(au...trio?*...Cybèle et Aimgie, infatigables et irréductibles fidèles lecteurs à qui je souhaite tout le bien du monde en 2013)
I go back to Quebec, to see my old friends, the best people I could ever have met
J'ai tout essayé pour réunir le fameux band des années 80.
Nous étions 10. Johnny Kluzak à la lead guitar, Goyette à la base, Brett Calighen à la batterie, Michaud à l'harmonica, Fitz aux claviers, Stuart à la guitare rythmique, Stegrën au chant, Pfeiffer à la trompette, Jenny Polychuk au sexophone et moi au piano et comme deuxième voix.
Nous avons été successivement Le Cruel AVP Club, Les Méchants Malades, Purple Phase, Pimple Phase, The Wild-Eyed Boys From Freecloud, Carnage Mayhem, Fixed Penalty, Rocket Baby Dolls, Young Blood, Morning Jones pour finalement connaître le succès auprès des filles (et Jenny auprès des gars) sous le vocable perçu comme prétentieux The Human Race (c'était plutôt en hommage à Men Without Hats qui honorait sans le savoir 2 de nos membres)
Fitz allait quitter le band en premier. Surtout parce qu'on ne faisait pas suffisament de place aux claviers. Il allait toutefois me rester indispensable puisque qu'il serait mon lien direct vers ma propre carrière personnelle future. Il ne sera pas là le 31, il sera au chaud. Chaud aussi c'est sur. Non seulement parce que la bouteille est son amie (he's an irish punk) un soir comme ce soir, mais aussi parce qu'il est en amour. Et ça c'est de l'or de nos jours. Il ne fera plus d'album après son départ du band.
Le départ de Stegrën a été plus douloureux encore. C'était le front man qui partait, la voix. Lancé principalement dans la prod, dans l'aspect technique de la joute musicale, il produira du boys band suédois, son pays d'origine, mais travailllant toujours d'Amérique. Même si il était le premier sous les projecteurs de par son statut de chanteur, il est toujours resté suffisament discret, préférant se retirer derrière la scène. C'est encore aujourd'hui la générosité incarnée. Mais il ne sera pas là le 31 non plus. Trop dans le jus. C'est trois boys band qu'il gère/produit pour la Suède. Ça bouffe du temps ça. Et il est toujours sur la route.
Something is changing, changing, changing.
J'avais alors pris les commandes du chant, tout seul. Brett allait bientôt quitter lui aussi. Pour partir son band avec Michaud qui s'était mis aussi au piano. Batterie et piano. Pas de chant. Mais du grand talent de la part des deux. Michaud allait migrer vers les claviers et le bidouillage informatique. Brett brillerait lui aussi dans un fantastique projet à 5: The Running Club avec beaucoup de collaboration avec Michaud. Brett sera avec nous le 31, il me manque souvent. Michaud n'y sera pas, pris ailleurs. Il a un album-double sur lequel il brille. C'est un immense buveur ce Michaud mais tout un créateur aussi. Que de cuites ensemble...Mon plus ancien chummey.
I drink to remember, I smoke to forget
Some things to be proud of, some stuff to regret
Polychuk était la seule fille du band. Elle était one of the boys. Une fille aux traits admirables. Étrangement, contrairement à l'usage, elle resplendissait pratiquement davantage sur photo qu'en vrai...On l'adorait et tout et tout, l'adore encore, mais souvent on tombait en amour avec sa photogénie rare et unique. Elle a été mon amoureuse un temps. Une belle époque, brève mais intéressante pour nous deux. Elle a fait quelques mauvais choix par la suite mais a aussi créé deux merveilleux albums, deux vrais bijoux. Je pense souvent à toi Jenny. J'aimerais savoir comment tu te portes. Les journaux rapportent tellement de conneries. Dans quel état sera tu le 31?
So I kiss goodbye to every little ounce of pain
Stuart a quitté pour le mieux. Ce sera 6 albums, rien de moins qu'il réalisera. De splendides mélodies écossaises (son origine) 5 fois et un époustoufflant album rock. Il a su s'entourer d'une formidable équipe qui fait l'admiration de tous. Il me rappelle tellement mon père de par son tempéremment, c'en est quelques fois presque dérangeant. On dirait que je cotoie mon père, à mon âge...weird. Ce qui n'enlève rien à sa toujours agréable compagnie. Il ne sera pas là le 31 mais je ne m'inquiète en rien pour lui, toujours entouré, il ne connait pas l'ennui.
There's a story for every corner of this place
Kluzak à la guit, Goyette à la base, Pfeiffer maintenant au drum, et moi au chant, au piano et à la deuxième guit (mais si peu, si très peu).
Ce serait ma composition la plus ponctuelle. Avec Michaud nous prêtant ses multiples talents de temps à autre.
Kluzak, la force tranquille, le génie, a fait deux albums solos assez grandiose. Il sera occupé le 31 mais je lui parle pratiquement tous les jours à l'année longue. (Goyette et Michaud souvent aussi). Je le vois le 28 et il me troque Homeland season 1 contre un billet pour un voyage sur Mars. Échange à mon avantage, mais ne lui dites pas.
Goyette, mon demi-frère, Brett, mon buddy de guerre, moi, se retrouveront ce soir chez Pfeiffer, qui a passé des temps horribles mais qui se trouve aujourd'hui au sommet de son art et nous reçevra dans son studio. Il reprendra sa trompette et on se fera un gros jam.
Trinquant à nos joies comme à nos peines.
Nous étions la race humaine.
25 ans plus tard, (plus de 30 dans le cas de Pfeiffer et Michaud) nous trempons dans la quarantaine.
Notre ancienne vie nous semble si lointaine.
Hey Hey it's fine
Hey Hey it's fine
Hey Hey it's fine
I left it behind.
Cheers to all of you!
2013 sera bientôt parmi nous.
Rapprochez-vous
Rapprochez-vous...
Je vous souhaite tout ce que vous avez aimé en 2012 mais en mieux et étendu sur les 12 mois de 2013.
On se revoit de l'autre bord de la bouteille.
*Je soupçonne Cybèle d'être un couple, deux paires de yeux, je me trompe?
lundi 31 décembre 2012
dimanche 30 décembre 2012
Le Boxeur Poids-Lourd qui Aime Se Battre Contre Les Poids-Plume
Jamais il n'a fait de doute que les pratiques douteuses existaient chez la célèbre chaîne de magasin de la famille Walton.
On ne fait pas croire à ses employés sous-payés qu'ils sont "associés" sans avoir un esprit retors.
Mais ils étaient si puissants que jamais non plus le niveau de saleté de Walmart n'a été aussi clairement exposé. Le New York Times a décrypté récemment l'abc de la méthode Walmart au Mexique. Une méthode véreuse, dégoûtante et tout à fait révoltante.
Est-ce que Walmart pourrait devenir un nouveau bateau de croisière en train de couler?
Il n'en tient qu'au consommateur, le vrai patron.
Au Mexique, pays voisin du Sud des États-Unis, 46% de la population vit en-dessous du seuil de la pauvreté. Il n'en fallait pas plus pour exciter les bonzes de Walmart.
À Teotihuacàn, un site préservé, pour archéologues, Walmart identifie un petite ville située au pied de temple aztèque dont il pourrait soutirer profit. La ville se débrouille avec des paysans et des villageois qui patronnent leur petit commerce. Walmart aime bien identifier les petites villes où les concurrents sont faciles à décimer comme ça. Ça tombe bien, le terrain que les gens de Walmart veulent entreprendre est à l'entrée de la ville, ce qui créérait un goulot d'étranglement pour la concurrence.
Toutefois, la ville est justement en train de limiter l'expansion de l'immobilier, le traffic généré par les rénovations étant un calever et de toute façon le site n'est pas commercial mais archéologique, zoné résidentiel, la ville dira non une première fois au buldozer étatsunien.
On ne dit pas non au monstre Walmart. Les enveloppes s'activent au même rythme que la machinerie.
