Des garçons comme eux, il s'en faisait par dizaines. Des irlandais non seulement capables de faire sauter des bombes, mais de les fabriquer aussi. John avait été entraîné pour placer des bombes de Composition B sous les ponts. on l'avait fait pratiquer ses détonations dans les déserts du Texas. BAM! C'était aussi excitant que ce le serait pendant la Première Guerre Mondiale.
Robert, le grand frère, n'avait pas besoin d'entrainement. Il avait tout fait ça avec l'IRA. Les soldats irlandais étaient sous la tutelle anglaise. C'était l'armée d'Angleterre qui envoyait les lads en Amérique pour de meilleures formations. John, allait avoir envie de se repratiquer sur les ponts d'Angleterre dans ses temps morts à son retour, avant le grand jour.
Il n'existe pas de films anti-guerre. Chaque film qui nous montre tirer du fusil, faire exploser l'autre, tuer son prochain, est un germe de guerre.
John & Robert n'ont jamais vu ses films car ils étaient de 14-18. Le cinéma était novice alors. Le grand jour est arrivé. Ils sont partis au front.
Haig serait tenu responsable de la boucherie de plus de 2 millions de soldats. Morts ou blessés. De quel côté tomberaient les frères O'Reilly?
En 1916, Robert était d'un des 33 bataillons de Sherwood Foresters. Il était de la 12ème division, celle qui publiait un journal. Robert en était l'éditeur. Son bataillon avait gagné 7 batailles, mais avait surtout perdu un paquet de jeunes recrues issues d'Irlande. Issues de l'insurrection de Pâques. De la chair à canon. Du bons débarras aux yeux de plusieurs. Robert était l'un de rares survivants de ces batailles en 1917 où ils ont perdu 11 400 frères, mais il se savait mort. Il savait qu'il n'y aurait pas de vie après la guerre. Sinon la guerre encore. Mais avec les Anglais cette fois. Gazé par un ennemi rarement identifié clairement, il avait les poumons pleins de gaz moutarde. Dans ses rares congés, sa femme le savait, ses enfants aussi. il était mort par en dedans.
C'était la même chose pour John, de retour à la maison avec ses trois bébés, il ne savait jamais trop quoi faire. Sa femme ne le reconnaissait plus. Elle l'implorerait de partir pour le Canada ou ailleurs, De partir vers un avenir meilleur. Mais John voudrait faire sauter de la bombe ailleurs que dans un désert ou dans sa tête. Il voudrait faire exploser la bombe qui lui servait de coeur. Intense était John. Robert aussi, mais plus subtil à ce niveau.
L'assassinat d'un archiduc austro-hongrois et de sa femme par un jeune Serbe n'était ni plus ni moins qu'un prétexte à un conflit mineur familial entre cousins: le roi George V, le kaiser Wilhelm et le Tsar Nicolas II. Tout ça pour la dynastie de la reine Victoria.
Rien n'était en jeu sinon le prestige et davaantage de colonies africaines.
Personne ne voulait de cette guerre sinon les grands preneurs de décisions de ce monde, leur généraux et leurs armées. Les oiseaux devenus faucons. Ils se préparaient pour la guerre, parlaient de la guerre, pensaient la guerre, la rêvaient et la voulaient.
Les Français et les Allemands voulaient une guerre courte comme au 19ème siècle, On préparait les médailles de bravoure de fin de guerre et les projets de parade dès 1914. Mais Krupp, Vickers Armstrong, Winchester, Browning, Remington, Westinghouse et Dupont, les marchands de guerre, les gens qui deviendraient riches, ultra riche grâce à la guerre, ne l'entendaient pas ainsi. Elles s'étireraient 4 autres années. des années de trop pour tout le monde.
Pour tout le monde, comme dans monde entier.
Les mouvements de résistance seraient nombreux. En France, en Allemagne, les marxistes et les socialistes surtout. Au Québec aussi. La crise de conscription serait majeure en 1917. Ceci n'empêcha pas John & Robert de se lier d'amitié avec des soldats francophones du 22ème régiment, des Fusiliers de Mont-Royal. Ils écriraient à leurs femmes qu'il fallait absolument leur rendre visite en Amérique après la guerre. Ce serait leur salut à cette Europe qui les trompait sans arrêt.
Ces lettres seraient aussi leurs lettres d'adieux,
Pendant que Lénine prédisait avec justesse que cette guerre produirait une révolution dans son pays. John allait se faire sauter lui-même en Belgique à la bataille de Messines. Trop excité pour faire son travail proprement.
Quelques semaines plus tard, Robert prendrait une balle en pleine poire et rendrait l'âme à son tour. Dans la bataille de Pilckem Ridge, toujours en Belgique. 31 800 des siens le suivent alors dans la tombe.
Mais étaient-ils vraiment des "siens" ils étaient si peu d'Irlandais en 1917 en Belgique.
Les femmes, toujours meilleures instinctivement, suivraient leurs conseils et prendraient le bateau avec ce qui restait de leurs familles.
Pour créer de nouvelles générations outre mer, en Amérique.
Dans une partie du monde où tuer son frère travailleurs au nom des rois dollars, n'est pas une mission humaine.
Mais relève plutôt du grotesque et de l'infamie.
Le ciel était toujours blanc à Londres.
Il était (est encore) surtout bleu au Québec.
On se rappelle les frères perdus et décorés aujourd'hui.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)