mardi 4 décembre 2018

Cinema Paradiso***********************Touch of Evil d'Orson Welles

Chaque mois, dans les 10 premiers jours, comme je le fais pour la musique, vers le milieu, et pour la littérature (vers la fin) trois passions qui sont miennes, je vous entretiens d'un film qui m'a beaucoup marqué et tente de vous en qui il m'a été remarquable et en quoi il se rappelle à ma mémoire.

Je vous parle d'un effort qui m'a charmé pas par sa réalisation, sa trame sonore, sa cinématographie, ses comédiens, son scénario, son propos, souvent tout ça en même temps. Je vous parle d'un film dont j'aurai aimé tous les choix. Un film qui m'aura ouvert les sens.

J'ai étudié et travaillé dans la télé et le cinéma, on n'efface pas des passions si fortes comme ça.

Plongée dans le film noir.

TOUCH OF EVIL d'Orson Welles

1957.

Orson Welles, après quelques projets en Europe et un film avec le producteur Albert Zugsmith, roi de séries B, voudrait retravailler avec lui. Il lui demande le pire des projets qu'il a avec lui, pour se donner le défi d'en faire quelque chose de bien. Zugsmith lui propose l'adaptation de la nouvelle Badge of Evil de Whit Materson, que Welles retravaillera massivement avant la production. Il accepte une simple paie de comédien.
Mais Charlton Heston, lié au projet dès le départ, avait compris que Welles réaliserait aussi. Et insistera pour qu'il en soit absolument le réalisateur. Ce que Welles ne refusera certainement pas. Heston sera l'agent mexicain Vargas et Welles l'enquêteur Hank Quinlan.

Le film, qui s'ouvre sur un historique plan sans coupe, tourné à la louma, de plus de 3 minutes 20 secondes, raconte l'histoire de l'agent anti-narcotique Vargas, devant interrompre sa lune de miel afin d'enquêter sur la mort brutale (explosé dans sa voiture), d'un louche contracteur Étatsunien, à la forntière du Mexique et des États-Unis. La bombe a été placée du côté Mexicain et a sauté du côté des États-Unis. Il devra composer avec l'enquêteur Étatsunien Hank Quinlan, aux méthodes douteuses, et qui trouve vite un suspect qui n'a rien à voir avec ce que pense Vargas. Ce dernier, en revisitant les derniers cas sur lesquels Quinlan découvre qu'il aurait planté des preuves afin de conclure ses enquêtes. Et pendant qu'il lui remet sur le nez, la famille de la victime, que soupçonne Vargas, s'occupe de la femme de celui-ci.

Un grand nombre de bons comédiens ont alors accepté de jouer dans le film de Welles. L'agent de Janet leigh avait refusé le rôle pour sa cliente, jugeant la paie et le rôle trop maigres, sans même présenter le script à Leigh. Ce qu'elle renversa comme décision disant qu'un film, sous la direction d'Orson Welles ne se refuse pas. Toujours à la recherche de sous toute sa vie, Welles verra tous ses comédiens accepter généreusement des diminutions de paie. Et proposera des réécritures et improvisations de leurs parts sur le tournage.

Dennis Weaver a un petit rôle de commis plutôt simplet et c'est Charlton Heston, qui aimait son travail, qui a insisté pour l'amener à bord du projet. Zsa Zsa Gabor, en patronne de striptease club, n'a qu'une scène et elle l'a jouée par amitié pour le producteur, un ami. Akim Tamiroff incarne le frère de la victime. Joseph Calleia y joue l'associé trahi de Quinlan. Joseph Cotten, très déguisé sous une lourde moustache et Mercedes McCambridge, y font des caméos non crédités, amis de l'Ourson. Orson y apparaît titanesque, lourd et grotesque et a eu l'intelligence de se filmer  en contre-plongée, ce qui le fait paraître plus large encore. Il est aussi lourdement maquillé. Monstreux.

L'implication de Marlène Dietrich était une surprise pour les producteurs, qui, bien qu'elle ne l'ait pas demandé, ont augmenté sa paie afin de pouvoir se donner le droit de publiciser le film en mentionnant son nom. Avec les cheveux noire, elle y est toujours très belle. Et fascinante.  Elle hérite du dernier plan et de la dernière ligne du film.

Le film n'a pourtant pas été grandement mis en marché en 1958. Étant la première partie d'un programme double dont le programme principal mettait en vedette Hedy Lamarr. Le film a fait patate au box office mais avec le temps, et l'affection inconditionnelle de François Truffaut, Peter Bogdanovich et autres passionnés du cinéma, a largement gagné en estime au point d'être, depuis 1993, enregistré dans la librairie des films des États-Unis, culturellement, esthétiquement et historiquement signifiant pour le pays.

Des problèmes à la frontière du Mexique, un homme exigeant d'un enquêteur de laisser tomber une enquête sur sa famille, un acteur de l'Illinois jouant un Mexicain, appropriation culturelle absolue, des abus de pouvoir, une claire agression sexuelle, 60 ans après sa diffusion, ce film me semble extraordinairement 2018.

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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)