L'hiver était mort.
On annonçait 22, sur le thermomètre de la verrière chez nous on lisait 24.
On avait même prévu peut-être se faire un petit feu autour de la piscine mais bon...il faisait vraiment chaud. 21h23 la nuit était douce, une vraie nuit de fin juillet début août. On avait même l'odeur du feu de camping dans le secteur.
Je ne suis pas un grand fan de l'été mais des soirées douces comme celles-là j'en aurais pris autant que j'aime prendre des rasées de Pepsky. On avait si chaud dans la maison qu'on s'était tous un peu déshabillés. Monkee en bedaine et en culotte après deux matchs de hockey et deux douches. Punkee à qui il fallait dire de cesser de nous coller trop car là il faisait encore plus chaud avec son petit frame de poulette de couché sur nous. Moi en boxer et en t-shirt et l'amoureuse qui avait sorti sa jaquette sexy qui me faisait, justement, la coller, elle, comme un chaud lapin...Je prend ma voix d'animateur radio:
"Hmmm...chérie tu sais à quel point le poids des années n'a aucun impact sur ta merveilleuse person..."
Spatacha!
L'amoureuse m'a éternué en pleine barbe. Ébranlé je commence:
"...ben là chérie je te fais belle impress.."
ARTCHA!
Je me suis relevé de sur son joli corps pour mieux respecter ses microbes et lui laisser un peu d'oxyg...
AAAAAARTCHOUMPFFFFFFF!
Y en aura pas de facile. L'amoureuse est-elle allérgique aux techniques de séduction de fin de dimanche soir?
Après une série d'attaques violentes du nez perpétré sur sa propre personne par elle-même, je regarde l'heure et constate qu'il est maintenant 21h44 et la belle n'a pas cessé d'éternuer depuis 21h23, presqu'avalée par une demie-tonne de vague de pitchoum qui frappent violement sur les récifs de la vie . Il y a même un monticule de mouchoirs en moton si élevé sur le pouf devant elle qu'on dirait un nuage (de morve...beurk!).
Je réagis...tard...je sais...je suis un héros tardif quelques fois...
"Chérie veux tu que j'ailles te chercher des anti-allergènes à la pharmacie? tu peux pas continuer à être mal en point comme ça toute la soirée?!"
J'ai l'air brillant comme ça mais je suis parfaitement ignorant en allergies. Je sais très bien qu'il est minuit moins une et que les pharmacies les dimanches ferment à 22h00. Comme je suis en petite tenue je saute dans un jean et me précipite en voiture vers une première pharmacie. Les gens sont carrément en camisole sur leur galerie. Il ne manque que la radio qui nous ferait jouer un match des Expos et on se croirait en plein été.
Et en 1981...
Je freine sur une seule roue à la porte de la pharmacie, sors, réalise que je suis pieds nus, remarque aussi qu'il est 21h49. Il y a un bougre du type "bodyguard" dans l'entreporte de la pharmacie. Je me dirige d'un pied-nu certain.
"On est fermé, monsieur" me dit Chewbacca.
"Non, vous fermez dans 10 minutes, je sais ce que je vais chercher (faux) ça ira vite..."
Je n'ai pas le temps d'aller plus loin qu'il m'a déjà sorti, me trouvant peut-être louche, chaussé comme Mowgli et avec des pantalons, je le constate alors, complètement détachés, un morceau de ceinture pendant sur la gauche.
Je n'ai pas le temps de m'obstiner avec un personnage grotesque de Star Wars et je file à la pharmacie d'en face, non sans faire savoir que j'allais chez la compétition au gorille qui s'en sacre complètement. Je ne crois pas avoir utilisé de verbe dans mes insultes. Les héros n'ont pas le temps pour la grammaire. J'atteris dans l'autre pharmacie qui ferme aussi à 22h, il est 21h54...je me faufile entre les deux portes coulissantes comme Indiana Jones fuyant la boule et réussis une arrivée (nu-pied) dans l'allée des anti-allergènes (je l'avoue avant ce moment je ne connaissais peut-être pas le terme anti-allèrgène...).
Je choisis la sorte ayant le meilleur rapport qualité-prix et me rend au comptoir pour payer. La jeune fille qui s'y trouve a visiblement hâte de quitter, ça se lit très bien dans son regard. Je suis bon garçon, je ne veux pas précipiter son calvaire, je me hâte vers elle.
PFFFFFFFFFFFFFRUIIIIIT!
La jeune fille, bien que m'ayant vu me diriger vers elle, a quand même vaporisé son comptoir d'un détergent pour le laver. Des vapeurs de son liquide sont partout dans l'air, elle passe mon produit dans son scan quand même.
"Vous allez payer comment?" me dit-elle.
"Avec la carte VisAAAAAAAAAARTCHARCH!" Éternue-je, mêlant ma bave à son liquide vaporisateur toujours étendu sur son comptoir. Elle fait une face de dégoût avant de dire:
"Vous dormirez pas bien avec ça, je veux juste vous prévenir"
"C'est pas pour moi, c'est pour ma BloOUFFSCHTROUMPFFFFFFFFFFF!" Explosai-je.
Je ne sais pas si elle a commencé à dire quelque chose mais pour tout propos j'ai encore explosé:
RAAAAAAAAAAAAAACHTIDSPOUISHHHHHH!
Calisse.
Me souviens même pas si j'ai payé mais je roulais vers la maison, tel Lucky Luke revenant vers le soleil couchant, après une mission pour le shériff. Mais ma nuit était noire et les vapeurs de son sale vaporisateur me picotaient dans le pif me faisant rajouter quelques coups de cymbales du nez à la musique qui jouait dans mon char. Mon shériff d'amour se mourait d'explosion nasale à la maison et je contemplais l'idée de passer l'été ailleurs. L'Irlande genre... j'en parlerais à la belle une fois à la maiso...SPWORF!
L'amoureuse, était effectivement en train de mourir dans le divan, la montagne de papier mouchoirs devenue presque de la taille d'un oreiller. Elle a vite enfilé un cachet pour mettre fin au supplice avant de se plaindre de pleine voix:
"Mais c'est sans somnolence! J'ai si mal dormi les deux dernières nuits!..."
"Mais Beautiful, les anti-allergènes sont tous sans somnolence(même pas une heure, déjà un expert) ce sont des produits si forts que pour que ça fasse effet il faut que ça fesse un peu..."
"Mais je travaille demain matin!!! Une grosse journée! je ne peux pas me permettre une autre nuit de merde!"
Les héros n'ont pas toujours la reconnaissance facile.
J'ai à nouveau explosé:
SPEUFCHTIABARNAK!
Elle ma regardé avec les yeux que le chat me fait quand je prends ma voix d'Andy Kaufman dans Taxi. Elle m'a alors dit:
"Toi?...toi aussi?"
Avec la voix et le visage d'un enfant qui viendrait de découvrir que sa mascotte préférée était en fait un ado désabusé déguisé.
"Non pas vraiment je...SHPPPFFFFTITKRISSS!!!"
On a joué de la trompette toute la nuit tous les deux. Sans dormir. En faisant de nos deux nez de parfaits choux-fleurs.
Je hais l'été finalement.
De toute façon 22 un 18 mars, c'est pas cool.
La moyenne c'est entre 1 et 5 à ce temps-ci de l'année.
Notre planète chauffe trop fort.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)