Walmart distribuera les pots-de-vins aux élus pour les faire pencher de leur côté, pour les faire (entre autre chose) changer le zonage du terrain en leur faveur. Walmart n'entendait tellement pas le premier refus qu'ils avaient déjà commencé à mesurer l'espace, dessiné les plans du magasin, fait des étude de sol et mis sur pied les devis de production. Ils avaient aussi calculé leur incursion, sachant très bien qu'un nouveau maire et une nouvelle équipe entrait au village et que beaucoup de leurs doléances passeraient facilement dans la confusion de l'entrée en fonction des nouveaux élus. Une confusion toujours plus facile à gérer quand un géant des États-Unis vient vous offrir quelques dollars pour mieux passer la semaine...
L'arrogance capitaliste de Walmart roulera à plein régime.
La méthode est la même en Chine, au Brésil, en Inde, au Canada. 19 magasins au Mexique ont fait l'objet de stratagèmes similaires. On arrive, on s'installe, ne vous inquiétez pas, on vous paie nos barbares invasions. Les paiements se faisaient par des tiers, afin de ne pas être en mesure de retracer la famille Walmart, ce qui n'est pas sans rappeler la commission Charbonneau chez nous. C'est autour de 200 000 dollars que Walmart place en soudoiement, en payant aussi une populaire communauté religieuse pour qu'elle fasse une sortie publique en faveur de l'intégration du magasin chez eux. Le nouveau maire signe en cachette des papiers qui accélèrent le processus de construction de nouveaux magasins en échanges de gros sous. L'Institut d'Histoire et d'Archélogie accepte 90 000 dollars pour fermer leur gueule avant de réaliser que lors des excavations, on démoli des ruines astèques, dont un ancien hôtel maintenant anéanti et des trésors anciens datant des années 1300...
Vous trouverez peut-être des poteries aztèques brisées un jour dans des musées. Ce n'est peut-être qu'un coup de pelle de 2003 qui les auront alors fendu et non nécessairement le passage du temps.
Le magasin ouvre en automne 2004, toujours à temps pour Noël, et devient le symbole de la mondialisation et de l'écrasement étatsunien dans les relations de libre-échange commerciaux.
L'avocat qui a négocié tous ses pots-de-vins a eu des cas de conscience et a déballé son sac à la police mais comme celle-ci est généreusement subventionnée par l'argent des envahisseurs, elle a vite fermé le dossier.
Y en a pas de problèmes.
Corruption? qu'est-ce que vous dites là?
It's just business.
Permis de construction? Permis environnemental? Permis d'urbanisme?
C'est plutôt nous qui permettons aux Mexicains de rayonner dans nos rayons.
Walmart est le plus gros employeur privé du Mexique.
Est-ce que Walmart pourrait un jour devenir un nouveau bateau de croisière en train de couler?
Il n'en tient qu'au consommateur, le vrai patron.
Mois je souhaite qu'il puisse au minimum verser sur le côté.
"Chéri, irais-tu me chercher trucbine chez Walmart?" me demandait l'amoureuse.
J'ai été le chercher ailleurs.
Un petit commercant sans prétention.
On ne fait pas croire à ses employés sous-payés qu'ils sont "associés" sans avoir un esprit retors.
Mais ils étaient si puissants que jamais non plus le niveau de saleté de Walmart n'a été aussi clairement exposé. Le New York Times a décrypté récemment l'abc de la méthode Walmart au Mexique. Une méthode véreuse, dégoûtante et tout à fait révoltante.
Est-ce que Walmart pourrait devenir un nouveau bateau de croisière en train de couler?
Il n'en tient qu'au consommateur, le vrai patron.
Au Mexique, pays voisin du Sud des États-Unis, 46% de la population vit en-dessous du seuil de la pauvreté. Il n'en fallait pas plus pour exciter les bonzes de Walmart.
À Teotihuacàn, un site préservé, pour archéologues, Walmart identifie un petite ville située au pied de temple aztèque dont il pourrait soutirer profit. La ville se débrouille avec des paysans et des villageois qui patronnent leur petit commerce. Walmart aime bien identifier les petites villes où les concurrents sont faciles à décimer comme ça. Ça tombe bien, le terrain que les gens de Walmart veulent entreprendre est à l'entrée de la ville, ce qui créérait un goulot d'étranglement pour la concurrence.
Toutefois, la ville est justement en train de limiter l'expansion de l'immobilier, le traffic généré par les rénovations étant un calever et de toute façon le site n'est pas commercial mais archéologique, zoné résidentiel, la ville dira non une première fois au buldozer étatsunien.
On ne dit pas non au monstre Walmart. Les enveloppes s'activent au même rythme que la machinerie.
Walmart distribuera les pots-de-vins aux élus pour les faire pencher de leur côté, pour les faire (entre autre chose) changer le zonage du terrain en leur faveur. Walmart n'entendait tellement pas le premier refus qu'ils avaient déjà commencé à mesurer l'espace, dessiné les plans du magasin, fait des étude de sol et mis sur pied les devis de production. Ils avaient aussi calculé leur incursion, sachant très bien qu'un nouveau maire et une nouvelle équipe entrait au village et que beaucoup de leurs doléances passeraient facilement dans la confusion de l'entrée en fonction des nouveaux élus. Une confusion toujours plus facile à gérer quand un géant des États-Unis vient vous offrir quelques dollars pour mieux passer la semaine...
L'arrogance capitaliste de Walmart roulera à plein régime.
La méthode est la même en Chine, au Brésil, en Inde, au Canada. 19 magasins au Mexique ont fait l'objet de stratagèmes similaires. On arrive, on s'installe, ne vous inquiétez pas, on vous paie nos barbares invasions. Les paiements se faisaient par des tiers, afin de ne pas être en mesure de retracer la famille Walmart, ce qui n'est pas sans rappeler la commission Charbonneau chez nous. C'est autour de 200 000 dollars que Walmart place en soudoiement, en payant aussi une populaire communauté religieuse pour qu'elle fasse une sortie publique en faveur de l'intégration du magasin chez eux. Le nouveau maire signe en cachette des papiers qui accélèrent le processus de construction de nouveaux magasins en échanges de gros sous. L'Institut d'Histoire et d'Archélogie accepte 90 000 dollars pour fermer leur gueule avant de réaliser que lors des excavations, on démoli des ruines astèques, dont un ancien hôtel maintenant anéanti et des trésors anciens datant des années 1300...
Vous trouverez peut-être des poteries aztèques brisées un jour dans des musées. Ce n'est peut-être qu'un coup de pelle de 2003 qui les auront alors fendu et non nécessairement le passage du temps.
Le magasin ouvre en automne 2004, toujours à temps pour Noël, et devient le symbole de la mondialisation et de l'écrasement étatsunien dans les relations de libre-échange commerciaux.
L'avocat qui a négocié tous ses pots-de-vins a eu des cas de conscience et a déballé son sac à la police mais comme celle-ci est généreusement subventionnée par l'argent des envahisseurs, elle a vite fermé le dossier.
Y en a pas de problèmes.
Corruption? qu'est-ce que vous dites là?
It's just business.
Permis de construction? Permis environnemental? Permis d'urbanisme?
C'est plutôt nous qui permettons aux Mexicains de rayonner dans nos rayons.
Walmart est le plus gros employeur privé du Mexique.
Est-ce que Walmart pourrait un jour devenir un nouveau bateau de croisière en train de couler?
Il n'en tient qu'au consommateur, le vrai patron.
Mois je souhaite qu'il puisse au minimum verser sur le côté.
"Chéri, irais-tu me chercher trucbine chez Walmart?" me demandait l'amoureuse.
J'ai été le chercher ailleurs.
Un petit commercant sans prétention.
samedi 29 décembre 2012
The Entertainer de Scott Joplin
Il y a de ses morceaux culturels qui sont parfois cruels pour leurs créateurs.
La fameuse pièce de Scott Joplin en est un bel exemple.
Reconnue comme un classique du ragtime, la pièce brillamment composée par l'afro-américain ne l'aura toutefois jamais rendu bien riche de son vivant.
