dimanche 22 mai 2016

TVALand

J'avais comme mission de me rendre dans la boîte TVA, rue Maisonneuve Est, et de débrancher le grand ordinateur central du confort général. Je suis agent 007, j'ai donc un permis de tuer. Je suis à la fois espion et détective privé.

Je suis Gilles-Patrick Tourniquet. Agent Québécois de Bonne Conscience. (GPTAQBC).

Je ne m'étais pas présenté sous mon vrai nom. Je me suis présenté sous le nom d'Edmond Rostand, un nom qu'assurément personne ne connaissait dans la boîte. Je suis entré dans la boîte comme technicien de zone grise, couleur de la nuance, couleur aussi inconnue de l'endroit.

Une charmante demoiselle, la boîte en était pleine, Marie-Muguet Moisi, m'a accueilli.

"Bonjour Monsieur Rostand, nous vous attendions pour une petite dose de gris dans notre section sports. Suivez-moi. Vous avez chaud?"

Je transpirais, je ne croyais pas que cela se voyait. J'excusai la chose d'un geste sur mon front ruisselant. Mais cette chaleur lui avait fait porter une petite robe d'été à elle. Et j'ai toujours aimé les femmes. Le beurre, les vins du dimanche 16h et les belles femmes construisent mon bonheur. Et Marie-Muguet évoquait à elle seule, les trois ferveurs.

Il fallait localiser l'ordinateur du confort général.

"Vous êtes familier avec la boîte M.Rostand?"

"Je sais qu'elle aime rassurer"

"N'est-ce pas ce que nous recherchons tous, M.Rostand, être rassuré?"

"Il faut avancer pour vivre. Être déstabilisé nous force à rester vigilant, éveillé. Le confort suggère de s'asseoir, et de s'endormir"

"Vous dormez bien M.Rostand?"

"Peu et pas vraiment bien"

"C'est probablement que vous n'êtes pas assez rassuré en général"

Marie-Muguet et moi arrivèrent près d'un corridor où le slogan de la boîte était engravé dans les murs. "Rigueur, Rigueur, Rigueur". Toutefois, on avait fait une faute dans le troisième "rigueur" que l'on avait épelé rigeur. Trois fois le même mot et on avait réussi à se tromper sur le troisième. Fallait le faire. C'est ce qui distinguait cette boîte. Sa capacité à mettre des choses devant, tout en dévoilant toute la faiblesse qui se cachait derrière.

"Vous travaillez ici depuis longtemps madame Moisi?"

"Depuis 13 ans. J'ai débuté comme miss météo car je suis jolie, puis j'ai eu envie de faire un album de musique, aussi parce que je suis jolie"

"Parce que vous êtes jolie?"

"Quand on est jolie, où que l'on se convainc de la chose, on s'habitue très tôt à vouloir être aimé ou désiré. Chanter offre une adulation facile. La facilité est une spécialité de la boîte."

"Et ensuite vous êtes devenue guide?"

"Il n'y a aucun guide dans cette boîte M.Rostand, seulement des brasseurs de vagues. Ensuite, pour rembourser l'enregistrement de mon album, j'ai co-animé un show d'été insipide et par la suite un show de cuisine si ennuyeux que ce sont les techniciens qui ont refusé de se présenter sur le plateau avant la fin de la première saison, le show a dû être annulé. Ce fût difficile car nous sommes formés à vouloir être aimé ici, vous savez"

"Le peuple ne suivait probablement pas de toute manière, n'est-ce pas?, le confort ne s'y trouvait pas"

"Notre public est un produit mouton. il est très malléable"

"Un produit mouton?"

"...Un produit en mutation...j'ai dit un produit en mutation"

"Vous avez dit mouton"

"Non, j'ai dis mutation"

"Relisez plus haut! c'est écrit quelque part, tout est enregistré de nos jours, vous avez dit mouton!"

"Haha! Je n'ai rien d'une bergère M.Rostand, et nous sommes dans une boîte bien pauvre pour les archives, ne comptez pas sur des références des temps ultérieurs, ici."

Nous avons croisé une autre jolie jeune femme. Elle ne nous as pas été présentée celle-là. C'était une nouvelle. Après l'avoir croisée, je l'ai regardé à nouveau. Elle s'était retournée, elle aussi. on s'est remarqués mutuellement. Vus. Je la retiendrais.

"Qui étais cette femme?"

"Je ne sais pas, une nouvelle"

Je serais premier sur la nouvelle.

"C'est bien l'étage du grand confort général , n'est-ce pas?"

"Tout à fait M.Rostand, mais vous n'avez pas besoin de ces portes, l'endroit qui nous intéresse c'est la section sports en face, une section qui n'a jamais connue le gris"

J'avais bien vu les portes brunes cachant le grand ordinateur du confort général. Là où je prétendais me rendre pour faire ma fausse tâche était tout juste en face, quelle chance!. Marie-Muguet et moi entrèrent dans une pièce qui ressemblait à un salon. Avec un divan, une petite table, une chandelle. Rien pour rappeler le sport, zone où je devais inculquer du gris. Tout pour rappeler un salon où on trouverait le confort.
Pour me débarrasser de Marie-Muguet je dis soudainement:
"je suis certain que vous n'êtes pas capable de faire du twerk la tête à l'envers contre cette porte"

Je ne savais pas encore à quoi je voulais en venir mais je trouverais. Je trouve toujours dans l'improvisation. Marie-Muguet voulait être aimée et releva aussitôt le défi. Alors que Marie-Muguet relevait le défi, une autre jeune femme entra au moment où M-M twerkais sur ses mains. Ce geste d'ouverture de porte projeta Marie-Muguet au sol et elle s'écrasa sur la petite table, puis Moisi prit en feu. La nouvelle venue, paniquée couru dans le petit espace comme une poule sans tête (y a plein dans la boîte) afin que de l'eau tombe du ciel. Je profitai de la confusion pour traverser le corridor et me rendre au grand ordinateur du confort général que je débranchai de partout.

J'en profitai pour y ajouter un agent de risque élevé et neuf doses d'audace. Puis un dictionnaire pour que ces gens comprennent les mots et sachent les épeler.

Ceci servira de leçon à tous ceux et celles qui veulent un monde en pantoufles. Ils ne seront pas morts, ils ne le méritent pas, mais ils guériront. Ils penseront hors de la boîte de temps à autre. J'ai aussi mis le feu au dossier Céline une fois pour toute.

Sur le chemin de la sortie, pour me débarrasser de deux dames qui menaçaient mon plan d'évacuation, j'activai un grand escalier roulant électrique. Puis, je recroisai la nouvelle croisée plus tôt. la pris en otage et l'amenai avec moi.

"Qu'allez vous faire de moi?" dit-elle
"Vous aimez le beurre?"
"Je ne sais pas, on sait peu, ici"
"Je vous prends avec moi parce que je vous trouve jolie, pour la tendresse aussi"
"Je ne comprends pas ce que vous faites"
"L'amour offre au coeur de ne parler que d'une seule bouche"
Elle sembla attendrie par cette mélasse. Elle était aussi formée pour vouloir être aimée.
"C'est beau ce que vous dites"

Je suis l'agent GPTAQBC.

Et j'ai bien travaillé.

J'ai bien dormi cette nuit-là. La conscience en paix.

Dans un confort renouvelé. Personnel.

Dans de beaux draps. Avec elle.

Premier sur la nouvelle.

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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)