Roy Andersson

Au nord du nord, il y a de ces talents qui valent leur pesant d'or.

Né à Ghohenburg et élevé en Suède en 1943. Roy étudiera au Swedish Film Institute, où il aura comme enseignant Ingmar Bergman qui lors de sa diplomation en 1969, dira de lui qu'il le déteste souverainement, mais qu'il s'agit assurément du meilleur élève qu'il n'a jamais eu.

Ses courts-métrages lors de son passage scolaire, font fureur.

La même année, 1969, Roy obtient une bourse afin de tourner son premier film : En Kärlekshistoria (Une Histoire d'Amour Suédoise). Andersson tourne avec des adolescents jouant véritablement leur 13 et 15 ans, une histoire d'amour adolescente qui obtiendra énormément de succès en Suède.  Déjà, dans son film inspiré de la nouvelle-vague cinématographique en Tchécoslovaquie, Andersson semble perdre en fin de film l'intérêt qu'il portait sur ses deux jeunes protagonistes ou encore ne sait-il pas comment terminer leur histoire et il place sa caméra sur les parents et les grandes soeurs et grands frères de ceux-ci. Laissant deviner plusieurs compromis réalisé par le réalisateur de 26 ans.

Le film représentera la Suède pour les Oscars de 1970 (mais ne sera pas retenu), sera aussi soumis au 20ème Festival International du Film de Berlin et gagnera un prix Suédois rattaché à son école de cinéma.

Mais avec le succès arrive les doutes. On s'attend à ce qu'il tourne le même type de film pour son second effort et Andersson tient à explorer d'autres avenues. Il commence de multiples projets qu'il ne termine jamais. Il tourne finalement Giliap, un film racontant l'histoire d'un serveur dans un hôtel et des deux collègues avec lesquels il se lie d'amitié et qui l'entraîne dans toute sorte de combines. Le film est lancé en 1975 et est une catastrophe financière, populaire et critique. Le tournage avait été éternel et avait largement dépassé le budget initial, les chicanes de tournages avec les producteurs avaient été incessantes, les compromis épuisants pour tous, et le ton dans le style de Barry Lyndon de Kubrick, sorti peu de temps après, ne prend pas avec le public. Il se trouve bien quelques fans qui, souvent avec le recul, considère le film comme un chef d'oeuvre à lire comme on lirait un poème, mais en somme, Andersson s'endette et traîne aussi une réputation difficile.

Parfaitement déprimé, il range son équipement de long métrage et n'en tournera plus pendant 25 ans.

Il tourne alors des publicités et ouvre en 1981, un Studio bien à lui, qui produira des films indépendants et où Andersson y tournera beaucoup de publicités avec beaucoup de succès.  Reprenant souvent les mêmes personnages ici et là.

En 1987 il reçoit la commande de tourner un court-métrage sur la prévention du SIDA dans le but que ce film soit présenté dans toutes les écoles suédoises. Toutefois, le ton choisit est inconfortable, extrêmement sombre, et son message incertain et ceux qui en ont passé la commande refuse de le présenter. On ne le fera que 6 ans plus tard. Et pas dans les écoles.

En 1991, un court-métrage d'Andersson lui vaut à la fois un grand succès critique, le prix Canal Plus et le prix des critiques ua Festival du court-métrage de Clermont-Ferrand.

En mars 1996, Andersson commence à tourner des vignettes, un peu comme ses publicités, qui ne seront complétées que 4 ans plus tard et juxtaposées en 46 scènes collées les unes aux autres dans le fameux film Songs From the Second Floor. C'est là que je le découvre au Festival des Films du Monde de Montréal. Le film est formidable, Pas pour tous, dans sa forme et son ton mais formidable. Il gagne le prix du Jury à Cannes. La critique sociale y est mordante et les teintes absurdes et surréalistes sont jouissives. Le film lui vaut des prix de prestige en Suède pour sa réalisation, sa cinématographie, son scénario et son utilisation du son.

You, The Living, tourné en 2006 et explorant la grandeur de l'existence et se concentre sur une femme obèse (L'obésité est obsessive chez Andersson), un grognon psychiâtre, une groupie au coeur brisé, un charpentier. un consultant en affaires, une enseignante, un pickpocket et quelques autres tragicomiques personnages. Il est présenté à Cannes en 2007 dans la catégorie Un Certain Regard et gagnera le Nordic Council Film Prize.

Il avait promis de tourner le troisième et dernier effort de ce qu'il considérait comme une trilogie sur la profondeur fantastique de l'humour tragique et philosophique à la Dostoievsky.

En Duva Satt Pâ en Gren Och Funderade Pâ Tillvaron (Un Pigeon Assis sur une Branche, Réfléchissant à Son Existence) a gagné le Lion D'Or à la Mostra du 71ème Festival du Film de Venise cet été.

Le 5ème film (en 46 ans!) de Roy Andersson devrait être disponible en Amérique en 2015.

Kaaaaaaaaaaaaaaaaallt!