Construit en 1972 pour un jour vivre la vie d'hôtel ou un proche équivalent.
Nous avons passé un weekend, pas celui-ci, l'autre, somptueux loin de tout.
Je ne sais trop si je vous en ai déjà parlé mais nous avons acheté l'automne dernier un condo sous le concept du condotel où nous allons passer du temps quelquefois par année et le reste du temps, nous faisons de l'argent avec les locations que fait pour nous l'hôtel (de notre condo).
Du gros luxe sale.
Spa, bain nordique, eucalyptus, accès à des bateaux, kayak, baignade dans le lac, bonheur.
Demandez à Eric Salvail où il a passé son weekend de la fête du Canada et vous saurez où se situe notre condo.
Nous y avions invité le père de l'amoureuse et sa conjointe. Mon beau-père. Le frère de l'amoureuse y était aussi, ainsi que sa blonde. On acheté avec eux ce condo. J'étais le seul qui avait son permis de navigation* ayant navigué toute mon adolescence et une partie de ma vingtaine. J'étais aussi le seul qui faisait les aller-retours pour aller travailler de nuit. On m'attendait de pied ferme pour partir (et conduire) les bateaux et samedi et dimanche. Comme c'était aussi un weekend de deuxième ronde de Mundial de soccer et de mouvements de personnel sur le marché des agents libres de la LNH, Monkee (mon fils) et moi avons échangé énormément suivant tout ça de la piscine. J'ai cru voir dans les yeux du grand-père un étonnement de la relation si étroite que mon fils et moi avions. Étonnement confirmé quand il a confessé à l'amoureuse que c'était beau de nous voir communiquer autant ainsi et qu'il aurait souhaité faire la même chose avec son fils mais que c'était une autre époque et on travaillait tout le temps...(la deuxième partie de l'énoncé est plus ou moins acceptable quand on cumule 2 jobs comme moi en ce moment et qu'on coupe ses weekends par des nuits blanches dans le Vieux-Port à charrier de l'alcool mais bon...)
Je suis forcément plus près de mon fils quand l'amoureuse est avec sa famille car, par un mouvement de magie doublé d'un sacrifice inconscient d'éléments inopportuns et parfois insolents comme nous deux (Monkee et moi), nous sommes facilement écarté de toute conversation quand la soeur, le frère et le père sont réunis. On a fait le test en riant beaucoup Monkee et moi et nous nous sommes rendus à 10 phrases adressées au beau-père/Grand-père, sans obtenir de réponse. Et ce même en s'assurant de surtout ne pas couper la parole et en faisant un eye-contact avec lui en lui parlant.
Monkee et moi (la belle-soeur aussi) devenons invisibles et inexistants.
Mais à l'eau, je suis le capitaine et sur le lac qui borde notre Condo, notre embarcation, les deux jours du weekend, s'est promptement arrêtée, pour que tout le monde se tire à l'eau. Grand-père inclus. Du bonheur je vous dis.
Dans les sophistiqués corridors de ce condotel, c'est toujours Frank Sinatra qui honore nos oreilles. C'est aussi une peintre italienne qui décore les murs et c'est franchement si beau que je me plais toujours à y passer la main dessus en sortant des spas.
"T'as même pas l'air fatigué et pourtant t'es debout depuis 3h du matin" m'a soufflé l'amoureuse.
"La fatigue c'est pour les vieux" ai-je dis, ragaillardi par une victoire en fin de rencontre des Pays-Bas au Brésil.
En se rendant dans le petit village le dimanche, dans le stationnement de l'église, il y avait un marché aux puces. Bien entendu j'y ai passé deux heures dans les livres. J'avais trouvé Don Quichotte mais seulement le Volume II. On dirait que je voulais y voir apparaître le Volume 1 comme pas magie. Je suis certain qu'un égaré a acheté le Volume I sans le réaliser comme j'avais déjà acheté le volume II d'un livre de Mailer sans le réaliser non plus.
J'ai finalement acheté un livre de nouvelles irlandaises, un livre d'Amélie Nothomb qui se consomme toujours aussi longtemps que dure une cigarette et L'Éloge du Rien de Christian Bobin et Fata Morgana. Les trois pour autant de 25 cents.
J'aurais
pu
avoir
Don
Quichotte
pour
des
peanuts...
L'Éloge du Rien je l'ai pris parce que le titre évoquait bien notre état d'esprit quand on va au condo:
On n'y fait rien.
Sinon relaxer, se détendre et reprendre le contrôle de sa vie le temps de quelques instants.
C'était vraiment pour le titre et parce que c'est de la grosseur d'une plaquette qu'on pourrait commencer et finir le cul sur une toilette parce que Bobin je l'avais déjà essayé autour de 1994 et je me rappelle avoir trouvé qu'il pelletait beaucoup trop de vent à mon goût. Je me rappelle un lyrisme qui m'avait agacé. (Mais j'étais jeune et innocent, probablement agaçant moi-même...)
Il y a toujours des mariages là où se situe notre condo. C'est beau à ce point. Il y en avait deux encore ce weekend là. Peut-être que Salvail y était pour ça (avec son amoureux).
Il y a une petite rivière artificielle qui coule au pied de notre galerie et quand on y mange c'est la plus belle des musiques.
Nous n'y faisions rien mais au fond nous communions avec tout.
La nature, la famille, nous-même.
Nous y étions tellement bien que j'en ai oublié l'excellent livre que j'avais commencé et apporté.
Nous avions pris des couleurs. Nous y étions beaux.
Nous faisions le plein de rien pour y savourer tout.
Tout.
Tout.
Tout.
C'était tout.
Nous y étions nous.
*C'est faux, l'amoureuse a aussi son permis mais ne se fait pas confiance pour conduire.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)