"I had a dream so big and loud, I jumped so high, I touched the clouds..."
-Accetta/Barnett/Goodman/Rublin/Sanchez/Shelley
Mon auteur italien favori, Alberto Moravia, a inventé un terme fort intelligent pour décrire ceux à qui la chance sourit. Ceux qui, sans de réels efforts, voient le succès atterrir devant eux. Ceux devant qui, les gens cèdent le passage sans trop d'explications.
Moravia parle des sublimés.
J'ai eu ma part de chance du côté des sublimés. L'ai encore souvent. Moins avec l'âge.
Le coeur de mon groupe d'amis est composé d'une douzaine de têtes. Multiplié par deux car ces gens sont tous et toutes en couple. Ils ont aussi tous des familles. On parle de près d'une trentaine d'enfants (Merci à Carpenter & Stacy O' qui à eux seuls en ont 6!). Chaque année, je nous trouve extrêmement chanceux de constater que sur ces plus de 25 enfants, aucun, (AUCUN), ne soit né avec une paralysie, une déficience importante, une maladie grave.
Il faut aller loin, chez des amis d'amis, avant de trouver des enfants souffrant d'ataxie, de leucémie, d'autisme et de trouble envahissant grave du comportement.
Comme notre groupe d'amis est une bande d'invincibles depuis toujours, je blague souvent en me disant que le monde devrait trembler à notre simple évocation.
Nous sommes imprenables.
En pensant exclusivement aux enfants de mes amis, j'oubliais les enfants de nos parents.
Nous.
Depuis lundi dernier, ce sont nous qui tremblons. L'une des nôtres à eue, à 36 ans, l'une des pires nouvelles que l'on peut apprendre sur sa santé quand on est une femme.
Ce pour quoi le rose n'est plus une simple couleur, mais aussi une industrie.
La justice est une pute. Il y a les batailles que l'on choisit et celles qui nous tombent dessus. Voilà quelqu'un de resplendissant, qui ne ferait pas de mal à une mouche, qui met sa bonté naturelle tous les jours de la semaine à s'occuper d'enfants dans une garderie. Et qui doit maintenant se battre. Une bataille immonde et injuste qui nous fait haïr la loterie humaine.
J'ai beaucoup pleuré lundi soir, incapable plus longtemps de retenir cette boule qui me brassait l'intérieur. Ce n'est rien en comparaison avec ce que cette unité de quatre, 41, 36, 10 et 6 ans, et leur famille proche doit vivre en ce moment.
Mais la douleur, la peine initiale, doit céder sa place à l'espoir.
On la dira brave, on la dira courageuse, mais derrière ses boucliers de survie se cacheront des larmes et des peines terrifiantes. Ne pleurent-t-on pas toujours parce qu'on a peur? Peur de territoires inexplorés?
De zones qu'on aurait jamais voulu connaître?
Ce terreau-là, personne n'en voulait. Personne ne l'avait demandé. C'est arrivé de nulle part.
Un sucker punch disent les chinois.
Je la savais riche en amour car on l'aime tous. Beaucoup.
On l'aimera plus fort encore. Et notre amour pour elle est inattaquable.
On refusera toujours qu'elle pense "...et si c'était la dernière fois que je les voyais?...".
Même si cette pensée l'habitera désormais.
J'ai fait un rêve énorme et puissant, je sautais très haut en touchant les nuages.
Je changeais le côté aléatoire de la création humaine.
Nous étions invincibles.
Nous étions aussi en 2036.
La douzaine d'amis, maintenant sans nos enfants devenus grands. Fêtant la naissance des nouveaux grands-parents de la gang.
Tu étais là, Steph.
Et tu le seras.
C'est celui qui t'as amené sur cette terre il y a 37 ans.
Tu y est née.
Et longtemps encore on va te fêter.
N'oublie pas:
Nous sommes imprenables.
On t'aime.
Et on se battra avec toi.
Bonne fête, fighter.
XXX
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)