Issu du Texas, Joplin avait été professeur de mandoline et de guitare. Il avait aussi fait parti d'un quartet vocal. Principalement travailleur pour une compagnie de chemin de fer, alors âgé dans la jeune trentaine, il choisit de tout plaquer et de tenter de vivre de la musique.
Il aura une très brève carrière et ne vivra pas tellement riche.
Sa première pièce est une catastrophe. Un échec lamentable coûteuse et non reçue par le public du début du 20ème siècle. Toutefois son Maple Leaf Rag est un succès durable qui lui offre un salaire, peu spectaculaire, mais pour le restant de sa vie. Le morceau est compliqué à jouer, devient un défi pour pianiste, et devient un classique du style ragtime.
Au début, en 1899-1900, la pièce instrumentale lui rapporte 4$ par semaine. Puis en 1909, le même morceau dure encore en popularité et lui rapporte à peu près 11.55$ par semaine (600$ par année).
C'est ce morceau là dont se rappellera Joplin à sa mort en 1917. C'était celui qui le faisait vivre. Pas bien puisqu'à 48 ans, il est d'abord atteint de syphillis, puis de démence et meurt avant ses 50 ans dans un institut psychiatrique.
Pauvre de lui, s'il avait su...
C'est avec un morceau composé en 1902, mais réèllement popularisé seulement des décennies plus tard que le nom de Scott Joplin sera identifié partout sur terre d'Amérique et à jamais.
The Entertainer a pour sous-titre A Rag Time Two Steps qui était une sorte de danse fort populaire jusqu'à peu près 1911 avant de céder sa place au jazz. Le morceau est dédié à James Brown* and His Mandolin Club.
Quand le morceau est lancé en 1902, il passe plus ou moins inaperçu. Sauf dans le St.Louis Globe-Democrat où on parle du morceau comme d'un des meilleurs et des plus entrainants jamais composés.
C'est toutefois en novembre 1970, un mois après la mort d'une autre fameuse Joplin, qu'un producteur de disque met sur le marché, sous l'étiquette de musique classique Nonesuch, un album rendant hommage au Rag. Si l'étiquette voulait explorer un nouveau macrhé et faire grossir ses revenus, elle ne pouvait miser mieux. L'album Scott Joplin: Piano Rags fait découvrir le genre à une toute nouvelle génération et l'album deviendra le premier album (multi)millionnaire de l'étiquette.
En 1971, l'album est si populaire qu'il est nommé dans deux catégories aux Grammys (Grammys qu'il ne gagnera pas).
Quand George Roy Hill tourne son multi-oscarisé (7) film The Sting l'année suivante, son scénariste David S.Ward situe l'action en 1936. Toutefois le choix de la trame sonore s'arrête sur une adaptation de Marvin Hamlisch de The Entertainer. Même si le film se déroule dans la période de la grande dépression, un bon 20, 25 ans après le ragtime, la chanson devient un GIGA-HIT, rivalisant même avec les chansons populaires chantées sur les palmarès de l'époque. Les ventes sont astronomiques et bien que Hamlisch n'y fasse que quelques minuscules variantes (dans le choix des instruments entre autre), c'est lui qui empoche les millions. Ironiquement, le sécnario de Ward est aussi "emprunté" au livre The Big Con de David Maurer que l'on fait taire en payant plus tard, réglant hors cour, une fois les honneurs du film récoltés.
Hamlisch raflera aussi un oscar pour la musique du film.
En 1976, on donne à Joplin un prix pultizer posthume, par cas de conscience, je présume.
La renaissance du ragtime dure un temps puis s'estompe.
Joplin, qui rêvait d'être le roi du rag de son vivant, le deviendra, mort.
Grâce à ce 29 décembre 1902, où il a enregistré cette chanson en son nom, chanson maitenant devenue libre de droits et que je viens d'apprendre à jouer sur Iphone.
(Je n'en suis pas peu fier. C'est compliqué du Joplin...)
*Rien à voir avec le godfather of soul
La fameuse pièce de Scott Joplin en est un bel exemple.
Reconnue comme un classique du ragtime, la pièce brillamment composée par l'afro-américain ne l'aura toutefois jamais rendu bien riche de son vivant.
Issu du Texas, Joplin avait été professeur de mandoline et de guitare. Il avait aussi fait parti d'un quartet vocal. Principalement travailleur pour une compagnie de chemin de fer, alors âgé dans la jeune trentaine, il choisit de tout plaquer et de tenter de vivre de la musique.
Il aura une très brève carrière et ne vivra pas tellement riche.
Sa première pièce est une catastrophe. Un échec lamentable coûteuse et non reçue par le public du début du 20ème siècle. Toutefois son Maple Leaf Rag est un succès durable qui lui offre un salaire, peu spectaculaire, mais pour le restant de sa vie. Le morceau est compliqué à jouer, devient un défi pour pianiste, et devient un classique du style ragtime.
Au début, en 1899-1900, la pièce instrumentale lui rapporte 4$ par semaine. Puis en 1909, le même morceau dure encore en popularité et lui rapporte à peu près 11.55$ par semaine (600$ par année).
C'est ce morceau là dont se rappellera Joplin à sa mort en 1917. C'était celui qui le faisait vivre. Pas bien puisqu'à 48 ans, il est d'abord atteint de syphillis, puis de démence et meurt avant ses 50 ans dans un institut psychiatrique.
Pauvre de lui, s'il avait su...
C'est avec un morceau composé en 1902, mais réèllement popularisé seulement des décennies plus tard que le nom de Scott Joplin sera identifié partout sur terre d'Amérique et à jamais.
The Entertainer a pour sous-titre A Rag Time Two Steps qui était une sorte de danse fort populaire jusqu'à peu près 1911 avant de céder sa place au jazz. Le morceau est dédié à James Brown* and His Mandolin Club.
Quand le morceau est lancé en 1902, il passe plus ou moins inaperçu. Sauf dans le St.Louis Globe-Democrat où on parle du morceau comme d'un des meilleurs et des plus entrainants jamais composés.
C'est toutefois en novembre 1970, un mois après la mort d'une autre fameuse Joplin, qu'un producteur de disque met sur le marché, sous l'étiquette de musique classique Nonesuch, un album rendant hommage au Rag. Si l'étiquette voulait explorer un nouveau macrhé et faire grossir ses revenus, elle ne pouvait miser mieux. L'album Scott Joplin: Piano Rags fait découvrir le genre à une toute nouvelle génération et l'album deviendra le premier album (multi)millionnaire de l'étiquette.
En 1971, l'album est si populaire qu'il est nommé dans deux catégories aux Grammys (Grammys qu'il ne gagnera pas).
Quand George Roy Hill tourne son multi-oscarisé (7) film The Sting l'année suivante, son scénariste David S.Ward situe l'action en 1936. Toutefois le choix de la trame sonore s'arrête sur une adaptation de Marvin Hamlisch de The Entertainer. Même si le film se déroule dans la période de la grande dépression, un bon 20, 25 ans après le ragtime, la chanson devient un GIGA-HIT, rivalisant même avec les chansons populaires chantées sur les palmarès de l'époque. Les ventes sont astronomiques et bien que Hamlisch n'y fasse que quelques minuscules variantes (dans le choix des instruments entre autre), c'est lui qui empoche les millions. Ironiquement, le sécnario de Ward est aussi "emprunté" au livre The Big Con de David Maurer que l'on fait taire en payant plus tard, réglant hors cour, une fois les honneurs du film récoltés.
Hamlisch raflera aussi un oscar pour la musique du film.
En 1976, on donne à Joplin un prix pultizer posthume, par cas de conscience, je présume.
La renaissance du ragtime dure un temps puis s'estompe.
Joplin, qui rêvait d'être le roi du rag de son vivant, le deviendra, mort.
Grâce à ce 29 décembre 1902, où il a enregistré cette chanson en son nom, chanson maitenant devenue libre de droits et que je viens d'apprendre à jouer sur Iphone.
(Je n'en suis pas peu fier. C'est compliqué du Joplin...)
