vendredi 22 décembre 2017

2017

Ariane avait rencontré Nicolas au kiosque de cinéma où elle travaillait. Elle avait remarqué d'abord ses yeux, puis ses mains, les mains disent tout sur les garçons. Il avait commandé un grand pop corn et un paquet de réglisse, ce qui est un combo plutôt rare. Elle lui en avait fait la remarque la seconde fois qu'elle l'avait vu et il en avait rigolé. C'est Nicolas qui avait pris les devants et qui lui avait demandé son # de téléphone, ce qu'elle s'était surprise à lui donner assez rapidement.

Pendant quelques jours, ils s'étaient texté, des mots d'esprits assez habiles de sa part. Elle en était aussi séduite qu'intimidée. Ses réponses n'étaient parfois que des affirmations, sans être des questions ou qui ne demandaient pas de réelles répliques, ce qui la forçait à penser longtemps avant de composer une sorte de réponse qui ne la ferait pas paraître comme trop bête. Il répondait en revanche très vite et avec beaucoup d'esprit. Ari se trouvait un peu sotte. Et plus elle prenait du temps pour répondre, moins elle se trouvait à sa hauteur intellectuelle.

Elle le trouvait beau et désirable, mais dans un bar, elle ne l'aurait même pas approché. Il était le genre de gars qu'elle aurait trouvé joli en classe et qu'elle se serait imaginé comme un imaginaire amoureux le temps de 3h, deux jours par semaine. Et là, par texto, ils flirtaient, c'était certain. Et il lui plaisait de plus en plus. Elle se couchait chaque nuit avec la fébrilité d'un amour naissant. Lui, chez lui, elle dans son appartement avec sa co-loc.

Quand est venu le moment d'aller au cinéma ensemble, elle le trouva difficile à cerner. Nicolas n'aimait pas les films que le cinéma où bossait Ariane présentait. Il préférait les films du cinéma K. où on y présentait des films "plus sérieux". Elle se demanda si elle n'était pas trop "légère" pour lui. Comme ce cinéma était plus loin, il fallait prendre l'autoroute et passer un boisé douteux. Trop silencieux au volant, elle commença à questionner son propre jugement. Elle le connaissait assez peu. Allait il la violer et la tuer par la suite?
Au moment même où elle pensa ceci, il dit, "Ne t'inquiète pas, je ne vais pas t'assassiner".
Il avait même du flair, c'était tout pour lui plaire.

"Tu peux m'assassiner si tu veux" dit Ari, ce qui les fît rire, Gauchement. Pendant le film, il ne lui avait pas tenu la main ni ne l'avait touchée. Avait-il changé d'intérêt sur elle? Elle le cru davantage quand, après le film, il lui dit "C'est gentil de t'être habillée comme ça pour moi" en riant. Elle portait un t-shirt et un legging, étais-ce un reproche? L'accusait-elle de ne pas prendre la soirée au sérieux? Elle se sentit à nouveau amoindrie.

En allant prendre un verre ensemble, quand il lui demanda ce qu'elle voulait boire, elle voulu ne pas paraître compliquée et demanda une bière, comme lui. Mais il en prit trois. Et elle le suivi dans ses consommations. Et bien vite, elle sentie dans son ventre qu'elle avait envie de lui. Comme la brûlure d'un élastique lui pinçant les cuisses.

À la sortie du bar, ils s'embrassèrent, et à sa plus grande stupeur, elle fût révulsée de constater que Nicolas embrassait affreusement mal. Excessivement, en faisant presque mal et en plantant sa langue si creux dans sa bouche qu'elle pensait avaler des choses qui me lui tentait pas. Une mauvaise expérience.
Ils se déplacèrent chez lui, où Nicolas se trouva légèrement sur les talons, de peur d'être jugé par Arianne. Mais au contraire, Ari se senti rassurée de voir qu'ils avaient sensiblement les mêmes goûts esthétiques, les mêmes références culturelles, les même livres dans les mêmes types de bibliothèque. Ça la rassura sur cet homme. Elle eut encore plus envie de lui.

Très vite, son manteau était au sol et Nicolas lui tâtait les seins et les fesses brusquement, la dirigeant vers la chambre à coucher. Avec le même type de rugosité que ce premier baiser. En voulant se déshabiller, Nicolas réalisa qu'il avait encore ses souliers et se pencha pour les détacher. Comme il était en bedaine, Ari pû remarquer que, penché bizarrement comme il l'était pour enlever ses souliers, il était très poilu et avait un peu de poignée d'amour. Mais son taux d'alcoolimie l'empêcherait de trouver le tact pour lui dire qu'elle était maintenant moins tentée, et après avoir flirté, elle se serait sentie plutôt capricieuse de reculer là où elle donnait tous les signes d'avancements sexuels.

