On dit que l'enfer c'est les autres.
Jean-Paul Sartre l'a fait dire à son personnage de Garcin, qui, dans la pièce Huis Clos de 1944, découvrait, en enfer, que l'être humain est défini par le regard des autres sur sa propre personne.
Il arrive donc bine souvent que l'on déteste le regard que certaines personnes portent sur notre propre personne.
C'était le cas de Magalie.
Belle, de nature simple, elle était dans le groupe d'amis de son chum et avec les années, de plus en plus discrète.
Il fût un temps où Mag animait pratiquement à elle seule les soirées entre amis. Les mêmes amis qu'elle côtoyait aujourd'hui. Toutefois, ayant trouver l'amour à Ste-Anne-de-Bellevue vers 1997, elle avait choisi d'y déménager et d'y trouver emploi à Montréal. Son amoureux, Pat, travaillait sur la construction et son syndicat le gardait dans le secteur de Montréal. Il n'y avait aucune chance qu'il déménage un jour à Trois-Rivières d'où Mag était originaire. Ils avaient acheté ensemble à Ste-Anne-De-Bellevue. Et s'y étaient mariés. Les rapports allaient changer. Ils avaient acheté une splendide maison où il y avait très peu à (re)faire. Mag avait cru comprendre que puisqu'il travaillait dans la construction, Pat avait développé un certain flair pour les bonnes maisons, mais au contraire, étrangement même, si Pat travaillait dans la construction, chez lui, il n'avait franchement envie de ne rien faire.
Il y avait une ligne nettement distincte entre la travail et la maison et Pat mêlait si peu l'un et l'autre milieu qu'il ne nouait jamais d'amitiés issues du travail, hors du travail. Il n'allait pas aux partys de Noël, ne se rendait jamais aux anniversaires des collègues, ne jouait même pas dans le club de hockey des gars de la job le jeudi.
Il y avait le travail et la paix. Deux lieux extrêmement distincts. Il se donnait à fond sur les chantiers, mais une fois franchi le seuil de la maison, il devenait autre. Errant. Relax. Paresseux même. Il était chez lui et c'était son royaume. Il s'y trouvait aussi sa reine: Magalie. Celle-ci complétait tout, là où Pat ne complétait plus rien. Il l'aimait comme ça, elle?...bon...
Magalie avait lâché famille et amis pour aller le rejoindre à Ste-Anne-de-Bellevue vers 1997. Pas qu'elle n'ait eu une demie-tonne d'amis, mais ces bons amis de 1997 étaient toujours les mêmes 18 ans plus tard. Pour la plupart en amour et en famille, comme Pat et Elle, qui avaient une petite fille de 4 ans ensemble et pensait maintenant peut-être lui faire une soeur ou un frère. Mais Magalie n'était plus sur de rien. Auprès de Pat, elle avait changée. Ou pas assez. Elle ne le savait plus.
Avec le temps, Mag avait gardé des connections avec sa gang de Trois-Rivières, mais voilà, ce n'était QUE des "connections", plus complètement des amitiés. On ne se livrait plus comme avant avec la distance, les enfants, le temps qui égraine toujours ce qui cimente les fondations, chacun et chacune avait grandi sur des voies parallèles.
Rien de grave, rien de calculé non plus. Rien de mal intentionné non plus. Chaque couple avait fondé son jardin et il fleurissait excessivement bien de part et d'autres. Chacun y avait tracé son sentier.
Toutefois, entre amis, Mag avait remarqué qu'elle avait perdu, petit à petit, la place qu'elle occupait autrefois. Si avant, on tendait l'oreille pour écouter une de ses anecdotes cocasse, si on valorisait ses idées et son opinion, maintenant, on ne se souciait guère de quoi que ce soit de sa part. On consultait son chum Pat, mais on ne la consultait plus, elle. On l'avait rangée dans la section "plante de jardin". Elle faisait rire, mais même quand elle disait les choses sérieusement, on riait quand même. Ce qui la rendait non seulement confuse, mais aussi, fortement découragée de voir que très rarement on la prenait au sérieux.
Même que souvent, on parlait comme si elle n'était pas là (alors qu'elle y était) ou encore on se limitait à répondre le plus rapidement possible à l'une des ses questions ou observations pour retourner à "quelques chose de plus important". Impression confirmée par le nombre de fois qu'on lui coupait la parole ou encore le nombre de fois qu'on se désintéressait de ce qu'elle avançait comme propos.
Quand elle s'était confessé de ce nouveau rapport social dans son groupe d'amis à son chum. il s'en était moqué et l'avait ridiculisé. Il l'avait aussi fait publiquement, ce qui avait lourdement atristée Mag. Un trou dans la poitrine. Une violence intime qui n'avait trouvé aucun écho par le passé.
"En tout cas Mag, tu me fais bien rire" avait dit Christian avant de partir de sa soirée. Et Mélanie avait aussi ri très fort et Mag s'était sentie conne comme la lune. Car elle avait peu tenté d'être drôle. Une crise de panique teintée de paranoïa naissait dans sa haine d'entendre les gens rire autour d'elle.
Sa nouvelle existence dans les yeux de ce groupe d'amis, qui n'aurait jamais dû avoir quoi que ce soit de nouveau, lui donnait une telle nausée qu'elle en faisait des cauchemars.
Elle détestait comment ses gens l'aimait maintenant.
Elle souhaitait pratiquement ne plus être désiré de ces gens.
Mais elle aurait été bien mal prise de vouloir se présenter sous un nouveau jour. Sous un visage qui ne serait pas le sien. Elle n'était même plus certaine que le regard que Pat portait sur elle lui plaisait.
Elle ne se reconnaissait plus dans les regards.
Elle n'existait nulle part.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)