mardi 3 août 2010
Boys of Summer
1989.
Année magique.
Nous avions 17 ans. Nous guettions chaque journée ensoleillée de l'été en jugeant de son vent. Ce vent qui nous guiderait sur le Lac St-Joseph. Chaque journée qui décoiffait les perruques nous faisait baver de joie et nous poussait à l'eau faire du one-skate (naviguer sur un seul patin).
En Prindle 16. Un Prindle 16 qui défie aujourd'hui les vents du Lac St-Jean.
Nous étions amoureux d'une chanson signée Bertrand Cantat. C'était avant que ce dernier ne devienne le sombre zéro de la merde. On en chantait inlassablement le refrain anglais au large.
Avec les corps impeccables que nos dix-septs ans nous donnaient on y rajoutait une couche de peau brune, compliments du soleil. Nous étions tous marrons et blonds au changement de saison. Nos nouvelles blondes craquaient pour le cata et la randonnée assurée par les bronzés. Plus elles avaient peur, plus nous étions ravis. Sauf si tout cela menait au déssalage (le catamaran à l'envers au large). Quelques fois ce déssalage était calculé. Quand les passagers nous tombaient sur les nerfs on leur donnait une plongée pour qu'ils ne reviennent plus. Quelques autres fois ce n'était pas calculé du tout, c'était le vent choisissait d'être le chef et seul maitre à bord. On perdait des potentiels adeptes ayant goûté une eau dont il ne voulait que voir le glissement naturel.
Le temps se suspendait.
"Vous avez manqué le diner!" disait ma mère.
"Diner? on est pas encore le matin?"
"Yé 3 heures et demie!"
"Dope!"
Quand le soir tombait on se réunissait autour d'un feu avec la saine fatigue de l'après-ski. La lumière du feu n'accotant jamais la lumière des yeux de cette jeunesse qui n'avait peur de rien, encore moins de son prochain.
C'était les années saines. À boire sa canette un an avant l'âge autour du feu, toujours en maillot humide. Avant de faire de la gymnastique au lit avec sa/son chéri(e).
C'étais hier il me semble.
Pourtant voilà que notre chanteur préféré est libéré après avoir éradiqué de la planète terre une charmante jeune femme. Une nuit toxique que pourtant Sid & Nancy nous avait bien montré l'inévitable issue. Et Trainspotting 10 ans plus tard. Bertrand et Marie, ça n'aurait jamais dû se produire.
Dans un trip de junkie mal calibré (le contraire se peut-il?) Cantat et Trintignant ont écrit ensemble l'histoire la us triste du monde.
"À la mémoire de nos frères dont les sanglots si longs faisaient couler l'acide" chantait Cantat. Pourrait-il chanter à la mémoire de ses soeurs dont les sanglots font toujours couler l'acide.
Chaque jour de pluie pour les Trintignants et ses proches est une journée lourde des larmes de Marie.
Tu nous as volé Marie, Cantat mais cette chanson aux héros de l'amer on se la garde pour nous, depuis 1989, elle ne t'appartiens plus.
Tu es libe Cantat et ça m'étouffe.
Et dans notre feu maintenant le soir il y a toi et tes infâmes pulsions malsaines.
Une journée de vent nous donne encore des frissons.
Des bons ceux-là.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)