lundi 17 avril 2017

Blonde & Idiote Bassesse Inoubliable*****************Monk's Dream de Thelonious Monk

Chaque mois, vers le milieu, je vous parle d'un album de musique tiré de ma collection.
Tiré de mon coeur.

Le titre de la chronique est inspiré de 4 albums qui sont dans mon ADN et dont les notes et les airs circulent dans mon sang.

Par ordre de création:
Blonde on Blonde de Bob Dylan
The Idiot d'Iggy Pop
Low de David Bowie
The Unforgettable Fire de U2

B.I.B.I. c'est moi. C'est aussi la terminaison du mot habibi qui, en dialecte irakien, veut dire "je t'aime".

Musique, je t'aime.

Je te désire et tu m'accompagne,
tu me guides et nous soigne.
Je te savoure et tu me fais voyager,
tu es bravoure dans un monde apeuré.

1984.

C'est par une pochette que m'est née la curiosité autour de Thelonious Monk. J'empruntais des disques (33 tours) au père d'un de mes amis habitant en face, par coup d'une vingtaine de disque par samedi. Je me faisais une éducation musicale de par la collection de cet homme qui achetait absolument tout, tous les mardis depuis qu'il était lui-même tout petit.
Il classait ses innombrables vinyles en ordre alphabétique. Je ne sais trop comment je faisais pour connaître d'avance certains groupes, internet étant alors inexistant. mais ma curiosité naturelle avait retenu son attention sur les Monkees. Afin de creuser davantage le peu que je connaissais d'eux, j'étais allé emprunter ce que ce généreux monsieur avait en sa possession Mais en feuilletant son impressionnante collection, je tombais sur la pochette de l'album Underground de Thelonious Monk.

Vinyle que je m'empressai alors aussi d'emprunter. Sous la seule foi de l'inspiration romantique du révolutionnaire dans son sous-sol que je savais aussi être à ce moment-là et qui se chantait pour lui-même la nuit:
First we take Manhattan, then we take Berlin.

Mais je n'explorerais (et aimerais) Monk, que vers le milieu des années 90.  Je découvrirais alors, mieux encore. Je découvrirais un fameux pianiste, improvisateur hors-pair, exceptionnel compositeur qui sera, au terme de sa carrière, le plus réenregistré après Duke Ellington. Il était reconnu pour ses costumes distincts, souvent de très soignés complets, presque toujours des chapeaux ou des bérets,  des lunettes de toute forme, souvent fumées et quelques fois, du tabac au bec.

1962

MONK'S DREAM de THELONIOUS MONK

L'époque est à Bob Dylan et aux Beatles. Bientôt les Rolling Stones seront aussi de la partie. Elvis n'est pas complètement ringard encore. Mais le jazz se porte aussi très bien depuis 1959.

Cette année formidable pour le jazz avait offert des trésors musicaux de Miles Davis, Dave Brubeck, Ornette Coleman, Jimmy Smith, Johnny Hodges & Duke Ellington, Milt Jackson et John Coltrane, Coltrane tout seul, Mingus, Pepper, Evans, Sun Ra, Silver, pour ne nommer que ceux-là. Billie Holiday était morte cette année-là aussi et il avait à la fois semblé à tous qu'une page importante avait été tournée, mais aussi qu'il y avait urgence à créer du nouveau son.

À cette époque, Monk vit dangereusement. Il loge chez la Baronne de Koenigswarter et c'est avec elle qu'il revient en voiture du Comedy Club de Baltimore où il avait joué pendant une semaine. La police du Delaware les arrête et veut leur poser quelques questions. Monk refuse systématiquement de répondre à quoi que ce soit, jugeant l'arrestation injustifiée. La police fouille alors leur voiture et y trouve des narcotiques dans une valise. Comme il ne veut pas du tout coopérer, la police le bat à coup de matraque. Il ne sera accusé de rien puisque la détention était illégale et les coups de matraques encore plus.  Mais il prend un bout de temps à se remettre de tout ça. Et négocie longtemps un nouveau contrat avec Columbia Records. Il était auparavant avec Riverside, avec lesquels il y eu de nombreux problèmes sur les droits d'auteurs qui lui étaient présumément dû. Le dernier album qu'il leur avait livré était un album en spectacle en 1959, mais il ne voulait plus faire affaire avec eux. Il les quittait avec une certaine acrimonie.

C'est toutefois dans le bonheur absolu qu'il entrait chez Columbia Records. Et ça se sent dans son doigté.
L'album est lancé en 1963.

Dès le premier morceau, la pièce titre, on sent que la réunion d'avec le saxophoniste des deux dernières années, Charlie Rouse, de son bassiste John Ore et de son batteur Frankie Dunlop est un mariage heureux. Plusieurs enthousiastes de jazz (et de Monk) trouveront que ce combo sera le meilleur du moine dans toute sa carrière. J'en suis.

Monk écrit beaucoup, mais il fait aussi de nouvelles versions de vieux morceaux. Ici, il reprend un morceau des années 40, qu'il fragmente là où les notes glissaient davantage à l'époque. Monk y pianote en solo. Musique de pluie.

Le troisième morceau est fort ensoleillé et fait jouer tout le monde dès le début. C'est facilement un de mes morceaux préférés avec une section rythmique si brillante que le jeu de Rouse peut se permettre une plus grande liberté. Les retraits et les retours de Monk au piano sont aussi fait avec une douceur magique.

Five-Spot Blues est magnifiquement coordonné entre les musiciens, ne se chevauchant jamais au détriment des autres. Le piano parfois guide,  cédant magnifiquement le passage sonore au sax, tout en laissant se glisser la basse et la batterie comme une rivière sonore de toute beauté. Ça clorait fameusement bien la Face A d'un 33 tours.

La Face B s'ouvrait avec un autre blues. Disney allait s'inspirer largement du morceau pour ses Dalmatiens.

La pièce suivante a été reprise des années 40 par beaucoup d'artiste. Village People, David Lee Roth entre autre, mais avant eux, Thelonious Monk. Seul au piano.

Bye-Ya a ce petite côté tribal avec son ouverture à la batterie. Le sax de Rouse fait ensuite glisser tout ça en simple musique d'hôtel et la saveur du swing est honorée de bout en bout sur cet agréable morceau. Bop til you drop! disait Molly.

L'album se clôt sur un morceau où la précision est de mise. Ça semble tout simple ces séries d'accords, mais c'est d'une mathématique parfaite. Il y a des ralentissements de rythme de la part de Ore et de Dunlop assez fameux. Les deux mains de Monk suivent aussi des rythmes différents, ce qui rend son jeu tout simplement extraordinaire.

Pour amateurs de quatuor jazz. de virtuoses. de saxophone, de bop, bebop, de jours de pluie, d'hôtel avec partenaire savoureux, de chimies de toute sorte, mais surtout de chimie entre musiciens.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire

Certaines Conditions S'Appliquent:

Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)