(à M.J. & A.S.)
Je sais qu'il est tard
Que je perds mon temps
Que dans tes plans
Je suis nulle part.
Elle avait changé d'école. Ils s'étaient tous les deux aimés par le passé. Ils avaient découvert l'amour ensemble. Lui avec elle, elle avec lui. Leurs chemins s'étaient séparés le temps d'un été où ses parents avaient choisis de se séparer. Elle avait imité sa mère et s'était séparé de lui, elle aussi. Comme elle allait vivre avec sa mère ailleurs, elle allait du même coup changer d'école. Ils ne se verraient plus vraiment. Mais il penserait souvent à elle. Elle?...il ne le savait pas trop. Il ne croyait pas vraiment qu'elle pensait trop souvent à lui. En secondaire 3, elle avait, dans une nouvelle école, toute une jungle à explorer et à assimiler. D'autres chats à fouetter en quelque sorte. Pas de temps pour les regrets ou les amours du passé.
Mais elle était réapparue sur le site de son école. Confuse. Sans réellement expliquer sa présence. Comme une fille voulant se remémorer les bons moments du passé. Elle avait frayé avec ses amies de l'année d'avant. Avait peu jasé avec lui. Se sentant mal à l'aise, inconfortable. De plus, elle avait remarqué qu'il se tenait avec trois filles et que l'une d'elle semblait s'intéresser à lui. Elle avait dans l'oeil la griffe féline de celle qui pense "...ne revient pas piocher dans mon assiette, toi".
Mais lui, il l'avait trouvé encore belle. Encore désirable. Et plus il y pensait, plus il constatait que si il n'avait jamais pensé se trouver de nouvelle amoureuse, c'était principalement parce qu'il n'avait pas fait son deuil à 100% de sa relation avec elle.
De la voir là, sur les lieux de leurs premiers échanges de baisers, l'avait remué. Et comme leur relation avait été publique, connue, admirée. il y avait eu, de la part des amies de la revenante, une sorte de respect muet où les filles avaient laissé leur amie se rendre à lui comme un passage obligé.
"Ils ont surement plein de choses à se dire..."
Mais elle avait peu parlé. Des questions banales. Un peu comme si on avait parlé de la météo alors qu'on s'attendait à se découvrir l'un et l'autre. Mais voilà. elle et lui se connaissait déjà. Il aurait quand même voulu savoir comment ça se passait là-bas et tout. Ses réponses brèves et impatientes l'avaient déçu.
Ils réalisaient toutefois que le vendredi de cette semaine là, comme activité de Noël dans les écoles secondaires, sa nouvelle école à elle et la sienne à lui, allaient partager le même autobus afin de se rendre à une pièce de théâtre.
Il avait alors choisi de lui révéler qu'il pense encore souvent à elle. Quoiqu'elle en pense. Qu'elle ait un nouvel amoureux ou non. Question qu'il ne s'était jamais résolu à lui poser. Et qui ne le regardait pas de tout manière.
Le vendredi de la sortie scolaire, il l'a approché et a demandé à lui parler en privé. Elle lui a tout de suite dit qu'elle avait un nouvel amoureux. Il a senti comme un choc électrique lui traverser le corps. Il allait lui dire qu'il ne sortirait pas avec une autre fille car il comptait l'attendre et elle, elle lui planter ce glaive dans le coeur. C'était son droit. Elle ne lui appartenait pas. Elle était libre de ses actes.
Il avait pris place dans l'autobus de son école et elle dans la sienne, les menant à la pièce de théâtre. Ils avaient circulé en parallèle sur la route, comme les chemins des deux anciens amoureux étaient en train de le faire aussi. Puis, même si ils allaient au même endroit, son autobus à elle est tournée vers la gauche et la sienne vers la droite.
Pendant la pièce, il l'a cherché dans la foule, mais ne l'a pas trouvée.
Il l'avait perdue de toute façon, pensait-il.
Le samedi suivant, il apprit qu'elle avait été impliquée dans un grave accident de voiture, Qu'elle y avait presque laissée sa vie. Il s'était vite rendu à l'hôpital pour la voir, mais ses parents, son grand frère à elle qui conduisait, aussi blessé, avaient refusé, étranglés par l'émotion du moment. De toute façon, la blessée ne voulait de visite de personne.
Assuré qu'elle était hors de danger, son frère aussi, il avait pu passer les deux-trois jours suivants sans trop s'énerver. Mais le mercredi suivant, il n'en pouvait plus. Il avait choisi de se rendre en vélo jusque chez elle, son nouveau chez elle, sachant qu'elle avait eu son congé de l'hôpital.
Dans la nuit, il avait escaladé l'entretoit afin de se rendre à la fenêtre de la chambre de son ancien amie de coeur. Ça aurait pu être catastrophique. Si elle avait été en train de se changer, il aurait passé pour le pire des pervers. Mais elle était alitée. Le visage contusionné, Toujours belle toutefois. Le regard triste de celle qui se demande si sa vie sera la même par la suite.
Lui, ne voulait qu'une seule chose: lui montrer que sa vie avait déjà été autre chose. Il a attiré son attention en cognant doucement sur la fenêtre et lui a dit des lèvres "je t'aime".
Elle l'a vu tout de suite. N'a pas eu de réaction.
Il a répété avec ses lèvres et les yeux inexplicablement plein d'eau: "je t'aime" à nouveau.
Elle n'a pas répondu mais a aussi eu les yeux plein d'eau.
Pour toute réponse, elle lui a envoyé un baiser soufflé.
Comme on voudrait chasser une vision.
Et coller un souvenir contre son coeur à la fois.
Il ne saurait jamais qu'à ce moment, elle n'avait pas d'amoureux comme elle lui avait menti 5 jours plus tôt.
Et que plus que quiconque au monde, elle l'avait aimé très fort perché à sa fenêtre.
Qu'il avait été son poumon droit tandis qu'elle avait été le gauche.
Ils ne respireraient plus tout à fait le même air car ils ne se reparleraient plus.
Mais ils avaient créé ce moment unique à deux. Juste pour eux.
Ils avaient eus cette nuit, qui n'avait pas eu besoin de lendemain.
Ce seul souvenir d'eux d'eux, désuni, mais uni à la fois, les rendraient pour toujours, bien.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)