus tard. Je me suis réveillé par un de mes propres ronflements, et je m'aperçois que j'ai dormi.
Je rêvais d'un beau rêve. Je rêvais qu'un docteur ne passait pas un mois s'en m'appeler, d'abord à la maison, puis il me pourchassait sur mon cellulaire si il ne me rejoignait pas à la maison, pour prendre rendez-vous avec moi. Le plus tôt possible, s'il-vous-plait. Et mon dentiste, et bien c'était le contraire. On prenait rendez-vous avec lui et il le remettait trois fois avant de vous rencontrer pour vrai. Et malgré une heure prévue, il vous rencontrait entre 45 minutes et 1 heure plus tard que prévue. Vous trouvant bénin et peu rentable, le dentiste vous rappelait et vous signalait qu'il ne serait plus votre dentiste attitré. Les rapports médecins-civils-dentistes étaient complètement inversés. C'était un beau rêve. Parce que si il avait été vrai, je pourrais voir mon docteur de temps à autre.
MOn docteur. Voilà un non sens. J'ai 44 ans et je n'ai aucune chance d'avoir un jour un docteur pour moi. Ils sont trop occupé avec la génération de mes parents. Une fois éveillé, la bave bien essuyée sur ma joue, mon rêve était finalement amer.
Le téléphone a sonné. C'était ma belle-mère. Notre répondeur prononce le nom de celui ou de celle qui appelle. Mais il le fait en anglais. Les noms francophones sont donc anglicisés, voire massacrés. Le nom de ma belle-mère, suivi de son prénom sonne tout à fait comme Vaginite.
DriiiiiiiiiiiinG! call from vaginite.
Je n'ai pas répondu. J'étais trop végétal pour Vaginite. Je ne me sentais pas dans la forme de tenir une conversation. J'ai laissé le répondeur prendre le message. J'étais en train de m'inquiéter de mon signet et de l'endroit où j'étais rendu dans mon livre sur Chaplin. Comment avais-je pu tomber dans le coma profond en lisant quelque chose qui m'intéressait profondément? La fatigue du boulot à l'entrepôt. + la nuit précédente où j'ai eu si chaud, malgré un air conditionné réglé à 17 et un ventilateur de plafond, que j'ai ressenti ce que devrait ressentir un cochon rôtissant pour un méchoui toute la nuit = fatigue extrême.
En revanche, j'avais faim. Mes sommeils inégaux m'obligent à des repas tout aussi inégaux. Je grignote au déjeuner, je regrignote au diner, mais je soupe big. Et là, il était 16h08. mon estomac pensait souper.
J'ai donc choisi de préparer une recette. J'ai fait un South Side Chicago Chili Mack, la recette de Miles Davis, rien de moins. Mais je ne fais pas les craquelins aux huîtres, qui écoeurent les trois autres membres de ma famille, et je saute le quart de livre de suif à faire fondre en début de cuisson. La Heineken est aussi remplacée par un vin rouge italien, le dogajolo, que j'aime beaucoup trop. Et je fais tout ça en écoutant Cookin' du maître. Ça va de soi.
Sauf que lorsqu'on trinque sur un estomac vide, on a les sens bouleversés assez vite. Me voilà alors devant ma fille qui me demande pourquoi j'appelle grand maman Vaginite.
"J'ai dit ça, moi?"
"oui, je t'ai demandé qui a laissé un message et tu m'as dit vaginite..."
Monkee se bidonnait en arrière.
"Mais non, mais non Punkee, papa dit des niaiseries..."
"vaginite? ça ressemble à vagin..."
"ben c'est ça, justement, c'est niaiseux de ma part, oublie-ça..." que j'ai dit voulant mettre un terme à cet échange de plus en plus idiot.
Quand l'amoureuse est rentrée du travail, j'ai eu le temps de finir la bouteille de Dogajolo, ça se boit tout seule cette merveille-là. L'amoureuse s'est attardé sur le terrain. je suis allé sur le perron de la galerie, à la fois pour l'accueillir, et à la fois pour m'assurer qu'elle n'ai pas une inspiration soudaine d'aménagement qui se transformera en tâche pour moi à réaliser.
"N'y pense pas, ça ne se fera pas" que j'ai dit, défensivement. La meilleure attaque, c'est la défensive.
"De quoi tu parles?" m'a t-elle-dit.
"Des idées que tu as en tête pour le gazon, ou la jardin, ou le terrain..."
"Aah! je le sais trop bien...on a eu des appels?"
"Oui, Vaginite"
"Qui?"
"Vaginite"
"Qui?"
"VAGINITE"
Pourquoi ai-je dis ça?
Parce que j'avais trop bu.
Une dame avec un chien sans laisse est passée et m'a dévisagé.
Elle avait tout entendu. En fait, elle avait entendu mes réponse trônant au sommet de l'ivresse ensoleillée d'une fin d'après-midi en banlieue.
"Ben quoi? j'ai le droit d'avoir une vaginite...je vais voir ça avec mon docteur" ai-je rajouté à son égard.
Comme si j'en avais un.
Pas mon meilleur jour.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)