dimanche 5 novembre 2023

Cinema Paradiso****************Broken Flowers de Jim Jarmusch

Chaque mois, dans ses 10 premiers jours, tout comme je le fais pour la littérature (dans ses 10 derniers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu) je vous parles de l'une de mes trois immenses passions: Le Cinéma !

Je l'ai surconsommé (encore de nos jours), étudié, en fût diplômé, y ai travaillé, en fût récompensé, en suis sorti, mais le cinéma ne sortira jamais de moi.

Je vous parles d'un film qui m'a séduit par son histoire, son traitement, sa réalisation, son audace, ses trouvailles, sa distribution, sa trame sonore, sa direction photo, ses thèmes, bref je vous parles d'un film dont j'ai aimé pas mal tous les choix.

Je vous parles très souvent d'un film, que j'ai chez moi.

BROKEN FLOWERS de JIM JARMUSCH

À l'école secondaire, mes amis et moi étions grands fans de Jim Jarmusch. Bien qu'il avait 20 ans de plus que nous, on trouvait qu'il était un peu comme un de nos grands frères. Son attitude, son look, ses envies cinématographiques. On ne manquait aucun de ses films. Puis, Ghost Dog, The Way of the Samurai a été lancé et là, il sortait complètement de nos goûts et envies. Coffee & Cigarettes baignait dans la complaisance, je larguais alors Jarmusch dans la catégorie des "plus complètement envie de voir". Le grand frère n'écoutait plus la même musique que moi.

Erreur.

En 2004, il paufinait un scénario racontant l'histoire d'un ancien coureur de jupons, ayant fait fortune dans l'informatique et vivant maintenant tranquille assez isolé du monde, écoutant sa musique et vivant dans une certaine indépendance qui l'habitait depuis toujours. Le film ouvre sur sa blonde le quittant. Bill Murray, incarnant le délaissé, avait exigé que le tournage se déroule près de chez lui. Ça a nourri l'imaginaire de Jarmusch. 

Quand la blonde de notre personnage principal le quitte, une enveloppe non signée fait le trajet inverse et se rend à sa main. 

Il apprend de cette lettre qu'il est papa, d'un amour du passé, d'un fils, depuis plus de 20 ans. Débute alors une sorte de road trip afin de revisiter ses anciennes amoureuses et tenter de savoir laquelle est mère de ce garçon et peut-être même le voir. 

Encouragé par son voisin, écrivain de mystères. 

Sharon Stone, Frances Conroy, Jessica Lange et Tilda Swinton seront 4 anciennes amours qu'il ira rencontrer à nouveau. La première est veuve d'un courseur en voiture, organisatrice de garde-robe & de tiroirs. Elle a une fille qui ne se gêne pour parader nue devant les visiteurs et maman sera très réceptive de (re) coucher avec celui qui cherche.  La seconde est une ancienne hippie devenue agente immobilière. Elle est mariée et la tension est palpable entre cet étranger et la banlieue conservatrice où elle vit maintenant. La troisième est une "communicatrice avec les animaux". Elle est très peu impressionnée par la visite et l'assistante de son bureau, (toujours parfaite Chloé Sévigny) se montre très protectrice de sa patronne qui est peut-être davantage, en privé.

Finalement, la quatrième gravite dans l'univers des motocyclistes, est encore amère de sa rupture avec lui et ça deviendra désagréable pour tout le monde. Une 5ème femme est aussi évoquée. Notre personnage revient chez lui, bredouille. Il a toutefois une lettre de celle qui venait de le quitter qui semble maintenant se raviser, ce qui fait dire au voisin écrivain qu'elle a peut-être écrit la toute première afin de le faire réagir. 

La quête restera celle de quelque chose qu'on a pas, quelqu'un sur lequel on a aucune prise.

Le vrai fils de Bill Murray est le dernier regard du film.

Non seulement le film est extrêmement drôle, il a aussi un fond de spleen et de cynisme. Murray se joue presque lui-même. Entre amorphe et désabusé. La trame sonore est un bijou. Jarmsusch a toujours eu une splendide oreille pour ses films. Sa trame sonore ici vaut à elle seule l'écoute: Holly Golightly, Mulatu Astatke, The Tennors, Marvin Gaye, The Brian Jonestown Massacre, Oxford Camerata jouant Gabriel Fauré, Sleep, Dengue Fever, The Greenhornes. Aucun morceau non nécessaire.

Le film, selon JJ, est un hommage au cinéma de Jean Eustache qui faisait son cinéma dans une totale indépendance. J'ai beaucoup aimé Jean Eustache. Même si il s'est supprimé de la terre avant l'heure, aujourd'hui il y a 42 ans, à 42 ans.  

Le film de Jarmusch est amusant et sensible. Touchant et drôle. 

Entre le spleen et la crise existentielle.

Je revisiterai Stranger Than Paradise, Night on Earth, Down By Law et Dead Man prochainement. 

(J'ai Broken Flowers)

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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)