Le 13 janvier 2012, le capitaine italien Francesco Schettino prend la première d'une série de décisions extraordinairement douteuses en choisissant de faire dévier le bateau de croisière qu'il pilotait de sa trajectoire afin d'être plus près de la rive pour que des amis puissent mieux les voir. Une manoeuvre qu'il a déjà fait trois ou quatre fois.
Il était capitaine du Costa Concordia.
Cette fois, il calcule mal ses distances et le bateau frappe violemment un récif causant une brèche importante dans le bateau, mais aussi une panne d'électricité. Le capitaine préfère ne voir que cette dernière et quand la garde côtière s'informe de ce qui se passe, le capitaine ne parle que de la panne. Toutefois, on sait qu'il y a probablement autre chose. Les membres de l'équipage très assurément, les passagers, de plus en plus paniqué devant le manque d'informations claires, et le capitaine et ses adjoints plus que quiconque sont tout simplement sous l'emprise de la panique.
Le capitaine demande aux gens de rester dans les chambres, ce qu'ils ne respectent en majorité pas, heureusement. Le bateau tangue de plus en plus. Les passagers et les employés s'emparent des bateaux de sauvetage s'en en avoir l'ordre et on entend clairement le capitaine Schettino lancer "Vabbùo" qui signifie en dialecte napolitain "peu importe" (whatever) quand il en est informé par ses assistants.
Le capitaine a mentalement abandonné.
Quand certaines bateaux coulent, les rats quittent les premiers: le capitaine Schettino se sauve de son bateau et gagne la rive. Non pas avant d'avoir donné de fausses informations sur le nombre de passagers à bord et sur la nature des dégâts. Il y a à bord 989 Italiens, 569 Allemands, 462 Français, 177 Espagnols, 129 Étatsuniens, 127 Croates, 108 Russes, 74 Australiens, 69 Suisses, 47 Brésiliens, 45 Ukrainiens, 42 Néerlandais, 34 Coréens, 26 citoyens d'Hong Kong, 25 Britanniques, 21 Australiens, 18 Argentins, 13 Taïwanais, 12 Canadiens, 12 Chinois, 12 Polonais, 11 Hongrois, 11 Portugais, 11 Dominicains, 10 Roumains, 10 Colombiens, 10 Chiliens, 9 Turcs, 8 Bulgares, 8 Péruviens, 6 Belges, 5 Suédois, 4 Israéliens, 4 Danois, 3 Irlandais, 3 Macédoniens, 2 Mexicains, 2 Sud-Africains, 2 citoyens du Paraguay, 2 Finlandais, 1 Indien, 1 Lithuanien et 1 Néo-Zélandais.
Les membres de l'équipage ne sont pas dénombrés aussi clairement mais on sait qu'entre 20 et 40 pays sont représentés, qu'il y a au moins 202 Indiens et 296 Phillipins, 170 Indonésiens, 12 Britanniques, 6 Brésiliens, 3 Russes et un nombre imprécis de gens du Honduras, de la Colombie, du Pérou, de l'Espagne et de la Chine.
Le capitaine prétend avant de quitter qu'il ne reste que 300 personnes à bord, ce qui est totalement faux.
12 Allemands, 7 Italiens (dont un père et sa fille de 5 ans, tombés à l'eau et incapables de se faire une place dans un bateau de sauvetage), 6 Français, 2 Péruviens, 2 Étatsuniens (qui célébraient leurs noces d'or), 1 Hongrois, un Indien et un Espagnol trouvent la mort dans le désastre.
Les restes de l'employé indien Russel Rebello, vu la dernière fois en train d'aider les gens à quitter le navire en janvier 2012 sont retrouvés le 3 novembre 2014. On retrouve aussi l'ADN de la passagère italienne Maria Grazia Trecarichi, manquante depuis janvier 2012.
La compagnie de croisière offre 11 000 euros aux voyageurs survivants pour les dédommager de ce voyage en enfer.
Le capitaine écope de 16 ans de prison ferme, tenu responsable de la mort de 32 personnes, pour avoir leurré au niveau du danger réel et pour avoir quitté le bateau avant que les derniers passagers ne soient menés à la rive.
Pour incompétence généralisée même si ce n'est pas clairement dit.
Ce film de 46 minutes, monté brillamment et tourné à la fois par des passagers à bord, des caméras de surveillance, des caméras d'autorité nautiques et des caméras d'hélicoptères, donne des frissons.
Les Italiens diront d'eux-même qu'on y voit chez le capitaine les deux visages d'une même Italie. Celui de la lâcheté, de l'immaturité et de l'irresponsabilité (chez le capitaine) et celui de la rigueur, de l'intégrité et du devoir (chez son supérieur, De Falco)
On y voit et entend tout. Aucune fiction nécessaire.
C'est le naufrage du Costa Concordia tel que vécu de l'intérieur.
Hantant,
Mon fils, a découvert, en s'amusant sur Google Earth et en zoomant, cette image près de l'Isola Del Giglio.
Une photo satellite visiblement prise avant juillet 2014 puisque le bateau a depuis été remonté et rapporté au port de Gênes où il sera démantelé et dont les morceaux seront recyclés.
«Hantant«
RépondreEffacerMet en!
Pas un film à regarder avant de partir en croisière. Triste.