En 1938, la chambre des représentants des États-Unis instaure une commission sur les activités anti-étatsunienne.
C'est 9 ans plus tard que les résultats des enquêtes présentent une liste d'organisation dites "subversives". Dix-neuf personnalités d‘Hollywood, soupçonnées d‘appartenir ou d‘avoir appartenu au parti communiste, sont convoquées par la commission en octobre 1947. Seulement 11 d'entre eux seront entendus. Il s'agit de scénaristes, producteurs, réalisateurs et d'un acteur, Larry Parks. Parmi les auteurs, Bertold Brecht qui confesse ne pas être membre du parti communiste et se sauve dès le lendemain pour l'Europe et pour ne plus jamais remettre les pieds aux États-Unis. Un geste qui sera plus tard imité par des dizaines d'appellés à témoigner.
Orson Welles, Charlie Chaplin, Jules Dassin entre autres personalités disent adieu aux États-Unis.
Le sénateur républicain Joseph McCarthy, en pleine campagne de publicité afin de mousser sa propre carrière politique, donne un important discours en juillet 1950 où il accuse un responsable de la politique en Extrème Orient d'être communiste. Les accusations s'avèrent parfaitement infondées mais le mal est fait. Les gens n'ont retenu que les grands titres alarmistes et pensent que les communistes ont infiltrés les membres du Département d'État. Ceci assure à McCarthy une publicité considérable. Il capitalise alors là-dessus et reprend l'accusation (infondée) d'un des témoins, affirmant que des membres du Département d'État, dès 1945, avaient fourni aux rédacteurs de la revue Amerasia un document sur la bombe A, par la suite transmis aux Soviétiques. Dans un de ses discours enflammé il prétend qu'il a en main une liste de 205 noms de membres de l'État ayant de possibles allégeances communistes. Quand vient le temps de remettre la liste au ministère de la justice, il n'y a en fait que 57 noms et les soupçons sont tous infondés.
Il prend dans ses discours comme cible favorite le Général Marshall, auteur du plan de relance économique européèn post-seconde guerre mondiale nommé Le Plan Marshall.
Quand Eisenhower est élu président républicain des États-Unis en 1952, il nomme Joseph McCarthy président de la sous-commission d'enquête permanente du Sénat. À la différence de la Commission sur les activités anti-étatsuniennes et du sous-comité interne de sécurité du Sénat, la sous-commission présidée par McCarthy se concentre sur les institutions gouvernementales. Elle commence par une enquête sur la bureaucratie et oblige le retrait de littérature qualifiée de pro-communiste de la bibliothèque du Département d'État.
Les investigations de la commission constituent une source constante de tension avec la Maison Blanche. La chasse aux sorcières est en marche. La paranoia s'installe. McCarthy souhaite enquêter sur un analyste de la CIA mais Hoover lui fait la vie dure. McCarthy est tout ce qu'il y a de plus rustre. Il intimide tout ceux qui ont des oreilles pour entendre. Il compte faire peur et réussit à le faire. Au peuple en tout cas. On craint le communiste comme le Canada anglais craint le séparatiste. Dans l'ignorance.
McCarthy montre un manque de respect flagrant des règles de fonctionnement d’une commission du Sénat. C’est ainsi qu’il signe seul des assignations de témoins, alors que le vote de tous les membres de la sous-commission est exigé. Les témoins se plaignent régulièrement de recevoir leurs assignations au dernier moment, pour être bien certain qu'ils ne soient pas en mesure de préparer leur déposition. Les sessions de la sous-commission doivent avoir lieu à huis clos mais McCarthy autorise certains journalistes (qui lui sont favorables) à y assister.
Arthur Miller écrit Les Sorcières de Salem et la pièce est mise en scène en 1953 en guise de protestation contre la connerie de McCarthy. Albert Einstein dit du McCarthysme "Qu'il est un danger incomparablement plus grand pour notre société que ces quelques communistes qui seraient au pays". Robert Kennedy, assistant-conseiller démocrate à la sous-commission démissionne quand McCarthy se donne le droit d'engager, seul, qui il entend et de renvoyer aussi sans préavis qui bon lui semble, sans consultation.
Entre les seules années 1947 et 1953, 26 000 employés de l'administration fédérale font l'objet d'une enquête approfondie. Il y eut 7 000 démissions et 739 révocations, au motif d'appartenance à des organisations dites subversives, d'immoralité sexuelle, de pratique homosexuelle ou de consommation de drogues. Plus de 300 acteurs, scénaristes, réalisateurs et travailleurs de l'industrie du cinéma à Hollywood ont été empêché de travailler. Parmi eux, Zero Mostel, Dolores Del Rio, John Garfield, Dashiell Hammett, Joseph Losey, Burgess Meredith, Dorothy Parker, Arthur Miller, Paul Robeson, Edward G. Robinson, Artie Shaw, Lena Horne.
Ce qui provoque la chute de McCarthy c'est la télévision. Quand celle-ci choisit de diffuser les audiences, le public découvre un Joseph McCarthy parfaitement antipathique, grossier, agressif, et qui dira d'un respecté chef d'armée qu'il est indigne de porter un uniforme et qu'il a le cerveau d'un enfant de 5 ans.
Tout se retourne contre lui. Les médias ne le respecte plus, le public non plus, le congrès encore moins.
La fenêtre qu'offre la télévision fait comprendre à tous les méthodes de voyou de McCarthy et ses visées tout ce qu'il y a de plus personnelles pour se faire un nom. Celui-ci est maintenant associé à la honte, même chez les républicains.
187 heures de programme et jusqu’à vingt millions de téléspectateurs sont abasourdies par le président de la sous-commission lui-même. Le 30 juillet 1954, un sénateur républicain dépose une motion de censure contre McCarthy. Le Sénat adresse un blâme à McCarthy en décembre 1954 par 67 voix contre 22. Il est définitivement écarté de la politique. Déchu, déconsidéré, McCarthy sombre dans l'alcoolisme et meurt en 1957 dans l'indifférence complète.
Les États-Unis tentent tant bien que mal d'effacer ces 7 ans de malheur qui ont fait nettement beaucoup plus de mal que de bien en leur sol.
Le mal sévit encore aujourd'hui, puisque la chasse aux communistes est restée bien enracinée dans la psychée collective du peuple des États-Unis.
Chez les résidents moins éduqués, le "red commy" est encore un danger très présent.
Pour la plupart c'est un très mauvais souvenir d'une période noire de la vie sociale américaine.
60 ans plus tard, les cicatrices paraissent encore.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)