mardi 13 janvier 2009

Plafond de cire


Tout d’abord la demi-douzaine de beaux jeunes hommes et belles jeunes femmes qui me sont passés devant les yeux hier matin vers 6h30. A une heure où je suis pratiquement seul dans le building. Comme si on avait voulu les cacher. Puis leur costume. Très chic. Comme…comme…

...comme des fossoyeurs.

Aujourd’hui, presque tous les employés qui chuchotent d’un cubicule à l’autre. Le bureau du grand grand boss habituellenment ouvert, aujourd’hui portes closes. C’est vrai quand on dit que lorsque le malheur frappe on a des signes avant-coureur. L’air est si pesant… On a tous compris que les 6 top modèles d’hier matin étaient des finissants en psychologie d’entreprise. Tant mieux si ils/elles sont jeunes et bien "en forme" pour nous épauler dans l'épreuve de perdre notre emploi. Ça nous donnera envie de nous coller.

Demain la grosse compagnie qui m’embauche fait tomber le couperet. C'est officiel. Nous sommes le dommage collatéral # 459672556-T-De/O.R. de la crise financière mondiale actuelle. Une deuxième vague de « gens bien habillés » qui nous sont inconnus est arrivée ce matin. Des anglophones ceux-là, plus âgés aussi. Le Québécois francophone est plus émotif en général c‘est connu. Voilà pourquoi il faille préparer les gens qui nous escorterons à la porte demain une journée supplémentaire.
Ce serait bien que je sois parmi les élus pour couper dans le gras. Je me sens hautement criminel en écrivant ceci alors que bien des gens sacrifieraient gros pour avoir un travail. Ou un meilleur travail. Ça les tue certainement de lire ceci. Mais moi c’est le contraire. C’est mon travail qui me tue. Ceci serait le coup de pied nécéssaire pour que je redevienne celui que j’étais. Je suis devenu quelqu’un d’autre en travaillant ici. Quelqu’un de très détestable. Plus détestable que je ne l’étais déjà c’est dire…

Si je suis sur la liste des coups de pieds au cul demain je pourrai alors être un des papas qui ira raconter une histoire aux petits de la classe à ma fille comme l’école de celle-ci le souhaite dans quelques lundis. Je pourrai aussi finir mon livre et en commencer un ou deux autres. Je pourrai voir The Corporation, Across the Universe, The Queen, American Gangster, The Orphanage, Burn After Reading, Once Upon a Time in America, Sagan, Le spectacle de Fred Pellerin Comme une Odeur de Muscles, un documentaire sur le chanteur de Gogol Bordello, un autre qui est un entretien d’une demie-heure entre Jean-Luc Godard et Woody Allen. Tous des films que j’ai chez moi mais que je n’ai pas pris le temps de regarder encore.

Ouais plus j’y pense plus je me sens léger. Faudrait que ma tête roule demain. Comme Marie-Antoinette, tiens c’est un autre film que j’ai chez moi de Sofia Copolla et que je n’ai pas eu le temps d’écouter !

Drôle de saveur que cette journée.

Celle de demain sera plus étrange encore.
Il y aura surement des larmes.
Survivrai-je au naufrage ?
Sur 400 combien passeront dans le compresseur ?

Mon boss était dans le bureau du président depuis 3 heures quand j'ai quitté. Peut-être sera-t-il le premier à tomber...

Le plafond est en cire
Le moteur chauffe…




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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)