1995 ou 1996.
Je travaille dans un magasin qui me rend heureux. Cinéma, littérature, musique. Le bonheur absolu pour Jones. Même si je meurs de faim, le salaire étant de Québecor, et que je travaille dans le 450.
Dans une ville contre laquelle j'avais des préjugés et qui, depuis se sont tous confirmés un à un. Au point de moi-même en devenir la caricature today.
Revenons à 1995 (ou 1996). Comme le contenu du magasin me comble à tous les niveaux et que les gens qui le fréquentent me tombent sur les nerfs plus souvent qu'autrement je me faufile sur le shift de soirée: de 14 à 22h. Passé 17h la plupart de gens pensent que les commerces sont fermés et les allées sont désertes. Le mien ferme à 22h 7 jours sur 7 et c'est le secret le mieux gardé en ville. Et c'est tant mieux. Surtout le dimanche soir où il y a si peu de gens que l'on peut se permettre de mettre du jazz en magasin, ce que notre gérant n'accepterais jamais en d'autres moments (pas vendeurs les amis...Du dance mettez du dance! le Tops est juste en face! on va faire écho!).
Bien entendu ce gérant est maintenant plongeur chez Giorgio.
Quelques fois on avait des personnages "célèbres" qui passaient dans les allées. Véronique Cloutier suspendue au cou d'un chum de l'époque, Marie-Denise Pelletier qui mettait un "y" dans son nom je pense, Boule Noire qui m'avait remis son CV pour être gérant de magasin, Rémi Girard qui dansait en écoutant Johnny Lang sur un poste d'écoute, Céline Galipeau qui errait dans le jazz en me rendant les jambes molles. Guy Cloutier qui venait aussi des fois nous dire comment vendre ses artistes et à qui je voulais déjà péter la gueule.
Puis il y a eu le grand Réjean. Pas qu'il soit "grand" au sens noble, il est physiquement passablement grand. Avec sa barbe et sa tignasse déjà blanche et de grosses bottes d'hiver il ne passait pas inaperçu. Il ne pouvait pas vraiment passer inaperçu non plus. Il était une vedette depuis Lance & Compte et si je ne trompe pas Scoop venait tout juste de se terminer avec un gros succès public et critique.
Reggie je le trouvais surévalué. Comme journaliste où il me faisait bien rire malgré lui. Entre autre en relatant le plus sérieusement du monde la fois où il avait interviewé un joueur de hockey qui prenait sa douche, convaincu d'avoir un scoop, et qu'il avait réalisé à la toute fin qu'un autre journaliste avait tout écouté de loin et avait aussi pris des notes. "je me sentais violé dans mon intimité" a dit Réjean Tremblay.
...un journaliste interviewant un athlète nu dans sa douche violé dans son intimité?
Hilarant non?
Bref le gars représentait le léger moron in my book. Un clown un peu pute qui tentait (tente toujours) de traverser le corridor de la gloire. En tant que pro du service à la clientèle équitable, si j'avais eu à faire avec lui je l'aurais traité d'égal à égal par rapport à un client "normal". Mais ce soir-là il y eût un profond malaise. Après avoir érré dans les allées assez longtemps, Tremblay a voulu quitter le magasin, sans rien acheter. Mais nos bornes de sécurité ont sonné, freinant son élan de sortie.
Quand le garde de sécurité l'a fouillé, il a trouvé 2 cds. Comme c'était Réjean Tremblay, qu'il stipulait avoir été distrait, que notre gérant ne voulait pas faire de vagues, Tremblay est reparti sans embrouilles. Sans les 2 cds il va s'en dire. Nous laissant tous avec une drôle d'impression.
Quatre ans plus tard, je travaillais toujours pour cette compagnie de Cinéma, Littérature et Musique mais cette fois au bureau-chef du Centre-Ville dans le 514. Dans l'édifice centenaire où au premier étage, au sous-sol et dans une section anciennement restaurant de fast-foods se trouvaient des articles des trois catégories bénies par Bibi. Je suis encore convaincu qu'au coin de cette rue, à un jet de pierre du quartier homosexuel, paradent les plus belles filles de la stratosphère terrestre.
Quelques fois mon travail de dépisteur pour La Bibliothèque Nationale qui se construit en face m'oblige à fouler le plancher et à frayer avec la clientèle.
Du bonheur sous payé. Le bonheur est toujours sous payé. Une clientèle sortie de la jungle. En tant que Jungle boy, j'adore.
Un des nombreux jours grandguinolesques de l'endroit, les bornes de sécurité qui sonnent. Qui qui se retrouvent avec des (livres cette fois-là si je ne me trompe pas) non payés en sa possession vous pensez?
Yip
Rejean Tremblay. Le même grand escogriffe aux yeux tristes.
Qu'on a aussi laissé filer parce que...hey c'est Réjean Tremblay, ça se peut juste pas...c'est surement une distraction.
Ouais.
Comme bien des gens riches et célèbres.
Pas que Tremblay soit nécessairement riche.
Peut-être juste Triche un peu.
Réjean Tremblay a "quitté" La Presse cette semaine.
Ce sont les souvenirs que je conserve de Réjean Tremblay.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)