*Rien à voir avec le godfather of soul
vendredi 28 décembre 2012
McCarthysme (1947-1954, sept ans de honte)
En 1938, la chambre des représentants des États-Unis instaure une commission sur les activités anti-étatsunienne.
C'est 9 ans plus tard que les résultats des enquêtes présentent une liste d'organisation dites "subversives". Dix-neuf personnalités d‘Hollywood, soupçonnées d‘appartenir ou d‘avoir appartenu au parti communiste, sont convoquées par la commission en octobre 1947. Seulement 11 d'entre eux seront entendus. Il s'agit de scénaristes, producteurs, réalisateurs et d'un acteur, Larry Parks. Parmi les auteurs, Bertold Brecht qui confesse ne pas être membre du parti communiste et se sauve dès le lendemain pour l'Europe et pour ne plus jamais remettre les pieds aux États-Unis. Un geste qui sera plus tard imité par des dizaines d'appellés à témoigner.
Orson Welles, Charlie Chaplin, Jules Dassin entre autres personalités disent adieu aux États-Unis.
Le sénateur républicain Joseph McCarthy, en pleine campagne de publicité afin de mousser sa propre carrière politique, donne un important discours en juillet 1950 où il accuse un responsable de la politique en Extrème Orient d'être communiste. Les accusations s'avèrent parfaitement infondées mais le mal est fait. Les gens n'ont retenu que les grands titres alarmistes et pensent que les communistes ont infiltrés les membres du Département d'État. Ceci assure à McCarthy une publicité considérable. Il capitalise alors là-dessus et reprend l'accusation (infondée) d'un des témoins, affirmant que des membres du Département d'État, dès 1945, avaient fourni aux rédacteurs de la revue Amerasia un document sur la bombe A, par la suite transmis aux Soviétiques. Dans un de ses discours enflammé il prétend qu'il a en main une liste de 205 noms de membres de l'État ayant de possibles allégeances communistes. Quand vient le temps de remettre la liste au ministère de la justice, il n'y a en fait que 57 noms et les soupçons sont tous infondés.
Il prend dans ses discours comme cible favorite le Général Marshall, auteur du plan de relance économique européèn post-seconde guerre mondiale nommé Le Plan Marshall.
Quand Eisenhower est élu président républicain des États-Unis en 1952, il nomme Joseph McCarthy président de la sous-commission d'enquête permanente du Sénat. À la différence de la Commission sur les activités anti-étatsuniennes et du sous-comité interne de sécurité du Sénat, la sous-commission présidée par McCarthy se concentre sur les institutions gouvernementales. Elle commence par une enquête sur la bureaucratie et oblige le retrait de littérature qualifiée de pro-communiste de la bibliothèque du Département d'État.
Les investigations de la commission constituent une source constante de tension avec la Maison Blanche. La chasse aux sorcières est en marche. La paranoia s'installe. McCarthy souhaite enquêter sur un analyste de la CIA mais Hoover lui fait la vie dure. McCarthy est tout ce qu'il y a de plus rustre. Il intimide tout ceux qui ont des oreilles pour entendre. Il compte faire peur et réussit à le faire. Au peuple en tout cas. On craint le communiste comme le Canada anglais craint le séparatiste. Dans l'ignorance.
McCarthy montre un manque de respect flagrant des règles de fonctionnement d’une commission du Sénat. C’est ainsi qu’il signe seul des assignations de témoins, alors que le vote de tous les membres de la sous-commission est exigé. Les témoins se plaignent régulièrement de recevoir leurs assignations au dernier moment, pour être bien certain qu'ils ne soient pas en mesure de préparer leur déposition. Les sessions de la sous-commission doivent avoir lieu à huis clos mais McCarthy autorise certains journalistes (qui lui sont favorables) à y assister.
Arthur Miller écrit Les Sorcières de Salem et la pièce est mise en scène en 1953 en guise de protestation contre la connerie de McCarthy. Albert Einstein dit du McCarthysme "Qu'il est un danger incomparablement plus grand pour notre société que ces quelques communistes qui seraient au pays". Robert Kennedy, assistant-conseiller démocrate à la sous-commission démissionne quand McCarthy se donne le droit d'engager, seul, qui il entend et de renvoyer aussi sans préavis qui bon lui semble, sans consultation.
Entre les seules années 1947 et 1953, 26 000 employés de l'administration fédérale font l'objet d'une enquête approfondie. Il y eut 7 000 démissions et 739 révocations, au motif d'appartenance à des organisations dites subversives, d'immoralité sexuelle, de pratique homosexuelle ou de consommation de drogues. Plus de 300 acteurs, scénaristes, réalisateurs et travailleurs de l'industrie du cinéma à Hollywood ont été empêché de travailler. Parmi eux, Zero Mostel, Dolores Del Rio, John Garfield, Dashiell Hammett, Joseph Losey, Burgess Meredith, Dorothy Parker, Arthur Miller, Paul Robeson, Edward G. Robinson, Artie Shaw, Lena Horne.
Ce qui provoque la chute de McCarthy c'est la télévision. Quand celle-ci choisit de diffuser les audiences, le public découvre un Joseph McCarthy parfaitement antipathique, grossier, agressif, et qui dira d'un respecté chef d'armée qu'il est indigne de porter un uniforme et qu'il a le cerveau d'un enfant de 5 ans.
Tout se retourne contre lui. Les médias ne le respecte plus, le public non plus, le congrès encore moins.
La fenêtre qu'offre la télévision fait comprendre à tous les méthodes de voyou de McCarthy et ses visées tout ce qu'il y a de plus personnelles pour se faire un nom. Celui-ci est maintenant associé à la honte, même chez les républicains.
187 heures de programme et jusqu’à vingt millions de téléspectateurs sont abasourdies par le président de la sous-commission lui-même. Le 30 juillet 1954, un sénateur républicain dépose une motion de censure contre McCarthy. Le Sénat adresse un blâme à McCarthy en décembre 1954 par 67 voix contre 22. Il est définitivement écarté de la politique. Déchu, déconsidéré, McCarthy sombre dans l'alcoolisme et meurt en 1957 dans l'indifférence complète.
Les États-Unis tentent tant bien que mal d'effacer ces 7 ans de malheur qui ont fait nettement beaucoup plus de mal que de bien en leur sol.
Le mal sévit encore aujourd'hui, puisque la chasse aux communistes est restée bien enracinée dans la psychée collective du peuple des États-Unis.
Chez les résidents moins éduqués, le "red commy" est encore un danger très présent.
Pour la plupart c'est un très mauvais souvenir d'une période noire de la vie sociale américaine.
60 ans plus tard, les cicatrices paraissent encore.
C'est 9 ans plus tard que les résultats des enquêtes présentent une liste d'organisation dites "subversives". Dix-neuf personnalités d‘Hollywood, soupçonnées d‘appartenir ou d‘avoir appartenu au parti communiste, sont convoquées par la commission en octobre 1947. Seulement 11 d'entre eux seront entendus. Il s'agit de scénaristes, producteurs, réalisateurs et d'un acteur, Larry Parks. Parmi les auteurs, Bertold Brecht qui confesse ne pas être membre du parti communiste et se sauve dès le lendemain pour l'Europe et pour ne plus jamais remettre les pieds aux États-Unis. Un geste qui sera plus tard imité par des dizaines d'appellés à témoigner.
Orson Welles, Charlie Chaplin, Jules Dassin entre autres personalités disent adieu aux États-Unis.
Le sénateur républicain Joseph McCarthy, en pleine campagne de publicité afin de mousser sa propre carrière politique, donne un important discours en juillet 1950 où il accuse un responsable de la politique en Extrème Orient d'être communiste. Les accusations s'avèrent parfaitement infondées mais le mal est fait. Les gens n'ont retenu que les grands titres alarmistes et pensent que les communistes ont infiltrés les membres du Département d'État. Ceci assure à McCarthy une publicité considérable. Il capitalise alors là-dessus et reprend l'accusation (infondée) d'un des témoins, affirmant que des membres du Département d'État, dès 1945, avaient fourni aux rédacteurs de la revue Amerasia un document sur la bombe A, par la suite transmis aux Soviétiques. Dans un de ses discours enflammé il prétend qu'il a en main une liste de 205 noms de membres de l'État ayant de possibles allégeances communistes. Quand vient le temps de remettre la liste au ministère de la justice, il n'y a en fait que 57 noms et les soupçons sont tous infondés.
