Quand l'écrivain, journaliste et biographe de Camus Olivier Todd a demandé à Jean-Paul Sartre, le printanier copain de Saint-Germain-des-Prés d'Albert Camus, quel était son roman préféré de son ponctuel argumentateur, Sartre a répondu La Chute, "...parce que Camus s'est caché dedans".
Dans La Chute, Camus parle d'un avocat parisien couronné de succès confessant son malaise par rapport à une femme qu'il n'a pu sauver de la noyade. Cette noyée, c'était Francine, la seconde femme de Camuset mère de leurs deux enfants, victime de dépression qui s'est effondrée mentalement quand Camus lui a suggéré une relation frère/soeur leur permettant une liberté sexuelle totale.
Pendant des années, elle a laissé paraître que cela lui convenait, mais autour de 1955, elle a craqué.
Après publication, elle lui aurait dit "Tu me dois ce livre", ce à quoi Camus n'avait pu qu'admettre que c'était vrai.
Ce qui était aussi vrai est qu'Albert Camus était un grand "chasseur de femmes". Ceux qui connaissent Le Mythe de Sisyphe, qu'il a écrit à 28 ans en 1941, y trouveront l'éloge du Don Juanisme. "C'est parce qu'il aime de tout son être chaque fois, qu'il doit répéter sa profonde quête" écrivait-il. Il confondait amour et désir.
"Pourquoi serait-il essentiel de n'aimer que sporadiquement alors que nous pourrions aimer beaucoup? Ce que Don Juan réalise est une éthique de quantité, alors que le saint, au contraire, se limite à la quantité. Nous sommes des hommes et non des saints."
C'était une confession de sa part.
Il allait amener sa philosophie plus loin en déclarant même qu'une mère se sépare parfois du monde qui l'entoure en concentrant ses efforts de vie strictement sur un enfant, sans se soucier du monde dans lequel il grandira. Ou en s'en souciant strictement en rapport avec l'enfant. Laissant tomber le couple. Tandis que l'amour à la Don Juan était axé sur le couple. Beaucoup plus libérateur à ses yeux.
Mi, une jeune peintre d'ortigine danoise, Catherine Sellers, une actrice, 16 ans avec Maria Casarès actrice internationale, une étatsunienne, Patricia Blake.
Mais la femme qu'il aura le plus aimé aura été sa mère, qui l'a élevé seule à Belcourt dans un quartier arabe en Algérie.
La veille de son mariage à Francine, Camus écrivait à Yvonne sa passion pour elle, soulignant que le lendemain, il allait "gaspiller sa vie".
Mi était une jeune femme rencontrée au Café de Flore et qui partageait une passion commune avec Camus pour le soccer en 1957.
La splendide Maria Casares est entrée dans la vie d'Albert en 1944. Fille d'un riche espagnol républicain, réfugiée du régime de terreur de Franco, actrice, elle était passionnée, volontaire, vive, intelligente. Voilà assurément une relation de "qualité", telle que la concevait Camus. Si il était Don Juan, elle était Don Juana.
Catherine Sellers était une actrice et une metteur en scène de théâtre d'avant-garde qui, ironiquement, a mis-en-scène, La Chute, mettant en vedette...son mari cocufié...
Patricia Blake, une employée du Magazine Vogue de New York, a rencontré Camus en 1946. Elle avait 20 ans, Camus, 33. Elle serait son guide d'Amérique, C'est elle qui serait en sa compagnie en 1957 quand Camus apprendrait qu'il gagnait le Prix Nobel de littérature en 1957. Il lui aurait alors confessé qu'il suffoquait.
Avec raison. En plus de mener un vie avec multiples lits, le comité Nobel décernait son prix à un "Français d'Algérie" alors que la guerre en Algérie était à son plus fort, et Camus sentait qu'il ne pouvait pas le refuser. Devenant la risée de ses amis intellectuels (dont Sartre qui lui, le refuserait dans les années 60).
Loin de se considérer comme un intellectuel parisien élitiste (plutôt comme un pied-noir de la classe moyenne), Camus avait eu comme première femme en 1934, une désastreuse expérience avec Simone Hei, une junkie.
La mère de Camus était à moitié sourde et très peu communicative. Sans père, il n'est pas dur de déduire qu'Albert a manqué d'un peu d'amour très jeune. Pas étonnant ainsi de trouver un héros incapable d'apathie et au passé privé d'amour comme on le retrouverait en 1942 avec L'Étranger, son premier roman.
"C'est une erreur de faire de Don Juan un immoraliste" conclut Camus.
Certain(e)s ne seraient pas d'accord
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)