mardi 5 mai 2009
Fermer sa gueule (ou pas c'est selon)
“heyyyyyyyyy tu t’es fait couper les cheveux?”
“oui” a-t-elle répondu car elle passait de long à plutôt court, le changement sautais aux yeux.
Normalement c’est ici que devrais arriver la ligne “C’est beau” ou “ça te fais bien” ou “wow”.
Quand ça se transforme en “Ça te change“ ou “Ça fais différent“ c’est que c’est raté.
Aussi ben fermer sa gueule dès le départ et ne pas remarquer que les cheveux sont radicaleemnt changés.
C’est comme cette question kamikaze “votre bébé comment vous allez l’appeller?”. On court toujours le risque de se faire répondre :”Rododendron” ou “Cellophane” et essayer de dire que vous aimerait ça par la suite. Aussi ne jamais la poser la question on vous le dira bien de toute façon.
Au travail, on a quelques fois des postes de radios qui viennent diffuser en direct de notre business. Il y a deux semaines ils étaient venus et peu de gens s’y étaient intérressé. Faut dire que les deux mornings men commencent à 5h du matin et terminent à 8h00, heure où plusieurs employés ne sont même pas arrivés encore au bureau. Comme je suis de ses oiseaux du matin qui pointe vers 6h30 je les avais croisés ce matin là, les deux animateurs, le régisseur, moi les yeux dans le beurre. Dans l’intimité solitaire du gars de radio qui diffuse pourtant pour des milliers d’oreilles en ville.
Ce matin ils étaient de retour. Le grand grand patron, le #1 de la compagnie, Butcher Moneymaker, était convivialement assis dans un des deux sofas alignés tout près de leur table de diffusion. Il voulait probablement se reprendre pour une première emission où les deux même gars avaient diffusé dans la presque totale indifférence.
Dans la grisaille mentale du matin j’ai essayé de passer inaperçu entre eux. Le beigne au chocolat stuffé entre mes dents ne m’a pas aidé et tout de suite Moneymaker m’a fait m’assoir avec lui.
“Heeeeeeeey Jones, join me!” a t-il-dit avec un feint émerveillement m’invitant à poser mon séant sur le siege à côté du sien. Il était perceptible pour l’oreille fine d'entendre une pointe de deception dans sa voix. Il voyait arriver un employé probablement pas assez coloré à son goût pour représenter la compagnie à deux stars de la radio.
“Sooooo you guys happy about the great numbers of the week-end hein?” m’a-t-il demandé confirmant que malgré mes presque 4 ans ici il n’avait aucune espèce d’idée de mon travail dans la bâtisse.
“yes great numbers” ai-je dit sans savoir du tout de quoi il parlait et apréhendant les potentiels détails de la suite de la conversation.
“Good work from your team!”
“Working hard” j’ai continué souhaitant vivement changer de sujet, à qui croyait-il parler?
Les animateurs de radio ont profité d’une pause commerciale pour venir nous jaser ça.
Maudit que je ne suis pas naturellement "people". J’ai majoritairement écouté les échanges artificiels entre les deux animateurs et notre grand grand patron sur les prédictions des séries de LNH et j’ai accéléré l’ingurgitation de mon beigne calorifique afin d’excuser mon manque de participation au sein des propos plats du moment. J’ai fais rire tout le monde dans ma seule intervention qui ne se voulait même pas une blague. (C’est vrai que le gilet des Nordiques étaient le plus beau avec ses fleurs de lysé)
C’est Jessica Strikingbod qui est venu mettre fin au supplice. Avec les chaleurs récentes elle est apparue dans la plus petite robe d’été au monde. Donnant des chaleurs aux 5 boyz sur place. Une jupe trop courte et une camisole blanche, donc pratiquement toutes deux transparentes. Et qui étaient merveilleusement coordonées avec ses longues jambes lisses et sa poitrine généreuse. Moneymaker en a presque renversé son café, je me suis étouffé avec mon beigne et les deux animateurs et le régisseur ont booké pour demain matin mais à l'étage où elle travaille si possible.
Elle est passée devant nous dans le silence le plus religieux qui soit.
C’étais un moment pour tout simplement fermer sa gueule.
Un moment de pur anthologie masculiniste.
Un mirage de vestiaire de hockey.
C’est là que Pignouf Dubrovnik a dit du haut des marches
“Hey jess t’as changé tes cheveux?”
Alors que nous étions 5 plus bas à la regarder monter les marches dans un angle douteux.
Le visage rosé. L’oeil torve
Là j’ai scoré pour le boss.
“ah? elle avait des cheveux?”
J'avais gagné ma sortie.
J’ai quitté enterré par les rires.
Je n'ai pas fait de rappel
J’avais un beigne à finir.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)