Une fois par mois, un très très TRÈS personnel musée sonore d'incontournables albums qui ont su charmer mes oreilles au travers des années et qui le font toujours malgré le passage du temps vous sera offert sur ce site.
Habitués de ce blogue, vous savez que je suis très très intéressé par la zizik, forme de voyage facilement accessible et à peu de frais.
J'ai baptisé mon musée des albums incontournables de quatre mots tirés d'albums dont je ne causerai pas, conscient d'en avoir déjà assez causé ici.
Ils sont tous les quatres mémorables pour moi en ce sens qu'ils ont tous changé ma vie à leur façon. Ces quatre disques m'habitent complètement. J'en connais chaque son et ils me transportent encore de manière inexplicable dans des endroits toujours nouveaux même si les sons restent les mêmes. Ils atterissent juste à des endroits différents selon la météo mentale et physique.
"Blonde" pour Blonde on Blonde de Bob Dylan
"Idiote" pour The Idiot d'Iggy Pop
"Bassesse" pour Low de David Bowie
"Inoubliable" pour The Unforgettable Fire de U2
Par ordre de parution.
J'aurais pu rajouter The Suburbs d'Arcade Fire.
(tiens je viens de vous faire un top 5 vite fait sans m'en rendre compte!)
C'est aussi la terminaison finale du mot "habibi" qui, en Irak, veut dire "mon amour".
Blonde et Idiote Bassesse Inoubliable, c'est également parce que ça pourrait évoquer une maitresse, une erreur commandée par une appendice précise du corps.
Ce que la musique est très souvent.
Quand elle reste inoubliable pour les bonnes raisons.
1965/1966/1967.
Andy Warhol avait tout payé. Ce qui donnait à Lou Reed, John Cale, Sterling Morrison et Maureen Tucker toutes les libertés pour enregistrer en studio. Reed composait pratiquement tout chantait et grattait la guitare, Cale composait un peu mais il était surtout maître des arrangements, jouait du piano, de la base et du violon, Morrison composait un brin aussi, surtout les solos de guitares, son intrument, et Tucker tapait sur sa batterie. Sans utiliser les cymbales au possible dont Reed avait horreur car elles enterraient selon lui la guitare et la voix.
Mais comme Warhol était le portefeuille et le gérant du band, il était donc aussi maître de tout. Il impose la mannequin allemande Nico au groupe qui n'en voulait pas (sauf Reed dans son lit).
Même si c'est Cale, Norman Dolph, John Licata et surtout Tom Wilson qui ont tout produit, c'est Warhol qui sera le seul crédité pour la "production".
Quand l'album sort, Warhol a confectionné une pochette particulière (et coûteuse mais la compagnie de disque assume les frais déduisant que le nom WARHOL, imposé sur la pochette, vendra de toute façon) qui oblige l'utilisation d'une machine spéciale. La pochette représentera une banane rosée pouvant rappeller un phallus et une pelure de banane facile à décoller de la pochette sera apposée sur le dessus du 33 tours afin de ne pas apeurer les moeurs. La présence d'un membre de l'entourage de Warhol, Eric Emerson coûte cher au band. Quand Emerson menace de poursuivre le band si il ne retire pas l'image d'Emerson (ou le paie) qui se trouve à l'arrière de la pochette, la compagnie de disque retire l'album du marché ce qui brise un momentum que les ventes ne retrouveront jamais.
Le nom WARHOL, mais surtout le son du band, ne vend pas, seulement 10 000 copies en 1966-1967. Les sujest abordés sont trop osés et les gens carburent aux Beatles et aux Mama's & The Papa's, pas aux marginaux. Mais comme l'a dit Brian Eno (ou Peter Buck de R.E.M.) chaque personne qui a acheté ce disque, si musicalement riche, a parti un groupe de musique en 1966/1967.
Avec le temps, l'album est de tous les palmarès des meilleurs albums toute époque confondue. Même si au seuil du flower summer, le groupe n'a pas fait un sou avec, tournant dans le spectacle très underground de Warhol, Exploding Plastic Inevitable.
Moi j'ai couché le coffret 5 disques résumant l'ensemble de leur oeuvre sur mon testament.
The Velvet Underground, c'est pour moi du bijou.
Et ça commençait avec cet album et ceci:
Sunday Morning est tout à fait atypique du son du groupe puisque parfitement grand public, du style 7 à 77 ans. Cale a co-signé le morceau. C'est le dernier enregistré, mais le premier offert à l'oreille. Nico la chante aussi sur quelques versions mais c'est un très doux Lou Reed qui s'offre comme principal chanteur avec Nico en choeur à l'arrière vers la fin. Deuxième single lancé sur le marché à Noël 1967. Très joli morceau (et le préféré du band pour l'amoureuse qui adore les dimanches matins.)
