On a vu de nos yeux, deux gros ratons déchirer notre moustiquaire, affamés. On a vu l'un d'eux grimper dans un arbre à petits fruits, tandis que l'autre grugeait des pierres sous nos yeux. On les as vus se tremper la bouche et se rincer les habiles mains dans notre piscine. Quand j'ai bouché les entrées de leur cachette, je les ais vus tous les deux sur le toit de ma verrière. À 10 pieds de hauteur. Peu farouches, j'ai pensé qu'ils me sauteraient au visage. On leur a vu la frimousse aussi sous notre verrière, entre la paroi de tôle finement arrachée par leurs petites mains et le dessous, qui semble une aire ouverte. Et vide.
Sinon composée de deux gros ratons.
Mais depuis un bout de temps, on ne les voyait plus. On devinait leur présence par des traces autour de la piscine, des trous creusés sous le cabanon du fond, des crottes déchiquetées comme si ils les avaient produites pour ensuite choisir de les manger, faute de mieux.
Et nos vidanges, si sorties trop tôt la veille au soir, sont invariablement réduites en charpies si elles contiennent des restes qui auraient pu remplir un bac de compostage.
J'ai acheté deux "solar" qui sont plantés dans le sol et qui émettent, à chaque minute, une son nasillard, qui, paraît-il devrait chasser les bestioles, quelles qu'elles soient. de leur trajet habituel. Un solar placé près de la verrière, dont le dessous est bien bouché à coup de grosses pierres dans une laideur obtue, mais que l'on soupçonne que les ratons ont creusé de par chez le voisin, sous les sapins, pour mieux s'y rendre la nuit.
Et l'autre près du cabanon du fond, sous la galerie, là où il semble si facile pour tout type d'animal de s'y installer pour la vie. Et confortablement en plus.
Je jouais à la chasse depuis avril non seulement avec les ratons, mais aussi avec les gens du "refuge" dans ma région. Au chat et à la souris en fait. Ces gens sont fiers d'annoncer qu'ils sont officiellement le service qui offre aux gens de ma région une cage tout ce qu'il y a de plus gratuitement et viennent aussi rechercher peu importe ce que l'on capture. Mais ils ont un horaire de médecin.
Ils sont ouverts le lundi, mais fermé le mardi. Ouvert les mercredis et jeudi mais pas les vendredis ni les dimanches. Bref...il faut capturer le mercredi si on ne veut pas garder en captivité une bête pendant plus de 24 heures chez soi. Ils débutent aussi. Avant de comprendre cet horaire complexe, on a joué, avec mon horaire de nuit et mes siestes de jour, au téléphone arabe pendant au moins 4 semaines avant de finalement se parler en direct. Et les informations ont, par deux fois, été complètement fausses avant qu'une troisième personne finisse par me dire qu'il fallait que ce soit moi qui vienne chercher la cage chez eux.
Quand ce fût chose finalement faite, c'était comme si j'avais obtenu la Coupe Stanley. J'étais fou comme un balai. J'ai acheté un poulet qu'on a mangé à moitié, laissant la suite dans la cage pour notre future victime.
Dès la première nuit: SCHLACK! on a coincé...une mouffette. Une grosse moufette. Comment deux gros ratons pourront loger là-dedans?...je ne sais pas...
J'ai donc appelé le refuge en question pour leur parler de ma saisie et ils m'ont rappelé par trois fois pour confirmer que c'était bien vrai.
En revisitant leur site, je remarquai que chaque fois que j'y avais été, il y avait cette annonce en page d'accueil qui affichait qu'ils engageaient, pour un poste de "patrouilleurs". En fait à l'origine c'était 2, mais maintenant ce n'était plus qu'un.
Quand la jeune fille s'est finalement pointée, elle me paraissait affreusement amateure. Premièrement elle était franchement trop jolie pour se livrer à un match de lutte avec une mouffette. Elle avait facilement entre 8 et 9 piercings dans la même oreille, ce qui lui donnait quelque chose en commun avec les animaux qu'on envoie à l'abattoir. Elle parlait avec un très charmant accent anglais (ou danois) et semblaient très nerveuse, les mains constamment dans ses poches, et non le regard certain de celle qui a déjà chassé.
Elle est venue étudier la chose, je lui ai montré le paradis à bestiole qu'est notre environnement, le gigantesque abreuvoir qu'est notre piscine creusée, le dessous de la verrière isolé pour l'hiver, le dessous du cabanon tout aussi confo, le terrain vague de biais qui touche la clotûre arrière chez nous, o;u y pousse une telle jungle que plusieurs bestioles y creusent leur habitacle. Un paradis avec lequel elle était d'accord tout en restant distraite sur sa propre mission.
"C'est joli chez vous..."
"hein? er...merci...comment...comment allez vous vous organiser pour transporter la mouffette au camion? "
Elle a poussé un soupir comme si elle ne savait pas, puis a souri de manière très charmante avant de retourner vers son camion, Elle en est resorti avec une large couverte et une toile de plastique.
Elle marchait à pas de super tortue vers la cage, levant la tête à quelques reprises, comme si elle voulait reprendre un air qu'elle ne respirait plus. Je la regardais de si loin, qu'elle n'avait pas conscience que je le faisais. Je la voyais lever la tête au ciel comme pour dire "God, please help me!", elle était nerveuse et tremblait de peur. je comprenais qu'elle commençait probablement dans ce métier. Et expliquait les deux postes affichés comme patrouilleurs devenus un seul sur leur site. Elle était si agréable pour l'oeil que j'ai pensé appliqué sur l'autre poste, ne serais-ce que pour lui donner un peu d'assurance. Mais quand même, au placard l'arrogance! j'ai déjà les mains pleines de trop de choses, si il fallait en plus...Non!
Le temps d'une chanson de Kevin Barnes et elle avait déposé la couverte après avoir déposé la cage, non sans hésiter longuement.
"La cage va revenir hein? parce qu'on a toute une faune ici, on risque d'attraper autre chose..."
"Tout à fait, je réviens tout de sweet" a-t-elle dit, avec son accent de Lancaster (ou de Dublin), ravie d'avoir passé cette épreuve.
It's so embarrassing to need somebody like I do you...
Mais son "tout de suite" s'est transformé en une heure, puis une autre, et comme j'avais travaillé dans la nuit et n'avait pas encore vraiment dormi, je vacillais sur place avant de m'effondrer de fatigue.
Quand elle est revenue sonner à ma porte, je cauchemardais que j'étais envoyé en prison et que ma prison allait être un Tim Horton et si je ne me comportais pas bien, j'étais menacé de vivre dans une publicité de Tim Horton pour toujours. Je capotais.
La jeune femme m'a redonné la cage, on sentait qu'elle était libéré d'un lourd poids, et l'avons replacée avec un nouveau poulet. J'aime l'accent de Glasgow (ou d'Amsterdam) de cette fille.
Puis...nouvelle capture...
(à suivre)
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)