Mes trois inclinaisons préférées:
Littérature, cinéma, musique.
Première vie: Le livre.
En 1938, une employée de la Farm Security Administration, Sanora Babb, prend des notes détaillées sur les migrants des États-Unis qui furent coincés dans les bassins de poussières de la première partie des années 30 sur la route les menant à la Californie. Tom Collins, son superviseur, prête ses notes à John Steinbeck qui s'en inspirera pour écrire The Grapes of Wrath.
Le livre raconte le voyage de la famille Joad, migrant de l'Oklahoma (une famille de Oki)où la grande dépression n'a plus rien à leur offrir, en route pour la Californie, qui elle, reçoit trop de migrants et n'a que des emplois à très petits salaires à offrir. Le périple ne se fera pas sans périls et une fois sur place, la tentative de révolte de la part des employés se sentant abusés ne se fera pas non plus sans heurts. Leur idéaliste ami Jim Casy, personnage inspiré d'Ed Ricketts, ne l'aura pas facile non plus.
Le livre, lancé en avril 1939, sera considéré comme une pièce d'anthologie de la littérature américaine. Ce plaidoyer à l'égard des pauvres et des exploités deviendra même une lecture obligatoire dans les écoles secondaires, les collèges et les universités d'Amérique du Nord en français comme en anglais.
Steinbeck n'a pas eu que des admirateurs, car il attaquait tout de même les puissants et les riches, il fût accusé de propagande socialiste, même communiste. On a critiqué son livre, on en a beaucoup débattu, mais plus que tout, on l'a surtout lu.
La dernière ligne de Tom Joad est particulièrement touchante:
"I left in love, in laughter and in truth, and wherever truth, love and laughter abide, I am there in spirit"
En 1962, principalement grâce à ce chef d'oeuvre, John Steinbeck se mérite le Prix Nobel de Littérature.
Seconde vie: Le film.
On sait rapidement qu'on fera une adaptation cinématographique et dès octobre 1939, les choix de Darryl F.Zanuck à la production et de John Ford à la réalisation étonnent. Les deux sont reconnus comme plutôt très conservateurs, Toutefois le film, dont la fin fût largement modifiée et qui met en vedette (entre autre) Henry Fonda, Jane Darwell et John Carradine, sera lancé en mars 1940 et gagnera un an plus tard l'Oscar du meilleur réalisateur (Ford) et de la Meilleure actrice dans un rôle de soutien (Darwell), mais plus que tout aura touché les coeurs de tous,
Dans la grande vidéothèque de la littérature sur pellicule cinématographique, il existe une très petite section, pas tellement peuplée, de chef d'oeuvre où la dignité et l'excellence dans le traitement sont dépeint sur film de manière grandiose. L'adaptation, signée Nunnally Johnson, se doit d'être accompagnée pour le restant de l'existence humaine par des termes élogieux.
The Grapes of Wrath le film, tout comme le livre, sont des diamants purs.
En 1948, en U.R.S.S. on a permis le visionnement et la distribution du film car il démontrait l'échec, ou du moins, de sombres ravages du capitalisme. Toutefois, quand les spectateurs ont surtout retenu que même les plus pauvres des Étatsuniens pouvaient se payer une voiture, le film a aussitôt été retiré.
Steven Spielberg a annoncé en 2013, l'idée (terrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrible) d'en faire un viol...euh...un remake.
J'espère qu'il a désaoûlé depuis.
Troisième vie: La musique.
Dès 1940. Woody Guthrie enregistre les chansons Tom Joad (du nom du principal protagoniste) I & II.
En 1988, Andy Irvine enregistrera une nouvelle version, des deux parties combinées en une, du Tom Joad de Guthrie.
La même année, perce au Canada un groupe de musique fort agréable de Kelowna en Colombie Britannique dont le second album est produit par Tom Cochrane. Le groupe se nomme The Grapes of Wrath, nom pigé dans un guide du cinéma. Personne dans le band n'a vu le film. Un groupe que j'aimerai beaucoup.
En 1990, c'est aussi un band que j'adore qui enregistre un morceau portant le titre du nom du film.
En 1995, Bruce Springstenn enregistre ce que je considère personnellement son meilleur album (bien qu'affreusement mal produit) dont le titre et le premier morceau est The Ghost of Tom Joad. L'album en entier traitera des thèmes de l'immigration et des conditions précaires des migrants et des désabusés en général.
Rage Against The Machine reprend le morceau-titre de Springsteen deux ans après lui.
Greg Graffin, chanteur de Bad Religion, est un grand fan de Steinbeck et compose un morceau inspiré du titre phare de l'auteur.
Un opéra inspiré par tout ça est aussi présenté en 2007.
Mumford & Sons enregistre un morceau en 2009 qui fait des références directes avec le roman de Steinbeck.
Cet été. en vacances en Ontario, étions nous restés 3 jours de plus que nous aurions assisté à un spectacle de The Grapes of Wrath, le band de Kelowna tant aimé dans les années 80 et au tournant des années 90.
C'est fou, avec tous ces migrants internationaux actuels, comme le livre, 76 ans après publication, est encore excessivement d'actualité.
Le chapître 14 à lui seul, où on y parle des grands bouleversements, du "je" et du "nous", ainsi que de la nécessité de faire de la mise en commun des biens plaçant Steinbeck nettement en avance sur son époque, vaut à lui seul, la lecture du précieux livre.
Un classique littéraire de la soif de justice humaine.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)