Je me rendais à la bibli entre deux lectures. J'ai d'abord été attiré par le nom de l'auteur qui est aussi le nom d'un de mes amis: Frédéric Gagnon. Un gars de Québec en plus, comme mon chummey.
Malgré la couverture plus ou moins ratée des éditions de la grenouille bleue, j'ai pris le livre dans mes mains, Nirvana Blues, j'aimais le titre aussi, un oxymore est toujours agréable, et en ai lu la jacquette ne serais-ce que pour voir si l'auteur était cet ami à moi, de la même ville, portant le même nom.
Non. Celui-là a une drôle de bouille ronde avec l'arcade sourcillière qui tire vers le regard bridé et l'aspect bouledogue sympathique. Un peu la tête à Jack Nance.
En lisant comment il se présentait je lisais ceci: Parmi ses influences, on compte des films: Taxi Driver de Scorsese, Lost Highway de David Lynch...
(...)
Là, je suis devenu soudainement troublé. Il se trouvait que la veille j'avais écouté Lost Highway et que l'avant-veille, j'avais écouté Taxi Driver... Fameux hasard quand même. Nous sommes en 2013 et voilà que je rejoins un auteur (ou l'inverse) que je ne connais en rien avec deux films de 1976 et de 1997 respectivement. Drôle de hasard.
Comme on poursuivait sur la jaquette arrière avec des influences qui sont aussi un peu les miennes (Bergman, Faulkner, Baudelaire...) je suis donc parti avec le livre. Troublé toujours.
Son livre raconte l'histoire, la sienne je crois, d'un homme suspendu hors de sa vie, privé du monde le jour où son amour le quitte. Il a raison le Fred, l'homme est un oeil. Et le sien est perçant. Voilà un Travis Bickle du 418 doté d'une spectrale écriture.
Mais ce qui m'a troublé encore davantage c'est qu'à la radio, le lendemain en plein heure du diner, à la Radio de Radio-Canada, on s'entretenait avec...Frédéric Gagnon! Sauf que celui-là, c'était le directeur de l'observatoire sur les États-Unis de l'UQAM.
Utterly Strange disent les infortunés de la langue...
Mais Frédéric Gagnon n'est pas un nom extrêmement rare au Québec alors ces drôles de hasard ont vite échappé à mon imagination. Ce qui m'a bouleversé (encore) c'est le retour de ce cardinal.
Je vous en ai déjà parlé, il y a un cardinal, un très joli petit oiseau rouge, qui se pointe souvent chez nous en période de grand stress. Été comme hiver. Weird. On se plait à dire qu'il s'agit de mon père réincarné qui vient nous siffler d'un air très fier que tout ira bien. C'est amusant parce que c'est toujours le cas. Quand il se pointe, nous sommes en grand bouleversement.
La dernière fois, c'était à propos de la piscine dont la toile n'arriverait qu'à l'aube de la Saint-Jean Baptiste. Une toile qui devait arriver à la troisième semaine de mai.
On s'amuse de l'idée du cardinal parce que quiconque connaissait mon père ne l'aurait jamais comparé à un cardinal. À un tigre ou un puma, un animal fonceur peut-être. Un gracieux volatile qui sifflote en huit comme une rivière coule au printemps? PFF! non. Mon père chantait du nez et comme une casserole.
Mais c'est con, le cardinal fait toujours, TOUJOURS, ses apparitions à des moments ou on a besoin d'être rassuré. Et étrangement, par orgueil assurément, je n'aurais pas appelé de son vivant mon père pour être rassuré/conseillé/guidé. Le jour de la pose de la toile on ne le voyait pas mais on l'entendait chanter clairement. Tout ira bien, tout ira bien...La belle et moi on se regardait par en-dessous comme pour se dire "franchement...devrions-nous y croire?"
Parce que ce chant de cardinal fonctionne. Notre souffle coupé par le stress reprend de l'air et nous fait rire.
Et on décompresse.
J'ai lu le livre de Gagnon en 24 heures. Ça se lit tout seul comme on se laisse guider par un chauffeur de taxi dans la nuit.
On évoque les outardes, les cailles, les grandes oies errantes, le cygne, le repaire des oiseaux, les oiseaux aux ailes plus vastes que les horizons, surtout les oiseaux désorientés de terres inconnues. Mais j'ai lu jusqu'à la fin et on n'y parle pas de cardinal.
Mais mon esprit n'était plus troublé par les mouvements erratiques de l'angoisse non plus.
Le cardinal resurgirait un autre tantôt.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)