Ari tenta d'amoindrir la résistance qui naissait en elle, en prenant une gorgée d'un verre de whisky que Nico s'était versé pour lui. Il propulsa son corps velu sur le sien, commença un pervers signe de croix entre ses seins et son bas ventre, et restait aussi brusque qu'en embrassant. Ari commençait à se dire qu'elle aurait de la difficulté à passer au travers de l'expérience.
Il la soulevait comme une poupée, la changeait de côté, lui faisait vivre toute sorte de positions, lui faisait mal, lui prenait le sein comme si il comptait  le lui arracher et la fesse comme si il montait un cheval. Rien ne plaisait à Arianne. Même si, l'idée qu'elle lui plaisait à lui, attisait une certaine fantaisie en elle. La jeune et jolie, agréable pour le gars ordinaire. Plus elle pensait à son excitation à lui par rapport à elle, plus elle trouvait facteur à excitation personnelle. C'est comme ça qu'elle survivrait au moment. En pur narcissisme. "Ouuuuuuuais, moi aussi je coucherais avec moi, si j'étais un gars."
Toutefois, quand il a recommencé à l'embrasser, elle a vite compris que toute chance de trouver tout ça intéressant était maintenant morte. Quand il a placé un condom sur son trop poilu pubis et ensuite placé ses doigts brutalement entre ses jambes, elle a sentie une humiliation, cousine perverse de l'excitation.

Quand elle se trouvait sur lui, il disait "Ouuuuuuuais, t'aime ça comme ça!" en lui tapant sur les cuisses. Ari ne savait pas si c'était une question, une observation ou un ordre. Il l'a revirée comme une crêpe en lui grognant dans l'oreille: "J'ai toujours voulu baiser une fille aux beaux seins!", ce qui a donné envie à Ari d'exploser de rire, ce qu'elle a étouffé dans un oreiller. Chaque fois qu'il perdait son érection, de plus en plus souvent, il disait "Tu me fais tant bander!" comme si mentir sur le sujet allait changer la situation.

À la fin, Arianne ne pouvait que conclure qu'elle avait pris la pire décision de sa vie avec les hommes. Elle aurait voulu à plusieurs reprises que son amoureux lui tombe dans les bras en riant et que les deux y trouvent de quoi à rire, mais non, cet homme n'était pas lui.

Elle devait oublier qu'on avait grogné dans son oreille: "J'ai toujours voulu baiser une fille aux beaux seins!". Étrangement, elle effaçait de sa mémoire le poète qui avait lancé cette phrase.

Le lendemain matin, elle se demanda si c'était à ce moment qu'il aurait maintenant envie de la tuer, quand elle quitterait la chambre sur la pointe des pieds. Il l'avait forcé dans la chambre une dernière fois, lui plantant sa langue rugueuse au fond de la gorge une dernière fois.

À son appartement, sa co-loc était catastrophée.
"Tu ne peux pas continuer, incompatibles au lit, incompatibles partout"

Nicolas lui textait sans arrêt. Elle n'arrivait pas à lui texter son dédain de sa personne. Elle devait au moins lui dire qu'on irait pas plus loin. Elle sentait le spleen de la nostalgie. La nostalgie du Nicolas qu'elle avait imaginé et qui n'avait jamais existé.

Sa co-loc en a eu assez de la voir procrastiner sur la situation, lui a arraché le téléphone des mains, a texté à Nicolas:
"Salut, je ne suis plus intéressée, cesse de me textr svp". Le "e" manqué, Ari reprenait son téléphone. Mais le message se rendait. Nicolas pris plus longtemps pour répondre cette fois:
"O.k. Ari, je suis désolé de lire ceci. J'espère ne pas avoir fait quelque chose qui t'ai contrariée. Tu es une fille très gentille et j'ai beaucoup aimé le temps passé avec toi. Laisse-moi savoir si tu changes d'avis XXX"

Ari se sentit presque coupable. Mais ce que sa co-loc avait texté était vrai.

Un mois plus tard, elle le revoyait dans un bar. Elle, entourée d'amis, lui, seul avec sa bière, dans un coin. Elle choisirait de l'éviter. Quand elle a quitté le bar, ses amis la cachait comme un service secret de gardes du corps auraient caché un président des États-Unis après une fusillade.

La fusillade s'en venait. Nicolas lui a ensuite texté:
"Salut Ari, je t'ai vue dans le bar ce soir. je sais que tu m'a dit de ne plus te texter, mais tu étais si belle, je ne pouvais m'en empêcher. J'espère que tu vas bien"

Ari ne répondra jamais. Traitement silencieux à "on".

"je sais que je ne devrais pas dire cela, mais tu me manques"

"Hey, je sais que je n'ai pas nécessairement le doit de te le demander, mais qu'ai-je fait de mal?"

"Droit*"

"Je croyais vraiment qu'on se rejoignait quelque part..."

"Peut-être aimais tu quelqu'un d'autre?"

"Le gars en ta compagnie ce soir, c'est ton chum?"

"...???..."

"ou ce n'est que le gars que tu baises?"

"désolé...je ne voulais pas dire ça"

"..."

"Le baise-tu en ce moment même?"

"Le baise tu?

"le baise tu?"

"LE BAISE TU?"

"RÉPONDS-MOI!"

"PUTE!"

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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)