dimanche 13 septembre 2009

Comment merder un dimanche


"Tu me réponds pas" m'a dit l'amoureuse.

"J'essaie juste d'envisager quelle forme de refus de coopérer je vais te répondre"

C'est que je sais comment occuper mes dimanches moi. J'étais dans la verrière à lire mon livre au soleil sous les mélodies de The Who un frais Vodkice popper naviguant de ma main à ma bouche.

"Oui mais il faut émonder la haie et les arbres depuis longtemps, ça pend chez le voisin!"

L'amoureuse ne comprend rien aux dimanches.

"T'as pas le deuxième tome de Millénium à finir toi?" ai-je lancé en vain.

Dix minutes plus tard j'étais dans un escabot à me faire chier à tailler la haie. L'été n'a pas été si pire. Il a été très beau même. Parce que pas trop de travaux sur le terrain. Mais une journéée comme aujourd'hui fait oublier tout le reste.

Me suis franchement fait chier j'ai tellement émondé que je me suis senti dans la peau d'un coiffeur. À la fin je parlais du nouveau look de Geneviève Borne avec un accent efféminé.

Chaque fois que j'avais l'air innocupé je faisais comme à la petite école et faisais semblant que je rochais sur quelque chose de compliqué. Ça ne marchais pas toujours. Quand j'ai fixé la tondeuse pendant une demie-heure sans même tenter de gosser dessus comme si elle était mal en point j'ai manqué un peu de stratégie. L'amoureuse a tout de suite découvert mon subterfuge.

"Ouin la piscine commence à être verte faudrais juste passer une petite brosse"

Je me suis mis à chanter The Who comme un demeuré. Ça, ça marchais, la belle me regardais comme on regarde une verrue.

"...Mets ton Ipod dans tes oreilles si c'est pour nous empêcher de souffrir ainsi s.v.p..."

En taillant ma haie je voyais le voisin qui souriait de ses 89 dents blanches couché dans son hamac, un daiquiri à la main et un roman d'esponniage dans l'autre. Il semblait dire des yeux "Aller le jeune, souffre, je suis passé par là!".

Lui, pour se débarasser de tout ça il a, il y a 20 ans, choisi de saboter une besogne commandée par sa femme. Mais la sbaoter big time. Sa femme lui avait aussi demander d'émonder un arbre sur le terrain devant. Elle avait simplement dit "Tu vas t'occuper de l'arbre en avant hein?" sans plus de précision et avait quiité les lieux pour partir travailler. Il en avait profité pour le chopper complètement. Un arbre centennaire, Flouch!
tchop tchop, timbeeeeeeeeeeeer.

Quand sa femme est revenue elle a fait une crise d'apoplexie face au trou devant le terrain.

Un sabotage volontaire pour que sa femme, qui ne demandait pas un meurtre juste un léger "trim", ne lui demande plus jamais rien.

Ça a fonctionné le gars est encore plus vache que moi sur son terrain. Toujours dans son hamac. Je passe même pour un zélé du terrain à ses côtés. Il m'a demandé un jour de ne pas passer ma tondeuse trop rapidement afin de ne pas l'obliger à faire de même (nos devants de terrains sont communs).

C'est dire à quel point il est paresseux.

En torchant la piscine je me suis mis à rêver. Avant de réaliser que je pourrais moi aussi saboter sauvagement une tâche exigée par la belle et ne plus jamais avoir à me badrer de ses sales besognes de banlieusards.

J'ai donc pris le petit arbuste du côté de la maison, celui avec les belles fleurs jaunes et je l'ai complètement déraciné. À grands coups de pelle et de "tabarnak que c'est pas la manière d'occuper un dimanche ça!!!!".

J'ai regarder le beau gâchis en trouvant presque que ça faisait plus beau comme ça. Plus aéré en tout cas.

Quand la belle est passée, elle a fait des grands yeux. Comme quand on ouvre une couche de bébé et qu'on découvre une motte de Nutella. J'ai pris la face du travailleur de la construction des annonces de bières des annés 80. La barbe de deux jours en prime.

La belle a laissé passé un temps puis elle a dit:
"Tsé tu me disais cette semaine que ta plus belle qualité c'était le flair..."

"Fallait bien que j'en choisisse une parmi les milliers qui composent ma personne"

"Ben t'as raison j'y avais pas pensé mais sans cet arbuste, c'est pas mal plus beau sur le côté de la maison, ramasse ça pour que ça fasse moins cochon par exemple."

Bout de cigare de bout de cigare...sabotage remis.

Me coucherai plus tard afin d'exorciser tout ça et récupérer ses heures perdues.

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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)