Il prend dans ses discours comme cible favorite le Général Marshall, auteur du plan de relance économique européèn post-seconde guerre mondiale nommé Le Plan Marshall.
Quand Eisenhower est élu président républicain des États-Unis en 1952, il nomme Joseph McCarthy président de la sous-commission d'enquête permanente du Sénat. À la différence de la Commission sur les activités anti-étatsuniennes et du sous-comité interne de sécurité du Sénat, la sous-commission présidée par McCarthy se concentre sur les institutions gouvernementales. Elle commence par une enquête sur la bureaucratie et oblige le retrait de littérature qualifiée de pro-communiste de la bibliothèque du Département d'État.
Les investigations de la commission constituent une source constante de tension avec la Maison Blanche. La chasse aux sorcières est en marche. La paranoia s'installe. McCarthy souhaite enquêter sur un analyste de la CIA mais Hoover lui fait la vie dure. McCarthy est tout ce qu'il y a de plus rustre. Il intimide tout ceux qui ont des oreilles pour entendre. Il compte faire peur et réussit à le faire. Au peuple en tout cas. On craint le communiste comme le Canada anglais craint le séparatiste. Dans l'ignorance.
McCarthy montre un manque de respect flagrant des règles de fonctionnement d’une commission du Sénat. C’est ainsi qu’il signe seul des assignations de témoins, alors que le vote de tous les membres de la sous-commission est exigé. Les témoins se plaignent régulièrement de recevoir leurs assignations au dernier moment, pour être bien certain qu'ils ne soient pas en mesure de préparer leur déposition. Les sessions de la sous-commission doivent avoir lieu à huis clos mais McCarthy autorise certains journalistes (qui lui sont favorables) à y assister.
Arthur Miller écrit Les Sorcières de Salem et la pièce est mise en scène en 1953 en guise de protestation contre la connerie de McCarthy. Albert Einstein dit du McCarthysme "Qu'il est un danger incomparablement plus grand pour notre société que ces quelques communistes qui seraient au pays". Robert Kennedy, assistant-conseiller démocrate à la sous-commission démissionne quand McCarthy se donne le droit d'engager, seul, qui il entend et de renvoyer aussi sans préavis qui bon lui semble, sans consultation.
Entre les seules années 1947 et 1953, 26 000 employés de l'administration fédérale font l'objet d'une enquête approfondie. Il y eut 7 000 démissions et 739 révocations, au motif d'appartenance à des organisations dites subversives, d'immoralité sexuelle, de pratique homosexuelle ou de consommation de drogues. Plus de 300 acteurs, scénaristes, réalisateurs et travailleurs de l'industrie du cinéma à Hollywood ont été empêché de travailler. Parmi eux, Zero Mostel, Dolores Del Rio, John Garfield, Dashiell Hammett, Joseph Losey, Burgess Meredith, Dorothy Parker, Arthur Miller, Paul Robeson, Edward G. Robinson, Artie Shaw, Lena Horne.
Ce qui provoque la chute de McCarthy c'est la télévision. Quand celle-ci choisit de diffuser les audiences, le public découvre un Joseph McCarthy parfaitement antipathique, grossier, agressif, et qui dira d'un respecté chef d'armée qu'il est indigne de porter un uniforme et qu'il a le cerveau d'un enfant de 5 ans.
Tout se retourne contre lui. Les médias ne le respecte plus, le public non plus, le congrès encore moins.
La fenêtre qu'offre la télévision fait comprendre à tous les méthodes de voyou de McCarthy et ses visées tout ce qu'il y a de plus personnelles pour se faire un nom. Celui-ci est maintenant associé à la honte, même chez les républicains.
187 heures de programme et jusqu’à vingt millions de téléspectateurs sont abasourdies par le président de la sous-commission lui-même. Le 30 juillet 1954, un sénateur républicain dépose une motion de censure contre McCarthy. Le Sénat adresse un blâme à McCarthy en décembre 1954 par 67 voix contre 22. Il est définitivement écarté de la politique. Déchu, déconsidéré, McCarthy sombre dans l'alcoolisme et meurt en 1957 dans l'indifférence complète.
Les États-Unis tentent tant bien que mal d'effacer ces 7 ans de malheur qui ont fait nettement beaucoup plus de mal que de bien en leur sol.
Le mal sévit encore aujourd'hui, puisque la chasse aux communistes est restée bien enracinée dans la psychée collective du peuple des États-Unis.
Chez les résidents moins éduqués, le "red commy" est encore un danger très présent.
Pour la plupart c'est un très mauvais souvenir d'une période noire de la vie sociale américaine.
60 ans plus tard, les cicatrices paraissent encore.
jeudi 27 décembre 2012
Joy Division
Bernard Sumner et Peter Hook se connaissent depuis qu'ils ont l'âge de 11 ans. Quand ils découvrent les Sex Pistols en spectacle à l'été 1976, ils fantasment sur l'idée de se partir un band de musique.
Hook s'achète une basse et Sumner grattera la guitare.
Après avoir placé une annonce pour un chanteur, c'est leur ami Ian Curtis qui y répond et il est engagé sur-le-champs. Il a la gueule, la stature (il mesure plus de 6 pieds), la présence donc, alors que les deux autres sont de nature très timide. De plus c'est déjà un ami.
Ils se présenteront sur scène avec comme premier nom de band Warsaw en hommage à la chanson Warszawa de Bowie. Il y a rotation de batteur jusqu'à ce que l'on engage Stephen Morris. Lorsque Morris est engagé, en août 1977, la femme de Curtis dira du groupe "qu'il cadrait si bien avec les trois autres, que l'on a tout de suite senti que la famille était complète". En décembre de cette année-là Warsaw enregistre son premier démo.
Afin d'éviter la confusion avec le band Warsaw Pakt, le groupe de Sumner, Hook, Curtis & Morris devient Joy Division. Le nom est tiré de celui de l'aile regroupant les prostituées dans les camps nazis. Leur premier spectacle sous le nom de Joy Division se déroule le 25 janvier 1978 à Manchester.
En échange d'une reprise, morceau enregistré pour RCA records, Joy Divison hérite de temps de studio. Ils pratiqueront tout le printemps pour un premier effort terminé en juin 1978. Comme le nom du groupe et la pochette sont inspirés des nazis, le band s'attire toute sortes de médisance, ce qu'ils s'amusent à nourrir pour faire jaser...
Car si leur gérant, Rob Gretton, un dj extrèmement déterminé, a beaucoup d'entrain et de leadership, les quatres membres du band sont extraordinairement refermés sur eux-mêmes. Ce ne sont pas les fonceurs prêt à gravir la montagne du succès. Sur scène, ils sont si concentrés sur leurs instruments qu'ils sont comme 4 îles qui se retrouvent en fin de spectacle. Curtis impressionne car il est très grand, plutôt séduisant et danse de manière assez désarticulée. Sa voix sombre impressionne aussi.
Ténébreuse est la division joyeuse.
En revenant d'un spectacle, Ian Curtis a sa première grave crise d'épilepsie dans une voiture avec le band. Rapidement, alors que le groupe est en pleine ascension, tout le monde comprend qu'il faudra composer avec cette maladie.
En avril 1979, Joy Divison enregistre l'opaque manifeste Unknown Pleasures. Si le groupe est déçu de l'absence de l'aggressivité que ceux-ci produisent sur scène, ils comprennent du même coup que le producteur Martin Hannett vient de tout simplement créer le son du band.
Lancé sur une petite étiquette indépendante, l'album transforme cette étiquette en véritable business et en force révolutionnaire de la musique underground de Manchester.