Le second morceau passe du candide au sordide. Lou attend son revendeur de drogue, avec 26$ en main pour se procurer de l'héroïne au coin des rues Lexington avenue et de la 125th street de New York. ABC de la procuration de drogue avec une percussion qui donne l'impression qu'on frappe des barils répétitivement. Musique axée sur la répétition d'ailleurs. Excellent.
La pièce suivante a été maintes et maintes fois reprise, entre autre par R.E.M., Duran Duran, Émile Simon et Emmanuelle Seigner. Reed était amoureux de Nico à ce moment et elle a cru que ce morceau était écrit pour elle, elle le chante aussi, mais c'est plutôt pour Edie Sedgwick qu'elle était composée à la demande de Warhol lui-même.
Venus In Furs est un classique. Le violon précis de Cale et le tambourin de Tucker, laissent croire à une séance de sado-masochisme. Les guitares croisées de Morrison et de Reed forment aussi un étrange effet de perversion. Morceau inspiré du livre du même nom de Leopold Von sacher-masoch. I am tired, I am weary, I could sleep for a thousand years...ce moment me fait toujours un grand effet. Chantée par Cale sur le demo, tout aussi bon.
Comme si le band voulait se faire pardonner cette incursion en territoire trrrrrrrrrrrrrrrès adulte, le morceau qui suit est un bon vieux rock'n roll fort simple (hm...la guitare n'est pas complètement grand public). Toutefois la mention de personnages marginaux connus de la jungle de New York, Teenage Mary, Margarita Passion, Seasick Sarah, Beardless Harry, et de leur consommation de drogue ne rend pas le morceau aussi accessible qu'il n'y parait d'abord.
All Tomorow's Parties était le morceau préféré de Warhol. C'est un des miens aussi. Premier extrait lancé en juillet, il chronique la clique autour d'Andy Warhol, celle qui peuplait la Factory. Les gens disaient les choses les plus incroyables autour du band mais aussi les plus tristes. Chanté par Nico. Le piano de Cale, joué en cascade, est hantant.
Le premier morceau de la face B était aussi le plus tabou. Simplement titré du nom de la drogue de choix autour du band, endossant son utilisation, durant plus de 7 minutes, elle n'avait aucune chance de devenir grand public. Retravaillé brillament en crescendo répétitifs à 4 à partir d'un morceau acoustique composé par Reed en 1964. Intense et grisant.
Reed s'est inspiré du riff de guitare de Richards (ou Jones) qui avait adapté Marvin Gaye en 1965 pour cette pièce-là. R.E.M. a aussi refait ce morceau en 1983. Très accessible. Il le fallait après une grosse promo d'héroïne...
I'll Be Your Mirror a pour sa part bien été composée par Reed pour Nico (qui lui chante). Délicieuse pièce dont les mots ont été ceux prononcés par Nico quand Warhol a imposé (contre leur gré) le mannequin allemand comme chanteuse à la place de Reed.
Le morceau suivant est tout simplement innacessible pour l'auditeur moyen. Mais c'est une petite perle d'audace en ce qui me concerne. La distortion du violon de Cale, le feedback volontaire de guitares, cette chanson composée par Cale & Reed est capitale dans l'histoire du band. Alors simple band de bar, ils étaient bookés au Café Bizarre fréquenté par peu de gens, principalement des ivrognes et des marginaux. Jouant cette chanson, les gens fuyaient davantage devant tant d'arhytmie (nous sommes alors en 1965!). Le propiétaire du café menace les Velvet que si ils jouent à nouveau cet insuportable morceau, ils seront limogés et sans travail. Le groupe, frondeur, refait alors une version encore plus longue de 11 minutes, sabotant leur engagement. Il y a très peu de spectateurs au café Bizarre mais s'y trouve Andy Warhol. Qui les engage et leur offre une carrière.
La dernière pièce achève l'auditeur moyen. Cet hommage à un mentor de Lou Reed (Delmore Schwartz, à qui Reed écrira un autre morceau plus tard dans sa carrière solo, un brillant morceau) utilise aussi le feedback et la distortion. Après un début avec des couplets et un riff à la Chuck Berry, John Cale brise une armée de vaisselle à coup de chaise métallique et le band se lance dans une improvisation de plus de 6 minutes.
Pour amateur de free jazz à la Ornette Coleman, de poésie en rock'n roll, d'Andy Warhol et de son entourage, d'esprits dilletantes, de sujets underground et de marginaux.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)