Elle le voyait comme un père, inexistant dans sa famille de toute façon, qui lui enseignait l'art sexuel. Il la récompensait de sous dont elle se servait pour s'acheter des bonbons.
Sa mère n'était au courant de rien et elle ne saurait jamais non plus qu'avant que Lina ne rencontre Martin, elle maîtrisait déjà un certain art manuel pour le pantalon des garçons. On aurait pu croire qu'elle n'en avait jamais voulu au curé de précocement en faire un être sexuel jusqu'au jour où on a trouvé le curé mort, empoisonné. Quand Lina a eu 16 ans.
Belle fille, elle n'était jamais passée inaperçue dans le village de St-Twick. Martin, était son petit copain et il semblait que tout le village l'avait coordonné ainsi depuis toujours. Plûtôt prude, Martin n'avait jamais eu l'initiative de vouloir entreprendre sexuellement la jolie Lina. Adolescent, Martin avait surpris Lina en train d'uriner dans les champs de maïs de M.Talbot, les fesses au vent en s'essuyant avec des feuilles, et l'avait entendu échapper un gaz dans le processus. Cette image l'avait pratiquement interdit de désir sexuel envers Lina. Si bien, que celle-ci se lassa de la passivité sexuelle de Martin et, officiellement pour le village, alors qu'ils étaient toujours élèves de l'école secondaire, elle restait son amoureuse, mais ne refusait pas non plus les avances de Ben du village voisin, ni celles de Rich de la ferme à Joe. Son amie Sandra, de 5 ans son ainée, s'organisait pour la couvrir dans ses mensonges et s'occupait de lui présenter de nouveaux amis plus entreprenants.
Bientôt il fût maintenant connu que le couple Lina/Martin n'existait plus. Sandra et Lina avaient récupéré une cabine de l'ancienne station de Ski Ferrigno et l'avait placée dans une portion du champs des Adam dont il se servait très peu, sinon pas du tout. C'était leur base. Leur lieu de rencontre. Leur cabane dans l'arbre qu'ils n'avaient jamais eue, enfant. Là, elle s'y réunissait pour se raconter tous leurs secrets, fumer, boire en cachette. Embrasser un nouveau copain, plus.
La vingtaine, c'était encore l'adolescence à St-Twick.
"Pourquoi tu ne ferais pas comme les autres et que tu ne quitterais pas pour la Grand' Ville lui avait un jour dit une amie de sa mère qui trouvait que son boulot au dépanneur n'avait pas grande valeur. "Ma mère ne supporterait pas que j'habîte trop loin" avait répondu Lina qui n'avait plus été à l'école après son secondaire 5 à Ste-Molaire, ville voisine. Lina se doutait bien aussi que le style de vie, et le type des gens qui composent les grandes villes ne cesseraient pas de lui rappeler qu'elle n'était pas des leurs. À St-Twick au moins, elle se sentait parmi les siens. Et comme employée principale du dépanneur/magasin général et de la seule station service du coin, elle avait la chance de voir l'ensemble du village dans le courant d'une semaine. Et de toute façon, elle trouvait ça beau son chez-eux.
"Mais le secondaire à Ste-Molaire t'as pas donné envie de plus grand?" lui avait-on demandé. Non. Le passage au secondaire avait été une mauvaise expérience pour elle alors qu'elle avait trouvé les garçons mal dégourdis et souvent plutôt bêtes et les filles tout simplement méchantes. Elle savait des choses d'adulte qui lui avaient vite donné mauvaise réputation et les gens gardaient leur distance d'avec Lina.
Sandra, vers 22 ans était partie pour la Grand' Ville. Avec la ferme ambition de devenir quelqu'un d'important, de big. Et par un jour triste de 1998, Lina avait appris sa mort. Dans des circonstances étranges. Trouvé enroulée dans un tapis calciné dans la remise derrière un ancien atelier de carrosserie. À la sortie d'un bar Sandra avait quitté avec un homme inconnu puis plus rien. Elle avait disparu pendant trois jours avant que l'on retrouve son corps. On a jamais retracé d'assassin, ni même trouvé de suspects. Comme si la ville avait avalé Sandra. Ceci avait profondément terrorisé Lina qui avait choisi de rester à St-Twick.
Avalée elle-même dans sa vie tranquille de St-Twick.
On ne lui connaissait pas de petit ami et c'était très bien ainsi.
Elle avait déjà donné trop tôt.
En ce triste anniversaire du départ de son amie, elle se rendit dans la cabine qu'ils avaient eu comme repaire dans le champs des Adam et y avait trouvé un raton. Loin d'être effrayée, elle avait sourit en se disant que c'était peut-être l'âme de Sandra reconverti en animal. En ce moment, assise dans la cabine avec son ami raton, rien ne pouvait aller mal.
Parce qu'elle ne visait pas trop haut. Parce que rien n'irait trop vite.
Parce que rien ne serait trop gros. Pour Lina encore petite.
Dans son rang de St-Twick.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)