La Vie Comme une Panique dans un Théâtre en Feu

(à V.P.)

Je cauchemarde très rarement.

La vie de jour se contente de m'amener sa part de cauchemars en général.

Je suis aussi dyslexique informatique. J'abuse de l'amitié de deux de mes proches car je ne connais rien à l'informatique et suis passablement inculte en la matière. Étrangement je n'ai pas envie d'en savoir trop non plus, car tout change trop vite et très rapidement, ça m'assomme.

Cette semaine, mon routeur vieux de 10 ans a lâché. Je l'ai un peu aidé en appuyant trop fort sur le bouton "reset" qui ne semblait pas réagir et je l'ai brisé. J'ai fait un trou là où il devait y avoir un bouton. J'ai donc magasiné pour un nouveau routeur et ça m'a pris une journée entière pour le faire.

Premièrement parce que ce que l'on me recommandait était introuvable. Ça venait d'un technicien qui devait s'approvisionner chez des spécialistes d'entreprise. Deuxièmement parce que les infos d'un magasin à l'autre, se contredisaient. On me recommandait une chose, puis ailleurs on me disait qu'avec ce genre de technologie, pas de XBox en ligne possible. Pas sans investir sur autre chose à 100$ en surplus ou encore faire passer des fils dans les murs...assommé j'étais avant l'heure du dîner.

Vers 20h53 j'installais finalement quelque chose beaucoup plus facilement que je ne l'aurais cru. Mais le mal était fait. La journée m'avait tant répugnée que mon corps s'en révulserait au volant et ma narine droite laisserait échapper du sang, telle une source sur une pierre, sans raison aucune sinon que mon corps était aussi dégoûté que moi de cette journée merdique sujette à la panique.

Ça, ça ne m'était jamais arrivé. Saigner du nez comme ça.  J'avais eu le réflexe de poser rapidement le revers de ma main gauche sur ma narine et du sang c'était répandu sur le dessus de ma main. Dans mes commissions par la suite, avec ma tête de gars crissement écoeuré et ma main ensanglanté, on me répondait légèrement intimidé.

Ce sont des amis avec qui j'ai discuté au téléphone qui m'ont dirigé vers les bonnes affaires en me laissant sentir que "ce ne devait pas être facile d'être moi et de vivre avec toutes mes craintes informatiques".

Bref, en soirée, malgré les réjouissances des autres membres de ma famille qui avait maintenant aussi accès au net sur leurs appareils, le mal était fait. Malgré le nouveau routeur, la machine de mon corps était à off.

Je suis tombé au lit comme une masse vers 22h30, mais mon corps se sentait comme si il avait été 4 h du matin après une lourde cuite.

C'est cette nuit-là que j'ai cauchemardé.

Des rêves parfaitement idiots.

Le premier me montrait chez le dentiste. Non pas comme client, mais bien engagé comme employé. Hygiéniste dentaire en quelque sorte. Pas dentiste en tout cas. Personne ne semblait trouver anormal que je n'ai aucun passé dans le domaine, ni aucune connaissance sinon le nom de quelques marques de pâtes à dentifrice. Même pas moi. Je rentrais travailler dans un bureau garni de tapis brun à longs poils. Il approchait 10h30 et le premier client devait venir s'y assoeir d'une minute à l'autre sur la chaise. Je devenais de plus en plus nerveux car il n'y avait aucun signe du dentiste. Il n'était nulle part. Je me disais que ce n'était pas grave car je me contenterais de faire ce qu'il m'était donné de faire de toute façon. Mais VOILÀ, je ne savais pas quoi faire. Et la panique montait. Le client arrivait et tout ce que je me voyais faire c'était de regarder dans sa bouche et de faire semblant d'y comprendre des choses.

La fille de la réception semblait me mépriser. Je me suis réveillé paniqué. C'était des restes de mes paniques informatiques de la veille. Mais ça ne s'arrêterait pas là.

En me rendormant, très profondément, tellement assommé je vous dis que je crois que j'ai fait un trou dans le lit, j'ai rêvé que je recroisais, en été (!?!) une amie perdue de vue il y a trop longtemps: Jenny Polychuck, une ancienne amoureuse.

En début de semaine précédente, d'autres amis étaient entré en contact avec moi afin de la rejoindre pour des retrouvailles du secondaire. Incapable de rejoindre son ex, j'ai demandé à mon fils d'entrer en contact avec l'une de ses deux filles. Elle est toujours sur Instagram et elle jase souvent avec mon fils que je soupçonne qu'elle trouve fort de son goût. J'avais raison en moins de deux minutes, nous avions ces coordonnées que j'ai aussitôt refilées aux amis qui la cherchaient. En me disant que je devrais en profiter pour prendre de ses nouvelles aussi. Ce que je n'ai pas fait parce que le cerveau trop en bouillie.

Et là je rêvais à elle. Les yeux pleins de soleil. J'étais heureux de la revoir et elle aussi semblait-il. L'ironie avait aussi voulu que la veille, j'avais vu un candidat (moustachu!) à l'émission Un Souper Presque Parfait qui me faisait beaucoup penser à elle justement. Même forme des yeux rieurs, même nez, même bouche, même plaisir à écouter parler. Son frère illégitime. Étrange.

Dans ce rêve qui allait tourner au cauchemar, Jen se tournait la tête et sur le flanc droit de celle-ci je découvrirais une tempe et un derrière de tête non seulement complètement rasé, mais aussi de larges points de suture tentant maladroitement de garder ensemble de la peau qui montraient une large ouverture de sang rouge vif. Horrible! l'équivalent de ce que voyez sur cette photo ici à gauche, mais plus haut sur la tête.
Dans le rêve (et dans le lit)  je sursautais:
"JEN! qu'est-ce qui s'est passé?"
Elle se penchait vers moi, me montrait son flanc gauche qui avait à peine une légère marque de vert (!?!) et me répondait:
"Oh! j'ai eu des caillots au cerveau..."
"Ils te les ont enlevés?" je disais à nouveau paniqué.
"Oui, oui" disait-elle sans trop de conviction.

Je me suis très difficilement levé ce matin-là.
Bouleversé pour rien. La panique c'est presque toujours pour rien.

J'étais bouleversé par ma tête calibrée par une panique malsaine générée la veille.

Pourtant Victor Hugo disait que l'amour était la panique de la raison.
La panique ce ne doit pas être si mauvais.

Mais Graham Greene disait aussi ne pas comprendre comment tous ceux qui n'écrivent pas, ne composent, ne crée ou ne peignent, parviennent à échapper à la folie, à la mélancolie et à la peur panique qui sont inhérentes à la condition humaine.

Tu as souvent eu peur. Jenny.

Je pense à toi.

Je t'appelles bientôt.