samedi 18 janvier 2014

Bienvenue au Dôme du Plaisir

Juillet 1986.

J'ai 14 ans, mon ami Pat aussi. Mais il est grand et a un grand frère de 18 ans. Un frère duquel il a forgé de fausses cartes d'identité qui lui donnent 4 ans de plus (!!). Pat a un peu de poil sous le nez, moi il faudra encore de 5 à 6 ans avant que je n'ai qu'un duvet. Quand nous entrons là où c'est strictement réservé aux adultes, c'est moi l'imberbe au visage chérubin, la maillon faible de la combine.

Nous y sommes dans un endroit pour adultes en cette semaine de chaleur où Modern Talking, Sabine Paturel, Indochine, Bananarama et Peter Gabriel cartonnent sur toutes les stations radios.
Nous c'est dans le clip de Stéphanie de Monaco, entre 2:21 et 3:44 qu'on voulait atterrir. Et à défaut d'avoir les moyens de nos ambitions, nous allions atterrir dans un bar, au sous-sol de la Grande-Allée, un endroit appelé Midnight, avec des murs de pierre et des pots de kamikazes à se renverser sur les cuisses.

Moi, fraîchement renvoyé de mon école secondaire pour cause de multiples indisciplines, Pat pour sa part allait dès l'été suivant, devenir père...
Nos parents respectifs, affolés par l'influence que l'un avait sur l'autre, avaient bien tenté de nous séparer l'un de l'autre mais lui avait besoin de moi pour le faire rire et moi j'avais besoin de lui pour parcourir ses sentiers que je défrichais tout seul, étant ainé de ma maisonnée, et avec deux filles derrière! En quoi mes deux soeurs plus jeunes pouvaient m'aider en ce qui concernait la sexualité d'un ado de mon âge. Pat avait l'avanatge d'avoir son grand frère pour lui paver la voie, l'informer sur ceci-cela, moi, j'étais tout seul.

Pat et moi chassions la femme au Midnight.

Nous descendions les quelques marches qui menaient à cette sorte de grotte souterraine qui donnait tout son sens au mot underground. Surtout ne pas faire de eye-contact avec le placier à l'entrée, nous étions majeurs dans nos têtes, donc habitués de se rendre à de tels endroits. Un seul regard croisé avec le placier et nous étions barrés à la porte. La musique, la nôtre, nous appelle. Nous passons sur ce qui semble être du tapis, gris. Tout est en ton de gris/bleu, comme on filmerait une série dramatique en pellicule cinéma en 2013. Du noir aussi, et du brun foncé. Il n'y a pas de fenêtre (puisque nous sommes dans un sous-sol) et beaucoup de fumée(puisque nous pouvons y fumer sans scrupules).

Les femmes sont belles. Les moitiés d'hommes que nous sommes sont séduits par tant de jolies dames. Pat va chercher les drinks puisque c'est lui "le vieux" et que moi je n'ai aucune chance au bar, on me donnerait du lait. Il y a du rouge dans l'éclairage. Nous sommes entre le paradis et l'enfer. Ça sent le rouge. Les plus belles femmes portent du rouge ou du noir. Elles sont l'enfer, nous ne le savons pas encore, parce que trop jeunes. Les femmes du Midnight ne connaissent pas nôtre âge. Pat attire celles-ci, moi aussi. Nous sommes leur toyboy dans leur yeux. Elles s'amusent de nous autant que nous sommes séduits par elles.

Nous avions les cheveux trop longs, un peu comme le chanteur des Thompson Twins.
Nous étions absolument en rut, le resterions toujours.
Nous avions 14 ans, étions dans un endroit interdit passé minuit.

Une heure où les pendules sont remises à zéro
et où tout pouvait commencer aussi...
...et nous avions commencé à découvrir les femmes sous un autre angle...

Débutait une chanson de Frankie Goes to Hollywood.
The World is my oyster...hahahahaha...
Nous avions réussi.
Pour l'un comme pour l'autre, Stéphanie de Monaco s'y trouvait.

Sauf que Pat allait devenir papa.

À 15 ans.

Et ça allait de devenir le meilleur moyen de nous séparer pour de bon.


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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)