Il me disait dans le même souffle que malgré tout, aucun des 8 critiques, incluant lui-même, n'avait écrit une mauvaise critique sur le film. Tous sans exception.
Ben voilà, Laurence Anyways, troisième film de Xavier Dolan et un film sur les exceptions, sans être en tout temps exceptionnel. Inscrit dans la durée (2h47) il prend son temps pour nous dessiner 10 ans de la relation entre Fred (une femme-femme) et Laurence (Un homme se voulant dans un corps de femme).
L'équilibre entre le dialogue naturel (qui fonctionne très bien chez Suzanne Clément) et le dialogue écrit ne passe pas toujours bien. On entend presque Dolan parler/lire à certains moments. Les meilleurs moments sont d'ailleurs presque tous sans dialogues. Bercés par une trame sonore plus qu'adéquate, certains passages relèvent du clip et sont de brillants exposés photographiques cadrés avec talent. C'est pas pour rien qu'il a été recruté par Sirkis et Cie.
Je peux comprendre ce qui peut irriter chez Dolan aussi. C'est aussi ce qui m'énerve. L'orgueil omniprésent et le manque de modestie. Il y a révolte dans ses trois films mais surtout éclaboussures dans la déchirure . Son premier film coupait le cordon ombilical. Le second testait les frontières de l'amitié et du partage dans le désir. Le troisième parle de sacrifice, de dévouement, d'amour, beaucoup plus qu'on le croirait à la base. D'amour à la dure. 2h47 c'est franchement trop long et il est là le manque de modestie, mais il se trouve dans son film facilement un peu plus de la moitié de très beaux plans, de bonnes idées de mise-en-scène, de Fassbinder (avec ses excès aussi) et de grands moments d'émotions.
Facile de s'irriter de certains tics de réalisateurs, mais il y a aussi beaucoup à aimer.
N'oublions pas que le kid n'a que 23 ans. Dans dix ans, à ce rythme, il a plus que de belles années devant lui. Ses films sont toujours remplis de promesses toujours plus surprenantes. Rappelez-vous, pour son premier film les décideurs-de-ce-qu'on-devrait-tourner avaient refusé de lui donner des sous pour son film. Avec le front qu'on lui connait, il avait dit merde et avait tourné quand même avec des bouts de ficelles. Quand Cannes lui a baisé les pieds (épousant le personnage Dolan plus que les deux premiers films), les décideurs-de-ce-qu'on-devrait-tourner lui ont alors baisé le cul. " 'scuze-nous Xaxa, on avait pas bien lu".
C'est cette audace qui me plait.
Et Duran Duran, The Cure, Visage...toujours bons dans les oreilles même si on couvre alors à l'image les années 90. Ça donne une impression de rétroaction face à des gestes qu'on veut dirigés vers l'avant. On pense à une zone de confort chez le personnage alors qu'il est en voie de répendre l'inconfort chez certains. Le personnage de Melvil Poupaud souhaite certe un grand bond en avant, mais ce type d'exceptions ne se fait pas sans heurts.
Xavier aurait pu coller pour l'oreille du Velvet Underground (quoiqu'il a peut-être essayé) puisque le sujet s'y prêtait bien. Mais dans l'ensemble, ces choix n'étaient pas tous mauvais.
Les irritants sont nés chez mois de la durée surtout, certains dialogues trop écrits, Yves Jacques qui ressemblait dangereusement à l'une des mes tantes, et l'orgueil, très très en avant. C'est tout ce que je lui reproche. Ça m'a fait décrocher de certains échanges houleux parce que j'en avais assez eu déjà. C'était sursouligné.
Et à 23 ans, sans panache, on s'efface.
Le prochain Dolan, je le verrai probablement aussi.
Jusqu'à ce qu'il se LarsVontrierise.
Et s'avale lui-même à trop ouvrir la gueule devant le miroir.
Son premier film était désordre public/ménage intime.
Son second était teinté de Wong Kar-Wai.
Son dernier a l'empreinte de Rainer Werner Fassbinder.
Enviable tryptique.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)