L'année 1979 est si bonne pour le groupe qu'ils peuvent maintenant se permettre de quitter leur emploi de jour. Une tournée européènne est de toute façon maintenant prévue pour le début de 1980.
Curtis n'a que deux crises entre janvier et mars 1980. Ce mois-là, le groupe enregistre et lance, toujours avec Martin Hannett à la console, son second et dernier album. En avril, la tournée européènne reprend mais le manque de sommeil et les longues heures de travail font progresser les crises de Curtis qui deviennent de plus en plus régulières et il les fait sur scène. Souvent, le public pense que ceci fait parti d'un numéro d'artiste mais Curtis s'affaisse pour vrai, tout en tremblements et tente même de se suicider une première fois en avalant du phénobarbital à l'arrière-scène.
Il est effectivement traité mais les pillules sont expérimentales et ont de très sérieux effets secondaires sur la psyché du chanteur. Leur gérant engage des chanteurs de remplacement pour ouvrir le spectacle et quelques fois les terminer aussi, ménageant du coup Curtis, qui chante au milieu. Le public s'en fâche et lance des bouteilles aux chanteurs de remplacement quand la bagarre générale suivie d'une casse des lieux n'est pas de mise.
Curtis a honte. Le 2 mai, Joy Divison fait son dernier spectacle puisque les multiples dégénérescences dérangent trop et plusieurs spectacles sont alors annulés. Dans 15 jours le groupe doit s'envoler pour une tournée aux États-Unis.
Curtis, totalement incapable de conjuguer avec sa vie de papa, d'époux, de rock star et de malade, trompe sa femme avec une journaliste belge.
Il est aussi incapable de se peindre en mari infidèle. Curtis et sa femme étaient mariés depuis leurs 17 ans. Ils en avaient tout juste 23 et la vie leur était extraordinairement lourde. Sa femme, mise aux fait qu'elle était cocufiée, réclamait le divorce.
Une île est engloutie et Ian Curtis se pend le 18 mai 1980 au matin. La veille du départ de Joy Division pour la tournée aux États-Unis.
Départ qui n'aura jamais lieu. Certaines de ses dernières compositions trahissaient ses intentions. Les plaisirs lui seront à jamais inconnus.
Le photographe Anton Corbijn, témoin de la brève ascencion du groupe, a réalisé un splendide film de fiction sur le groupe qu'il a côtoyé. On y apperçoit même ceux qui deviendront New Order en fin de film lors d'un beau plan de deuil.
J'ai vu le film trois fois en 5 ans. Je le regarderai surement encore un jour. Les acteurs y sont brillants, apprenant chacun leur instrument (et Sam Riley la voix) et les jouant pour vrai à l'écran ce qui ajoute un effet d'authenticité.
Et Samantha Morton est à nouveau tout ce qu'il y a de plus fantastique*.
Le 27 décembre 1977 marquait la première crise d'épilepsie de Ian Curtis.
Repose en paix, sombre prince de l'underground.
* Dans Sweet & Lowdown, Morvern Callar & Control en tout cas.
Hook s'achète une basse et Sumner grattera la guitare.
Après avoir placé une annonce pour un chanteur, c'est leur ami Ian Curtis qui y répond et il est engagé sur-le-champs. Il a la gueule, la stature (il mesure plus de 6 pieds), la présence donc, alors que les deux autres sont de nature très timide. De plus c'est déjà un ami.
Ils se présenteront sur scène avec comme premier nom de band Warsaw en hommage à la chanson Warszawa de Bowie. Il y a rotation de batteur jusqu'à ce que l'on engage Stephen Morris. Lorsque Morris est engagé, en août 1977, la femme de Curtis dira du groupe "qu'il cadrait si bien avec les trois autres, que l'on a tout de suite senti que la famille était complète". En décembre de cette année-là Warsaw enregistre son premier démo.
Afin d'éviter la confusion avec le band Warsaw Pakt, le groupe de Sumner, Hook, Curtis & Morris devient Joy Division. Le nom est tiré de celui de l'aile regroupant les prostituées dans les camps nazis. Leur premier spectacle sous le nom de Joy Division se déroule le 25 janvier 1978 à Manchester.
En échange d'une reprise, morceau enregistré pour RCA records, Joy Divison hérite de temps de studio. Ils pratiqueront tout le printemps pour un premier effort terminé en juin 1978. Comme le nom du groupe et la pochette sont inspirés des nazis, le band s'attire toute sortes de médisance, ce qu'ils s'amusent à nourrir pour faire jaser...
Car si leur gérant, Rob Gretton, un dj extrèmement déterminé, a beaucoup d'entrain et de leadership, les quatres membres du band sont extraordinairement refermés sur eux-mêmes. Ce ne sont pas les fonceurs prêt à gravir la montagne du succès. Sur scène, ils sont si concentrés sur leurs instruments qu'ils sont comme 4 îles qui se retrouvent en fin de spectacle. Curtis impressionne car il est très grand, plutôt séduisant et danse de manière assez désarticulée. Sa voix sombre impressionne aussi.
Ténébreuse est la division joyeuse.
En revenant d'un spectacle, Ian Curtis a sa première grave crise d'épilepsie dans une voiture avec le band. Rapidement, alors que le groupe est en pleine ascension, tout le monde comprend qu'il faudra composer avec cette maladie.
En avril 1979, Joy Divison enregistre l'opaque manifeste Unknown Pleasures. Si le groupe est déçu de l'absence de l'aggressivité que ceux-ci produisent sur scène, ils comprennent du même coup que le producteur Martin Hannett vient de tout simplement créer le son du band.
Lancé sur une petite étiquette indépendante, l'album transforme cette étiquette en véritable business et en force révolutionnaire de la musique underground de Manchester.
L'année 1979 est si bonne pour le groupe qu'ils peuvent maintenant se permettre de quitter leur emploi de jour. Une tournée européènne est de toute façon maintenant prévue pour le début de 1980.
Curtis n'a que deux crises entre janvier et mars 1980. Ce mois-là, le groupe enregistre et lance, toujours avec Martin Hannett à la console, son second et dernier album. En avril, la tournée européènne reprend mais le manque de sommeil et les longues heures de travail font progresser les crises de Curtis qui deviennent de plus en plus régulières et il les fait sur scène. Souvent, le public pense que ceci fait parti d'un numéro d'artiste mais Curtis s'affaisse pour vrai, tout en tremblements et tente même de se suicider une première fois en avalant du phénobarbital à l'arrière-scène.
Il est effectivement traité mais les pillules sont expérimentales et ont de très sérieux effets secondaires sur la psyché du chanteur. Leur gérant engage des chanteurs de remplacement pour ouvrir le spectacle et quelques fois les terminer aussi, ménageant du coup Curtis, qui chante au milieu. Le public s'en fâche et lance des bouteilles aux chanteurs de remplacement quand la bagarre générale suivie d'une casse des lieux n'est pas de mise.
Curtis a honte. Le 2 mai, Joy Divison fait son dernier spectacle puisque les multiples dégénérescences dérangent trop et plusieurs spectacles sont alors annulés. Dans 15 jours le groupe doit s'envoler pour une tournée aux États-Unis.
Curtis, totalement incapable de conjuguer avec sa vie de papa, d'époux, de rock star et de malade, trompe sa femme avec une journaliste belge.
Il est aussi incapable de se peindre en mari infidèle. Curtis et sa femme étaient mariés depuis leurs 17 ans. Ils en avaient tout juste 23 et la vie leur était extraordinairement lourde. Sa femme, mise aux fait qu'elle était cocufiée, réclamait le divorce.
Une île est engloutie et Ian Curtis se pend le 18 mai 1980 au matin. La veille du départ de Joy Division pour la tournée aux États-Unis.
Départ qui n'aura jamais lieu. Certaines de ses dernières compositions trahissaient ses intentions. Les plaisirs lui seront à jamais inconnus.
Le photographe Anton Corbijn, témoin de la brève ascencion du groupe, a réalisé un splendide film de fiction sur le groupe qu'il a côtoyé. On y apperçoit même ceux qui deviendront New Order en fin de film lors d'un beau plan de deuil.
