Le 11 septembre il y a dix ans au matin, je fermais la télé sur la fin des nouvelles où Michel Viens disait qu'un "accident d'avion" était survenu à New York il y a tout juste un instant, nous aurons des détails un peu plus tard.
...et comment...
Je découvrais ce matin là comment télécharger de la musique via l'internet. Je trouvais une chanson que je savais inédite de The Cure (car je connais toute leur oeuvre) et qui se nommait Come on Eileen. Après l'avoir téléchargée, je m'apperçevais, et j'avoue qu'il y a ressemblance, que le twit qui avait mis cette chanson en ligne s'était gouré. C'était bien la chanson de Dexys Midnight Runners et non The Cure. Plus tard un, autre fromage allait confondre Louis Armstrong et Joe Cocker sur le même site de téléchargement.
J'étais si absorbé par mes découvertes que c'est un ami vers midi qui m'alertait pour me dire "man, ouvre ta télé! c'est la fin du monde!". Cet ami, travaillait (travaille toujours) dans un hôpital. Pour que la télé se rende à lui, il fallait effectivement que ce soit big.
Et
Comment.
Unanimement, la planète entière a dit en même temps "la vie ne sera plus jamais la même".
Les attaques qui ont déclenché deux guerres et qui hurlera au travers des livres d'histoires des États-Unis ont dix ans aujourd'hui.
Des soldats, leurs familles et leurs entourages ont souffert pour "s'assurer" que les États-Unis ne se fassent plus prendre les culottes baissées. Des mesures extrêmes de sécurité dans les aéroports font chier absolument tout le monde. Les gens aux traits arabes ont la vie défénitivement plus hostile en général et le mépris toujours à portée de main. Mon propre cousin, qui a des origines tunisiennes, a dû modifier son prénom (Karim) pour utiliser son middle name (Nicolas), afin de se trouver un emploi. Et demander à Maher Arar comment le 11 septembre a changé inutilement sa vie.
Pour ces gens, la vie a horriblement changé.
Pour les proches des victimes, c'est certain aussi. Des victimes qui auraient pu être beaucoup plus nombreuses si ce n'avait été la rentrée scolaire et que certains parents n'avaient pas eu l'idée salvatrice d'accompagner leur enfant ce matin-là.
Mais pour l'Étatsuniens moyen, depuis 10 ans, same shit, different presentation. Je crois même qu'il est légèrement plus idiot.
Et ce, malgré une décennie marquée par la peur, par les combats armés, par le Patriot Act et tous ses dérivés qui accordait aux États-Unis des superpouvoirs que même l'ONU n'approuvait pas.
Dans la foulée des attaques terroristes est arrivé le pire : tout le monde est tombé d'accord.
Il y avait des bons et des méchants. Nous n'étions pas de la dernière catégorie. Oh que non.
Les radios sont devenus fragiles et des chansons comme Leaving on a Jet Plane ont cesser de jouer sur les ondes. Mais pas Killing an Arab (même si ça fait référence à Camus!).
Quand George W Bush a quitté ses terribles mandats et a légué à son successeur les sables mouvants anti-terroristes, il a dit dans son discours de départ en 2009 "...que la plupart des Étatsuniens sont capables de retourner à leur vie d'avant le 11 septembre 2001." Il a toutefois vite enchainé en glissant "je n'en ai jamais été capable".
Il a lancé une guerre lasse en Afghanistan et une autre pour la forme en Irak. Les deux guerres ont commencé à disparaitre du tableau des nécéssités avant même que Barack Obama ne se pointe à la présidence. C'est alors l'économie qui est venue ronger les États-Unis dans les flancs.
Les États-Unis ont juré de ne plus jamais se faire prendre la garde baissée. Mais bon... ils se sont aussi débrouillés pour être toujours à cran. On a chassé Ben Laden, on a eût sa tête tout juste à temps pour les dix ans de cet horrible anniversaire. C'est le plus beau cadeau que les États-Unis pouvaient s'offrir.
Qui se souvient de la date de la mort de Ben Laden? 1er mai.
Et on oublie pas le 9/11.
Quand les attaques sont survenues, en Iran (oui, oui) des veillées funèbres avaient eue lieues dans la nuit, où les gens tenaient des chandelles en hommage aux victimes*, je m'en souviens très bien. Quand Bush a déclaré que l'Iran était sur la liste noire des gouvernement mondiaux, ils ont aussitôt troqué leur hommage par "Mort à l'Amérique". Le journal Le Monde a d'abord titré "Nous sommes tous Américains aujourd'hui" avant que la France ne se fasse condamner pour ne pas embarquer dans la galère guerrière des faucons d'Amérique. On a même stupidement rebaptisé "les french fries", "les freedom fries".
Pas super glorieux de la part des Étatsuniens. Ils ont encore la capacité de se créer des ennemis facilement.
Par tempérament.
Personellement, et dans le même ordre d'idée, j'ai cessé d'appeller les Étatsuniens, les Américains. L'appropriation mondiale du mot "Amérique" (et du deuil en général), au détriment du Canada, du Mexique, de l'Argentine, du Brésil et de tous les autres pays d'Amérique m'irrite au plus haut point. De toute façon en anglais "United Staters", même contracté en "staters", sonne très très bien.
À mes oreilles en tout cas.
Mieux que les frites de la liberté.
La vie ne sera plus jamais la même?
Pour nous, peut-être.
Les religions sont le fondement de la déchéance, ça c'est certain.
Même celle de l'argent prend du plomb dans l'aile.
Mais qu'est-ce qui a changé au fond?
J'ai légèrement engraissé.
J'ai des milliards de chansons dans mon itunes.
C'est signe qu'on est encore riche.
Et que ma garde est baissée.
*En y repensant c'était peut-être en hommage aux martyrs
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)