Punkee voulait faire partie de l'équipe de soccer de sa nouvelle école secondaire. Elle ne fût pas sélectionnée. Semblerait que les filles choisies l'étaient toutes déjà l'an dernier (!) Sans même avoir fréquenté cette école !
Je l'ai sentie un brin tristounette, alors nous sommes allés faire un tour en ville à Montréal.
Je connais cette crèmerie fabuleuse qui lui redonnerait son merveilleux sourire (et qui l'a fait). Mais pour se rendre nous avons roulé dans une ambiance semi-lourde. Elle faisait son deuil du soccer au secondaire. Dans la voiture, je lui ai mis son poste de radio préféré qui lui jouait de la zizik.
Après la glace, qu'elle a prise croisée framboise et orange, je l'ai laissée à la maison heureuse et me suis rendu à un marchand de culture qui me plait bien. Savoir mes enfants tristes est une chose qui me bouleverse. Je tente de ne pas leur laisser voir, mais après avoir incarné l'épisode de la consolation, je suis généralement vidé. Et comme chaque fois que j'ai besoin d'un remontant, je suis retourné en ville pour me rendre au magasin de culture et y acheter un disque, un livre ou un DVD. Sans disque dans ma voiture, la radio sévissait.
Douglas Coupland? Minuit? Quadrophenia ? J'ai eu le temps de naviguer mentalement sur mes choix, mais ne me suis fixé sur rien. En entrant dans le magasin, la musique tonnait. Je remarquais un titre de disque français et ne pu m'empêcher d'éclater de rire. "Les Femmes Comme des Montagnes...".
À escalader? À conquérir? À monter?
Je trouvais un peu condescendant. voir réducteur pour la femme. Mais la France ne nous surprendra plus là-dessus. Puis, en revérifiant, j'ai constaté que l'auteur n'était pas du tout français mais bien de chez nous. Et là je me suis mis à lui trouver des excuses. Peut-être parle-t-il justement de ces femmes qui veulent être escaladées? conquises? montées? Peut-être veut-il décrier ce type de vision de la femme. Je suis parfois injuste envers les Français.
Peut-être alors, ai-je pensé, que je devrais faire mention honorable et m'acheter un disque français? Voulzy ? J'adore un de ses vieux morceaux. Il me rappelle mon enfance au camping dans le 418. Mais Voulzy est recherché pour avoir fait sauter Bangkock. Je ne peux pas encourager ce type de choses. Et après vérification, "le morceau de Voulzy" que je cherchais était plutôt de Patrick Juvet...
Ne trouvant rien de ce que je cherchais je suis retourné dans la voiture sans faire de dépense inutile. La radio avait été laissée ouverte, toujours sur la même station FM. Je suis passé par l'entrepôt afin d'y voir mon horaire de la semaine prochaine. La musique y faisait rage dans le backstore. J'avais demandé de finir plus tôt dimanche le 20 septembre car j'allais voir le match préparatoire entre les recrues des Canadiens de Montréal, et que normalement je termine à 12h30. Le match est à 13h et j'aurais voulu prendre le temps de passer à la maison ramasser ma gang pour y aller. Mais non. mon idiot de boss, qui m'a dans le cul ces temps-ci, ne me l'a pas accordé, alors je devrais me rendre au Centre Bell tout près directement et l'amoureuse descendra en ville porter Monkee, Punkee et leurs amis pour le match ce jour-là.
"C'est parce qu'on a une visite de gens importants ce jour-là et ça nous prend nos meilleurs éléments!" m'a expliqué ce furoncle. Cet aplaventrisme devant des boss qu'on ne voit jamais je ne le comprendrai, justement, jamais.
J'ai roulé légèrement en furie vers la maison. Je n'entendais même plus la musique qui jouait dans la voiture. Je ne suis jamais vraiment en congé. J'ai deux jours officiellement, mais quelques fois, comme la semaine dernière alors qu'il y avait fête du travail, mes 2 jours ne sont pas collés les uns sur les autres. Et comme je travaille la nuit, ce jour de congé, je dois le dormir tôt car je travaille la nuit suivante. Et que fait ma douce pour ses jours de "congé"? elle me dresse des listes d'épicerie. Je suis donc passé par l'épicerie. Dans les allées, jouait une musique. Sur le chemin du retour à la maison, pour vrai cette fois, la radio ne dérougissait pas.
En entrant dans la maison, Monkee, de sa chambre faisait jouer de la musique comme si il était sourd.
Je devais me rendre sur le site des Canadiens de Montréal où, pour les matchs de saison régulière du mois d'octobre seulement, les détenteurs de carte Master Marde pouvaient acheter des billets en ligne.
Über bullshit. À l'ouverture des salles d'achats, tout était vendu sauf des billets à 174$ ou à 97$
Qu'ils se les fourrent dans le cul!
Cette journée commençait à me faire chier. J'ai fermé la radio qui jouait toute seule, tout bas, dans la verrière (L'amoureuse la fait jouer tout bas pour que notre chatte de 19 ans se sente moins seule).
J'ai vu ma fille dans le salon qui lisait. tranquille.
J'avais envie de lui souffler un baiser mais aussi de tirer du fusil.
"Ça va poulette?"
"Oui papa, merci de t'inquiéter, je ferai de la danse cette année, pas du soccer à l'école"
Elle a levé sa tête de son livre et m'a lancé un regard affectueux.
"Merci de te soucier de moi" a-t-elle dit avant de se lever et de me faire un gros câlin.
On a tous besoin de quelqu'un sur qui compter.
Beau, merci.
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