J'ai vu le film trois fois en 5 ans. Je le regarderai surement encore un jour. Les acteurs y sont brillants, apprenant chacun leur instrument (et Sam Riley la voix) et les jouant pour vrai à l'écran ce qui ajoute un effet d'authenticité.
Et Samantha Morton est à nouveau tout ce qu'il y a de plus fantastique*.
Le 27 décembre 1977 marquait la première crise d'épilepsie de Ian Curtis.
Repose en paix, sombre prince de l'underground.
* Dans Sweet & Lowdown, Morvern Callar & Control en tout cas.
mercredi 26 décembre 2012
Le Cadeau
(Adapté de Lou Reed)
Damien Meemind en avait assez.
C'était la mi-octobre et ceci voulait donc dire que cela faisait deux mois qu'il était séparé d'Iza. Deux mois et tout ce qu'il avait de nouvelles était deux cours courriels et deux appels longue-distance fort coûteux où bien peu s'était échangé entre lui et sa supposée amoureuse.
Il est vrai qu'elle avait choisi d'aller étudier en Alberta et que lui, de son côté, restait à Montréal. Mais ils s'étaient juré fidélité. Du moins une certaine fidélité. Elle sortirait avec des garçons de temps à autre mais ne coucherait avec aucun. De toute façon en Alberta, il faudrait les marier pour le faire. Elle serait fidèle. C'est ce qu'elle lui avait dit. Mais au téléphone, à l'écrit, il n'avait rien senti.
Et recémment, Damien se sentait de plus en plus inquiet. Il dormait mal et lorsqu'il le faisait il était victime d'horribles cauchemars. Il se tortillait dans ses draps, essuyant de temps à autres quelques larmes en s'assoyeant dans son lit tout en imaginant Iza, ses voeux pieux déjoués par l'alcool et les biceps d'un homme de néanderthal au torse bien proportionné et à la gueule carrée comme elle les aime, la soumettant soudainement aux supplices finaux de l'abandon face aux caresses sexuelles.
C'était beaucoup trop pour son imagination flottante.
Les visions d'infidélité d'Iza le hantait. Ses jours étaient meublés de pensées sexuelles toutes plus dégradantes les unes que les autres pour celle qu'il disait aimer. Le pire c'est qu'il était convaincu que l'Alberta n'était pas fait pour elle. Tout ses rednecks, ses guns-happy freaks, ses fils de fermiers, ses amoureux de Stephen Harper, que comprendrait-il d'une jeune artiste en arts visuel de Pointe-Claire comme elle? Lui savait comment s'y prendre avec elle. Pas les cowboys. Il la faisait rire, elle avait besoin de lui et il n'était pas auprès d'elle. (soupir!)
Mais une idée lui vint un mardi de pluie. On venait de sonner à sa porte afin de livrer un colis de produits de machine à café commandé sur le net par son co-locataire.
"Rien pour moi?" avait-il demandé au livreur qui ne lui avait pas répondu mais qui l'avait regardé comme on regarde un bol plein d'excréments où l'eau monterait au lieu de quitter le bidet lorsqu'on tire la chasse d'eau.
Le café était un produit livré d'Angleterre et c'est là que l'éclair de génie l'a frappé. C'était d'une simplicité absurde. Si il n'avait pas les moyens de se rendre en Alberta il pouvait par contre tout simplement se poster lui-même! Il demanderait l'aide de son co-loc et s'enverrait en commande spéciale pour livraison urgente.
Il se rendit acheter ce qu'il fallait, du solide papier collant, une brocheuse pour solidifier la boîte, une bôite de carton en mesure de contenir un homme de sa taille. Il fit quelques minuscules trous d'aération, se garda un peu d'eau, son ipod et quelques collations et se dit que son voyage serait peut-être même plus agréable qu'en avion aux côtés d'un obèse suintant.
Son co-loc marqua fragile sur la boîte et envoya le colis dès le vendredi suivant. En petite boule, enroulé dans des plaques de styrofoam, Damien imaginait la surprise d'Iza de le voir apparaître en personne et souriait lui-même comme un mongol dans la boîte de carton. Elle aimerait beaucoup. Il se senti brasser beaucoup avant de finalement sentir qu'il était déposé dans un avion, confortablement, tranquille.
*******************
En Alberta, Iza venait de finir de déjeuner et avait son manteau sur le dos. Le vendredi avait été fort intense. Elle se rappela qu'elle ne devait plus boire ainsi. Sean avait été cool toutefois. Il ne la jugeait pas pour boire autant tout comme elle ne le jugeait pas de croire en Dieu. Ils s'entendaient à merveille comme jamais elle ne s'était entendu avec un garçon de son âge. Si seulement Sean avait pu donner des leçons de séduction à Damien...Damien... ça lui semblait si loin cette histoire...une autre vie...morne...Pwuoche...
Marie Goltoultan, sa meilleure amie et co-locataire, l'avait suivie en Alberta. Elle s'était trouvée un travail de serveuse sur place et étudiait avec Iza de jour. Elle entra dans la pièce et dit à Iza:
"Aaaaaaaaaaaaah qu'il fait frette dehors c'est terrible on dirait tous le temps qu'il va neiger..."
"je saaaaaaaaaaaaaaaaaaaaais...ça me pique partout!" répondit Iza en enfilant son manteau d'hiver. Marie enleva pour sa part son manteau mais garda son bérêt avant de dire:
"Tu prends tu la pillule au moins Iza?"
"Non, ca me donne toujours envie de vomir"
"Un jour tu vas vomir parce que t'es enceinte"
"PFF! On est en Alberta! Il faut se marier pour coucher avec un garçon. Je n'ai pas couché avec Sean."
"Vous étiez proches de le faire en tout cas"
"On s'est embrassé beaucoup c'est vrai mais je pense que je ne prendrai plus jamais de Daiquiri de ma vie"
"Il te taponnait beaucoup hier"
"Une vraie pieuvre, les mains tout partout! mais après un moment tu te tannes de te battre avec lui et tu le laisses faire. Même qu'après quelques touchés stratégiques... j'avais presque le goût..."
"Mais tu peux pas...tu vas aller en enfer tu ferais l'amour pour le plaisir et non pour faire des enfants"
Les deux filles éclatèrent de rire.
C'est à ce moment que le colis arriva. Un lourd colis que le vieil homme qui livrait eût beaucoup de difficulté à entrer dans l'appartement.
"Qu'est-ce que tu penses que c'est? j'ai rien commandé de Montréal" demanda Iza.
À l'intérieur du paquet, Damien trépignait d'excitation en écoutant sur son Ipod une chanson de circonstance.
"C'est pas l'adresse de Damien à Montréal ça?" dit Marie.
"DAMIEN?! fuck me! je veux pas reçevoir rien de ce pauvre con!"
Le refrain de la chanson qui jouait dans les oreilles de Damien l'empêcha d'entendre ceci.
Damien tremblait d'excitation. "Ce sera pour bientôt" pensa-t-il.
Marie et Iza tentèrent en vain d'ouvrir ou de déplacer la boîte mais c'était beaucoup trop lourd pour elles.
"Cybole, ça va prendre une power drill pour ouvrir ça!"
"Le crétin m'a envoyé une enclume!"
"Va donc chercher des ciseaux au moins le tape est pas ouvrable non plus" dit Marie.
Dans la boîte, Damien n'en pouvait plus. Il sentait son coeur battre dans son cou. Il souriait comme un dément. Ce serait pour bientôt.
Après avoir essayé plusieurs fois avec la lame d'une simple paire de ciseaux, Iza se découraga. Elle prit un élan du fond du mur et fonça en trombe vers la boîte en sautant dans les airs avant de retomber à genoux en enfonçant à deux mains de tout son poids et de toute ses forces la lame des ciseaux dans le milieu de la boîte afin d'y faire un simple trou.
