Les Néo-Riches des Tunnels de Gaza

Une nouvelle classe de citoyens est née en Palestine.

L'un des défis dans la réconciliation entre le Hamas et les autorités Palestinienne est de réaccommoder 55 000 employés palestiniens ayant refusés de travailler pour le gouvernement du Hamas dans la bande de Gaza. Un autre défi important est d'intégrer les quelques centaines de nouveaux riches Palestiniens qui ont accumulé des fortunes dans le commerce illégal aussi bien que dans l'économie légal de la région et récupérer l'argent qui a ralenti l'activité économique en raison du blocus.

Les tunnels ne sont pas nouveaux en Palestine. Ils existent depuis le milieu des années 80. Ils étaient alors rudimentaires, dangereux même, risquant souvent l'affaisement, et ils servaient à faire passer du matériel de contrebande, des armes, de la drogue, des médicaments, et du matériel surtout conçu afin de passer sous le nez des autorités. Peu de choses légales.

Quand Israël a imposé le blocus en juin 2007, ce sont plus de 1200 tunnels qui se sont creusés sur 12 kilomètres et une moyenne de 700 mètres par tunnel. Ces même tunnels généralement pensés pour le monde interlope arabe devenait un corridor de survie où on y faisait passer des biens alimentaires en plus de devenir une important source de revenus pour le gouvernement du Hamas à Gaza.

Même si tout aussi illégal, l'utilisation de ses tunnels aide depuis 7 ans à amortir les effets du blocus imposé par Israël en y faisant passer des soins pour les enfants malades, du matériel scolaire, du matériel de construction. Toutefois les tunnels ont aussi développés des effets pervers.

L'un de ces effets est d'avoir créé une nouvelle classe de riches citoyens en Palestine en mesure d'accumuler des fortunes en peu de temps. Plus de 1000 néo-millionaires ont changé drastiquement l'image et l'activité économique palestinienne.

Sans surprise, la plupart des investissement de ses néo-riches ont été placés sur l'achat de terrain et la construction de grandes maisons ou encore sur l'achat de voiture de luxe. De plus, cette classe sociale a aussi gagné de l'influence politique dans la communauté de la bande de Gaza.

Cette redistribution des pouvoirs et de l'influence a réorienté le nerf de l'activité économique dans le secteur de plusieurs tunnels entre la ville de Rafah et le Sinai. De nouvelles associations se sont créées entre les Juifs, férés en affaires et les ouvriers palestiniens, de plus en plus qualifiés en construction et en creusage de tunnel. Certains palestiniens sont aussi devenus de solides négociateurs dans le commerce de l'échange. Après avoir été identifiée comme l'un des secteurs les plus pauvres de Palestine, la ville de Rafah est désormais son secteur le plus cossu.

La dynamique sociale a ainsi beaucoup changée en Palestine. Un jeune travailleur des tunnels dans la trentaine peut être vu au volant d'une voiture de luxe et vivant aisément tandis qu'un enseignant prendra 20 ans à atteindre ce même statut.

Cette émergence souterraine, tel un arbre ayant pris racine dans la nouvelle économie, est une distortion de la nouvelle fabrique sociale en Palestine.