Né à Danzig qu'il revisitera dans plusieurs de ses histoires, le petit Günter est élevé en jeune catholique.
Afin de fuir une éducation qu'il juge trop stricte, il se porte volontaire, étudiant, pour travailler dans les sous-marins de la Kriegsmarine. Ce n'est qu'une fois les contrats signés qu'il découvre qu'il a été piégé et qu'il sera fait enfant-soldat devant se battre pour le compte du IIIème Reich. Il a 14 ans quand il tombe dans les griffes de la Waffen-SS et 17 quand il se battera avec la 10ème Panzerdivision SS Frundsberg. Il sera assistant tireur de tank dans les batailles de l'automne 1944.
Il est bléssé en avril 1945 et fait prisonnier de guerre. Comme prisonnier il côtoie Joseph Ratzinger, l'actuel pape Benoit XVI. Inconscient des horreurs perpétrées par l'armée qui l'engageait, il découvre, comme beaucoup d'Allemands, avec effroi toute l'étendue des sévices causés par les Nazis lors des procès de Nurenberg. Effondré, il découvre aussi que sa mère et sa soeur ont été violées par des soldats de l'armée rouge.
Pour le restant de ses jours il décriera le régime Nazi et sera un vif partisan de la paix.
Une fois libéré, il travaille quelque peu dans les mines, ce qui lui donnera l'envie de la sculpture qu'il étudiera (avec le graphisme) et pratiquera toute sa vie. Il gagne sa vie comme peintre, illustrateur, graphiste et sculpteur avant de se marier en 1954 avec la danseuse suisse Anna Schwarz. Il s'intérresse à l'écriture, la poésie, en 1955 en se joignant à Grupp 47, un mouvement littéraire allemand. Il publie l'année suivante son premier recueil de poésie Le Journal des Coquecigrues. L'année suivante, il écrit deux pièces de théâtre, Tonton et La Crue. En 1958, il remporte une bourse pour la première partie de son premier roman en chantier. Avec cette bourse, il s'installera à Paris, sur la Place d'Italie et y rédigera la suite de son chef d'oeuvre: Le Tambour. Il fréquente les intellectuels de St-Germain-des-Prés, s'inspire de Rabelais et du nouveau roman que Paul Célan lui fait découvrir et prend position du côté de Camus dans sa brouille avec Jean-Paul Sartre. Le Tambour, qui raconte les souvenirs d'Oskar Matzerath, un enfant qui choisit de ne jamais rejoindre les monde des adultes en cessant de grandir. Des souvenirs qui remontent jusqu'aux expériences vécues à même le foetus de sa mère et qui feront du livre un succès planétaire. L'oeuvre fait l'objet d'une adaptation cinématographique, 20 ans plus tard, par Volker Schlöndorff et le film sera lui aussi un triomphe mondial. Il se verra attribué la Palme d'or à Cannes ainsi que l'Oscar du meilleur film étranger à Hollywood.
Dans les années 60, Günter Grass s'intéresse à la politique. Il milite et organise des rassemblements pour celui qui sera chancelier dès 1969, Willy Brandt. Il publie en 1961, Le Chat et la Souris, un autre gros succès, puis Les Années de Chien, une suite au Tambour, en 1963 qui complètent la trilogie de Danzig. il écrit aussi Les Plébéiens Répètent L'Insurrection en 1968 pour le théâtre. Il a quatre enfants avec Anna. Ses écrits deviennent de plus en plus polémistes. Toujours peintre et graphiste, il supervise toutes les jacquettes de ses livres, les créant souvent, presque toujours, de son pinceau.
Il publiera Anesthésie Locale en 1970, Journal d'un Escargot en 1972, Le Turbot en 1977 (dans ma bibliothèque-non lu-celui-là) et Une Rencontre en Westphalie en 1979. Grass dénonce de plus en plus l'embourgeoisement de certains intellectuels qui ratent les grands rendez-vous de l'histoire. Prenant toujours le parti pris de la difformité et du grotesque afin de mettre en lumière la responsabilité et la mémoire collective, il navigue toujours entre l'onirisme et le mystique dans ses oeuvres en rupture avec les choix du passé de son pays.
Il divorce sa femme et se remarie en 1979. De 1983 à 1986 il est le président de la Berlin Academy of Arts. il n'hésite pas une seconde à afficher un certain antiaméricanisme. Il vilipende Ronald Reagan lors de son passage en Allemagne et dira que les États-Unis s'agitent un peu trop pour quelques milles morts suite aux évènements du 11 septembre 2001.
Il soutient vivement Salman Rushdie quand celui-ci est victime d'une fatwa islamique. Il prendra toujours position auprès de palestiniens dans leur conflit avec Israël.
Après la chute du mur de Berlin, il s'oppose à la réunification allemande afin de préserver l'héritage socialiste de la République Démocratique Allemande.
Ses écrits sont de plus en plus politiques/polémiques.
En 1999, alors qu'il publie Mon Siècle, sa moraliste vision du siècle dernier, il rafle le plus grand des honneurs pour un écrivain: Le Prix Nobel de Littérature.
En 2002, son livre En Crabe, qui raconte l'histoire de la catastrophe maritime du navire Wilhelm Gustloff est un autre très gros succès littéraire mondial.
En 2006 il créé le scandale en parlant pour la première fois de son passé Nazi. Toutefois, avec le support de plusieurs confrères écrivains, dont John Irving et Lech Walesa qui l'avait d'abord fustigé et traité d'hypocrite, il est pardonné. On considère qu'il s'agissait d'un piège adolescent dans lequel Grass était tombé sans savoir dans quoi il se lançait. Günter Grass s'expliquera lui-même dans le New Yorker. On parle même depuis d'un cas de réhabilitation sociale tout à fait réussi.
Günter Grass a 94 ans aujourd'hui.
Alles gute zum Geburtstag, Günter.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)