La lame traversa le papier collant, le carton et s'enfonça profondément dans la milieu d'une touffe de poil, créant une fissure majeure et fatale dans le crâne de Damien Meemind.
Amenant une légère et douce ondée de pluie rouge dans l'appartement ensoleillée des deux jeunes filles qui hurlaient à plein poumons dans leur salon.
Damien souriait toujours comme un dément quand il a été déclaré mort.
Une paire de ciseaux ouverte au milieu de sa tête.
Damien Meemind en avait assez.
C'était la mi-octobre et ceci voulait donc dire que cela faisait deux mois qu'il était séparé d'Iza. Deux mois et tout ce qu'il avait de nouvelles était deux cours courriels et deux appels longue-distance fort coûteux où bien peu s'était échangé entre lui et sa supposée amoureuse.
Il est vrai qu'elle avait choisi d'aller étudier en Alberta et que lui, de son côté, restait à Montréal. Mais ils s'étaient juré fidélité. Du moins une certaine fidélité. Elle sortirait avec des garçons de temps à autre mais ne coucherait avec aucun. De toute façon en Alberta, il faudrait les marier pour le faire. Elle serait fidèle. C'est ce qu'elle lui avait dit. Mais au téléphone, à l'écrit, il n'avait rien senti.
Et recémment, Damien se sentait de plus en plus inquiet. Il dormait mal et lorsqu'il le faisait il était victime d'horribles cauchemars. Il se tortillait dans ses draps, essuyant de temps à autres quelques larmes en s'assoyeant dans son lit tout en imaginant Iza, ses voeux pieux déjoués par l'alcool et les biceps d'un homme de néanderthal au torse bien proportionné et à la gueule carrée comme elle les aime, la soumettant soudainement aux supplices finaux de l'abandon face aux caresses sexuelles.
C'était beaucoup trop pour son imagination flottante.
Les visions d'infidélité d'Iza le hantait. Ses jours étaient meublés de pensées sexuelles toutes plus dégradantes les unes que les autres pour celle qu'il disait aimer. Le pire c'est qu'il était convaincu que l'Alberta n'était pas fait pour elle. Tout ses rednecks, ses guns-happy freaks, ses fils de fermiers, ses amoureux de Stephen Harper, que comprendrait-il d'une jeune artiste en arts visuel de Pointe-Claire comme elle? Lui savait comment s'y prendre avec elle. Pas les cowboys. Il la faisait rire, elle avait besoin de lui et il n'était pas auprès d'elle. (soupir!)
Mais une idée lui vint un mardi de pluie. On venait de sonner à sa porte afin de livrer un colis de produits de machine à café commandé sur le net par son co-locataire.
"Rien pour moi?" avait-il demandé au livreur qui ne lui avait pas répondu mais qui l'avait regardé comme on regarde un bol plein d'excréments où l'eau monterait au lieu de quitter le bidet lorsqu'on tire la chasse d'eau.
Le café était un produit livré d'Angleterre et c'est là que l'éclair de génie l'a frappé. C'était d'une simplicité absurde. Si il n'avait pas les moyens de se rendre en Alberta il pouvait par contre tout simplement se poster lui-même! Il demanderait l'aide de son co-loc et s'enverrait en commande spéciale pour livraison urgente.
Il se rendit acheter ce qu'il fallait, du solide papier collant, une brocheuse pour solidifier la boîte, une bôite de carton en mesure de contenir un homme de sa taille. Il fit quelques minuscules trous d'aération, se garda un peu d'eau, son ipod et quelques collations et se dit que son voyage serait peut-être même plus agréable qu'en avion aux côtés d'un obèse suintant.
Son co-loc marqua fragile sur la boîte et envoya le colis dès le vendredi suivant. En petite boule, enroulé dans des plaques de styrofoam, Damien imaginait la surprise d'Iza de le voir apparaître en personne et souriait lui-même comme un mongol dans la boîte de carton. Elle aimerait beaucoup. Il se senti brasser beaucoup avant de finalement sentir qu'il était déposé dans un avion, confortablement, tranquille.
*******************
En Alberta, Iza venait de finir de déjeuner et avait son manteau sur le dos. Le vendredi avait été fort intense. Elle se rappela qu'elle ne devait plus boire ainsi. Sean avait été cool toutefois. Il ne la jugeait pas pour boire autant tout comme elle ne le jugeait pas de croire en Dieu. Ils s'entendaient à merveille comme jamais elle ne s'était entendu avec un garçon de son âge. Si seulement Sean avait pu donner des leçons de séduction à Damien...Damien... ça lui semblait si loin cette histoire...une autre vie...morne...Pwuoche...
Marie Goltoultan, sa meilleure amie et co-locataire, l'avait suivie en Alberta. Elle s'était trouvée un travail de serveuse sur place et étudiait avec Iza de jour. Elle entra dans la pièce et dit à Iza:
"Aaaaaaaaaaaaah qu'il fait frette dehors c'est terrible on dirait tous le temps qu'il va neiger..."
"je saaaaaaaaaaaaaaaaaaaaais...ça me pique partout!" répondit Iza en enfilant son manteau d'hiver. Marie enleva pour sa part son manteau mais garda son bérêt avant de dire:
"Tu prends tu la pillule au moins Iza?"
"Non, ca me donne toujours envie de vomir"
"Un jour tu vas vomir parce que t'es enceinte"
"PFF! On est en Alberta! Il faut se marier pour coucher avec un garçon. Je n'ai pas couché avec Sean."
"Vous étiez proches de le faire en tout cas"
"On s'est embrassé beaucoup c'est vrai mais je pense que je ne prendrai plus jamais de Daiquiri de ma vie"
"Il te taponnait beaucoup hier"
"Une vraie pieuvre, les mains tout partout! mais après un moment tu te tannes de te battre avec lui et tu le laisses faire. Même qu'après quelques touchés stratégiques... j'avais presque le goût..."
"Mais tu peux pas...tu vas aller en enfer tu ferais l'amour pour le plaisir et non pour faire des enfants"
Les deux filles éclatèrent de rire.
C'est à ce moment que le colis arriva. Un lourd colis que le vieil homme qui livrait eût beaucoup de difficulté à entrer dans l'appartement.
"Qu'est-ce que tu penses que c'est? j'ai rien commandé de Montréal" demanda Iza.
À l'intérieur du paquet, Damien trépignait d'excitation en écoutant sur son Ipod une chanson de circonstance.
"C'est pas l'adresse de Damien à Montréal ça?" dit Marie.
"DAMIEN?! fuck me! je veux pas reçevoir rien de ce pauvre con!"
Le refrain de la chanson qui jouait dans les oreilles de Damien l'empêcha d'entendre ceci.
Damien tremblait d'excitation. "Ce sera pour bientôt" pensa-t-il.
Marie et Iza tentèrent en vain d'ouvrir ou de déplacer la boîte mais c'était beaucoup trop lourd pour elles.
"Cybole, ça va prendre une power drill pour ouvrir ça!"
"Le crétin m'a envoyé une enclume!"
"Va donc chercher des ciseaux au moins le tape est pas ouvrable non plus" dit Marie.
Dans la boîte, Damien n'en pouvait plus. Il sentait son coeur battre dans son cou. Il souriait comme un dément. Ce serait pour bientôt.
Après avoir essayé plusieurs fois avec la lame d'une simple paire de ciseaux, Iza se découraga. Elle prit un élan du fond du mur et fonça en trombe vers la boîte en sautant dans les airs avant de retomber à genoux en enfonçant à deux mains de tout son poids et de toute ses forces la lame des ciseaux dans le milieu de la boîte afin d'y faire un simple trou.
La lame traversa le papier collant, le carton et s'enfonça profondément dans la milieu d'une touffe de poil, créant une fissure majeure et fatale dans le crâne de Damien Meemind.
Amenant une légère et douce ondée de pluie rouge dans l'appartement ensoleillée des deux jeunes filles qui hurlaient à plein poumons dans leur salon.
Damien souriait toujours comme un dément quand il a été déclaré mort.
Une paire de ciseaux ouverte au milieu de sa tête.