dimanche 24 janvier 2010
Show de Boucane
La situation internationale n’est pas bien couverte en général. Moins que la situation des gardiens de buts du Canadien.
Le journalisme qui se fait ici en est un de proximité.
Quand la catastrophe internationale survient, on fait du patchwork.
L’omniprésence soudaine des médias à Haiti a beaucoup à voir avec l’ampleur de la catastrophe mais aussi avec une probable culpabilité d’avoir laissé cet endroit sinistré évoluer et se dégrader progressivement sous leurs radars durant de trop nombreuses années. Comme à peu près toutes les catastrophes humanitaires d’ailleurs.
Plusieurs, dont moi, ont un inconfort à voir Anderson Cooper, Felix "Voyez Ici" Séguin et Céline Galipeau jouer "les yeux du monde". La profession de journaliste permet de vivre des aventures et d’être payé pour le faire. Ces gens nous le rapellent peut-être un peu trop avec mauvais goût.
Pour citer l'un de ses journalistes en fin de reportage commentant son propre reportage sans le réaliser "C'est n'importe quoi"
Le public d'ici a le juste réflexe de réclamer moins de yeux et plus de bras sur place.
Il faut couvrir Haïti, beaucoup même. Mais, comment dire, ça manque d’angles. Avouons que parfois, dans le traitement (course à l’écrapou qui fera de la grosse image, émotions du journaliste traité comme une nouvelle, guerre des cotes d’écoute en trame de fond) il y a du stock à Bye Bye là dedans… je pense à l'épouvantable Richard Latendresse, déjà atroce ici alors là-bas... au voyeurisme généralisé, à Céline Galipeau au milieu des décombres… On se rapproche dangereusement du journaliste qui fait son reportage en plein coeur d'un incendie pour nous dire que c'était chaud et intense.
À mon humble avis, cette crise est tellement spectaculaire qu’elle se passerait bien du show de boucane. Ça, ça finit par désensibiliser la moyenne des ours mais pas la douleur des Haïtiens.
Nous avons besoin des médias pour comprendre ce qui se passe, mais il faut savoir les choisir avec soin. Radio-Canada et Cyberpresse sont souvent les meilleures sources. TVA ou LCN...à fuir. Jou'nal de Mo'éal en lock-out: à proscrire.
On parle beaucoup de l'importante utilisation de Facebook, Twitter, même Illico vendredi soir a rendu nos dons hyper simples. Des moyens de communication qui jouent un rôle important dans cet épouvantable drame. 6,6 millions en deux heures...pasd deux jours...deux heures...a donne une idée de l'ampleur du drame.
Mais bravo aux médias aussi là-dessus.
Sur place, tout ce qu'il y a comme moyen de communication c'est la radio. Un seul poste de radio: Radio-Caraïbes. Avant le tremblement de terre, plusieurs dizaines de stations de radio se disputaient les ondes de Port-au-Prince. Radio Caraïbes était l'une des plus populaires. Maintenant c'est la seule. Son immeuble, qui abritait également une station de télévision, a tenu le coup le 12 janvier. Mais il est tout fissuré et ses fenêtres ont volé en éclats. Impossible de rester à l'intérieur.
C'est donc dehors, en pleine rue, que Radio-Caraïbes a prêté son micro aux sinistrés. Dès le 13 janvier, les journalistes y ont installé leur équipement: une table, deux ordinateurs, une console de son et un ruban jaune qui délimite une rangée de chaises pour le public.
C'est la voix de la détresse. Elle sert de porte-voix aux sinistrés qui se sentent abandonnés et ne savent plus à quel saint se vouer.
Les journalistes sur place ne sont pas des saints mais peuvent essayer légitimement de le devenir.
En aiguillonnant sans cesse la bureaucratie ONUsienne et les ONGs dépassées par les événements.
Le rôle des médias est aussi désormais de faire pression sur les organismes en place pour que l’aide soit acheminée le plus efficacement et équitablement possible et ce, dans l’intérêt de la population locale. 6 millions récolté vendredi dernier?
Chiens de garde, soyez dans leurs culottes pour que ça se rende dans les bonnes mains! Il y a 6000 évadés de prison lâché lousse.
Et combien d'autres, naturellement corrompus?
Entretemps fermez vos caméras. C'est l'horreur on a compris.
Faites donc preuve d'un peu de pudeur.
Pas besoin de nous faire des dessins.
Céline Galipeau ma fort déçus dans un reportage avant hier. Quand elle pénètre dans un hôpital de fortune pour nous exhiber une pauvre femme sévèrement amputé d'une jambe. La caméra qui s'attarde sur les yeux tristes et paniquer de la femme pour ensuite nous montrer sa jambe presque sanguinolente. C'est là que j'ai fermé. Aussi pire que Richard Latendresse.
RépondreEffacerVraiment aucune décence pour les victimes.