1965, Bob Dylan est au sommet d'une pyramide qu'il peinera à réatteindre un jour.
Il est le roi de la montagne et la voix désignée du folk.
Voilà pourquoi il a chanté au Festival de Folk de Newport en 1963 With God on Our Side et Mr Tambourine Man en compagnie de Joan Baez, et qu'il avait aussi chanté Blowin' in the Wind avec Peter, Paul & Mary et la même Joan Baez.
L'année suivante, il est aussi sur scène à ce même festival.
Le 24 juillet 1965, il est réinvité à Newport et fait encore sensation en offrant acoustiquement All I Really Want To Do, If You Gotta Go, Go Now et Love Minus/No Limit.
Quand Dylan entend des remarques désobligeantes faits à propos du Paul Butterfield Blues Band qui ont ouvert le festival avec un son blues électrique, des commentaires prononcés par Alan Lomax, l'organisateur du festival, il en est si irrité qu'il lance qu'il fera une seconde performance sur scène, non seulement électrique, mais avec des membres du Paul Butterfield Blues Band, dont Mike Bloomfield (à la guitare) et Al Kooper (à l'orgue) qui sont de toute façon de son plus récent enregistrement, disponible pour les radios depuis 5 jours : Like a Rolling Stone. Il se livrera en performance dès le lendemain avec peu de pratique avec le band improvisé.
Jerome Arnold (à la base du Paul Butterfield Blues Band), Sam Lay (à la batterie du PBBB) et Barry Goldberg (au piano du PBBB) se joignent à Dylan, Bloomfield et Kooper. Peter Yarrow de Peter, Paul & Mary, entre deux prestations de groupes traditionnellement folks (Cousin Emmy & Sea Island Singers) présente Dylan et il commence Maggie's Farm. Une chanson soigneusement choisie (voir interprétation du morceau dans la seconde partie ici)
La chanson sépare la foule complètement. Elle électrise la moitié et électrocute l'autre moitié. Un mélange de huées et de cris de joie s'entrecroisent à Newport. Le Bob Dylan Blues Band enchaîne ensuite avec Like a Rolling Stone, et les huées croisées aux cris sont encore en vigueur. En jouant Phantom Engineer, une version de It Takes a Lot to Laugh, It Takes a Train to Cry qui estompe les cris un peu. Le band quitte la scène tout de même, Yarrow les implore de revenir, ce qu'ils feront, après que Dylan eût demandé au public un nouvel harmonica et après s'être plaint à Yarrow de le torturer.
Il jouera Mr. Tambourine Man aux puristes et It's All Over Now, Baby Blue, autre morceau soigneusement choisi pour dire adieu à ces gens que Dylan méprisaient maintenant souverainement.
Il reviendra 37 ans plus tard sur scène au Festival de Newport portant présumément une perruque et une fausse barbe
Plusieurs croient que les huées venaient surtout de la courte durée de prestation (15 minutes) alors que la plupart des artistes faisaient du 45 minutes de scène. Plusieurs autres pensent que la qualité du son y était aussi pour beaucoup dans le désavoeu. Pete Seeger était furieux de la piètre qualité du son et il s'est enragé auprès des techniciens. Ceux-ci l'ont convaincu que c'était ce que le band voulait. Seeger est si hors de lui-même qu'il dit alors que si il avait une hache, il couperait le fil du son sur-le-champs. On fera courir la légende qu'il a cherché un hache en vain.
La surprise n'aurait pas dû être de taille puisque Dylan, version électrique était disponible sur les tablettes depuis 4 mois presque jour pour jour. Et Like a Rolling Stone révolutionnait la durée des chansons à la radio depuis une semaine déjà.
Les fans du Dylan folk se sentiront trahis de toute manière et lui feront dans la tournée qui suivra. Tournée qu'il fera avec les Hawks et qui divisera les spectacles en deux parties, la première acoustique devant un public attentif et la seconde électrique sous les huées, devant une salle qui se vide ou tout simplement les deux. On traite Dylan de Judas, insulte que Bob, juif, prend très au sérieux, même si il s'en moque sur scène.
Mais Bob ne sera jamais suffisamment ébranlé pour cesser de faire de la musique. Il lancera l'un des plus brillants album sur terre la même année et mieux encore en 1966 avant de feindre la gravité d'un accident de moto pour reprendre le contrôle de sa vie.
Bob Dylan secouait ses fans à Newport aujourd'hui, il y a 50 ans.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)